Critiques

Les Louanges

Crash

  • Bonsound
  • 2022
  • 43 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Et si demain j’ai encore la gueule à terre, t’inquiète, le ciel va finir par se dégager.

Crash

Vincent Roberge, alias Les Louanges, rapplique un peu plus de trois ans après la sortie de La nuit est une panthère qui a propulsé l’auteur-compositeur-interprète au-devant de la scène émergente. Avec celui-ci, le talent brut qu’il avait démontré sur les EP précédents et au cours des Francouvertes s’est montré sous un jour nouveau. Plus poli (dans le sens de travaillé et non gentil), avec des arrangements de grande qualité et avec une plus grande place donnée au R&B, Les Louanges a frappé un coup de circuit.

Avec ce succès est venu les longues tournées estivales, les aller-retour en Europe, les entrevues, les émissions de variétés, les flagorneurs qui souhaitent à tout prix un selfie ou une soirée passée en ta compagnie pour faire de toi un trésor de chasse, une tête de lion contemporaine qu’on peut flasher à ses amis autour d’un verre pour se donner l’illusion que notre vie n’est pas vaine. Ce tourbillon, il se retrouve dans les textes et dans la musique de Crash. On retrouve Les Louanges qui observe les amitiés, les amours décevants, le succès et la folie que le tout inspire.

Oui peut-être, j’ai la tristesse facile
Mais au moins, j’ai la conscience tranquille
Fait tout ce que je pouvais
Toi tu pouvais pas, t’as pas fait exprès

Facile

Les Louanges n’a rien perdu de son talent pour écrire des rimes intelligentes qui transposent ses émotions sans tomber dans la facilité. On le remarque sur la mélancolique Dernière qui clôt l’album avec sa facture épurée où la voix honnête de Roberge nous invite dans son intimité. Sa plume est contemporaine glissant des anglicismes bien utilisés ici et là comme c’est le cas sur Pigeons.

J’enverrai une carte ou bien j’enverrai des pigeons
S’il est trop tard, ben ça me servira de leçon
Ah non, ah non, ah bon, too late pour les pardons
Je resterai le fantôme

Pigeons

Sur Crash, on retrouve autant la folie que les conséquences. Qu’est-ce que tu me fais plonge dans l’ivresse du désir et des flammes du début d’une histoire d’amour. Outre le texte, le gros beat qui soutient le tout est d’une efficacité irréprochable refusant les lieux communs. La fatigue de la tournée se pointe le bout du nez sur Chérie et son refrain ultra-efficace. On y retrouve aussi des chœurs qui accompagnent la voix de Roberge et qui donnent une belle touche de soul à la pièce.

Musicalement, Les Louanges refuse le surplace et continue d’explorer. Il a fait de nouveau confiance à ses acolytes de tournée et surtout à Félix Petit qui avait co-réalisé La nuit est une panthère. Il est de retour avec le talentueux batteur William Côté (Misc, Bellflower) et Gabriel Godbout-Castonguay qui fait aller sa magie sur les claviers (Yokofeu). Pierre-David Girard, Marie-Christine Despetre et Dawn Cumberbatch complètent la solide brigade dernière Crash. Parmi les meilleurs coups, on retrouve la surprenante Cruze qui emprunte à l’industriel avec son drummachine qui martèle un rythme puissant. Chaussée, pour sa part, est une brillante pièce pop comme il s’en fait peu. Chaperon aussi est d’une efficacité redoutable alors que la chanson-titre qui compte sur l’apport de Corneille frappe dans le mille avec une touche d’optimisme. Comme quoi, tout n’est pas que mélancolie avec Les Louanges.

Encore une fois, Vincent Roberge présente l’étendue de son talent avec Crash. Un album audacieux qui joue sur des sonorités de R&B contemporain avec une force de frappe que seule la pop possède. Les Louanges réussit à faire le pont entre les genres pour créer ses sonorités rassembleuses, mais pas paresseuses.