Top albums 2022
10. Wet Leg ― Wet Leg
Indie rock
En fin de compte, ce n’est pas la faute de Wet Leg si la presse musicale spécialisée est sans cesse à la recherche d’une nouvelle saveur du mois. Comme c’est souvent le cas, ce buzz exagéré ne rend pas service à l’artiste. Pendant que des publications comme le NME s’empressent d’encenser Wet Leg comme un classique instantané, d’autres vont lever le nez sur l’album en décriant la hype parce que c’est la posture cool à prendre dans les circonstances. C’est plate à dire, mais la vérité se situe entre les deux : pas le chef-d’œuvre annoncé, mais un album super efficace quand même.
– Bruno Coulombe
9. Soul Glo ― Diaspora Problems
Punk, hardcore
Mais ce qui différencie Soul Glo de ses semblables, c’est sans contredit la performance littéraire et vocale de Pierce Jordan. Hargneux, faisant preuve d’inventivité — le « growl » ténébreux en conclusion de Fucked Up In Time est un exemple parmi tant d’autres — Jordan s’époumone et s’en prend sans ménagement à tous ces bien-pensants libéraux qui, du haut de leur perchoir politique, verbalisent une empathie forcée à l’endroit de toutes ces groupes marginalisés, sans jamais réellement changer les choses.
– Stéphane Deslauriers
8. Jockstrap ― I Love You Jennifer B
Expérimental pop
Jockstrap présente vraiment un petit bijou avec I Love You Jennifer B. Si vous aimez la musique qui refuse les cadres convenus, vous trouverez chez le duo anglais une liberté magnifique et séduisante. Malgré la folie, les mélodies vocales sont efficaces, les instrumentations intelligentes, mais accessibles et surtout, la proposition complète est franchement intéressante.
– LP Labrèche
7. Backxwash ― HIS HAPPINESS SHALL COME FIRST EVEN THOUGH WE ARE SUFFERING
Hip-Hop, rap, métal, industriel
Maintenant que le plus gros de la souffrance a été mis en mots et musique, la question qui reste est : où aller maintenant ? Quel sera le prochain chapitre? Comment le projet va-t-il évoluer? Si toutes ces questions sont envoyées dans les airs avec His Happiness, l’album conclut bien cette trilogie coup de poing qui aura tracé une ligne dans le sable pour l’horrorcore.
– LP Labrèche
6. Angel Olsen ― Big Time
Folk indie-rock
Angel Olsen est une autrice-compositrice-interprète d’exception et elle le prouve de nouveau sur Big Time, sur lequel on entend des échos de Dylan, de Carole King, des Ronettes, et d’autres. Certains des morceaux ici auraient le potentiel de trouver leur place dans le Grand répertoire américain de la chanson (puissante Go Home avec des arrangements qui évoquent le style Tin Pan Alley ou les films hollywoodiens). Un des disques majeurs cette année dans la mouvance indie folk rock.
– Bruno Coulombe
5. Lydia Kepinski ― Depuis
Indie-pop franco
Même s’il est de facture plus lisse, Depuis est un objet un peu difficile à saisir parce qu’il joue sur plusieurs tableaux. Au fil des onze chansons, on passe de l’ironie (MTL me déteste) à l’exaltation (Deux jours) à la solitude (puissante Arbol) à l’ivresse de la tournée (Vacances-travail). Oui, ça donne parfois des excès, mais au final, c’est cette multitude qui fait l’unicité de Lydia Képinski. Qu’elle arrive à créer un univers aussi poétique et dramatique dans un contexte pop relève de l’exploit.
– Bruno Coulombe
4. The Smile ― A Light For Attracting Attention
Électro-rock
Alors voilà, A Light For Attracting Attention de The Smile est le meilleur long format conçu par l’une des composantes de Radiohead depuis… In Rainbows ! Nuancé, émouvant et juste assez complexe, on retrouve tous les éléments sonores qui ont canonisé Radiohead, mais avec une poussée d’inspiration compositionnelle qu’on n’attendait plus.
– Stéphane Deslauriers
3. Les Louanges — Crash
Pop, R&B, soul, franco
Encore une fois, Vincent Roberge présente l’étendue de son talent avec Crash. Un album audacieux qui joue sur des sonorités de R&B contemporain avec une force de frappe que seule la pop possède. Les Louanges réussit à faire le pont entre les genres pour créer ses sonorités rassembleuses, mais pas paresseuses.
– LP Labrèche
2. Kendrick Lamar ― Mr. Morale & The Big Steppers
Rap
Kendrick Lamar continue de faire des œuvres monumentales. Il n’y a pas d’autres moyens de parler de Mr. Morale & the Big Steppers; un album riche qui réussit à encapsuler de nombreuses tensions sociales qui flottent dans l’air ces dernières années. Tout le monde en prend pour son rhume, autant ceux qui refusent de changer et de modifier leur comportement lorsqu’il blesse autrui que ceux qui font la morale alors qu’ils sont loin d’être blancs comme neige. La complexité des textes, l’excellence des trames et la livraison impeccable de Kendrick Lamar font de ce disque un incontournable.
– LP Labrèche
1. Big Thief ― Dragon New Warm Mountain I Believe in You
Folk rock indie
C’est cette diversité et cette richesse qui font de ce cinquième album de Big Thief un véritable trésor. On y parle d’amour brisé, de quête d’identité, de solitude, mais il y a également de la légèreté et de l’humour, jusque dans les élans country western. Il y a aussi de la place pour le risque et l’expérimentation sonore, même si le groupe new-yorkais ne perd jamais de vue ce qui fait sa particularité sur la scène indie. C’est un classique en devenir, un genre de Blonde on Blonde de notre époque.
– Bruno Coulombe