Concerts

Le Festif! de Baie St-Paul 2023 | Klô Pelgag, Backxwash, Gawbé, Jean-Michel Blais, TOPS, L’éclair, Amyl & the Sniffers, Cartel Madras et Sensei H.

C’est pas très orthodoxe. Je mélange les soirées de vendredi et de samedi, mais voyez-vous on a déjà couvert Bleu Jeans Bleu et Les Trois Accords, il y a une semaine et c’était tout aussi bon hier soir. Même son de cloche pour Les Vulgaires Machins que j’avais déjà vu deux fois cet été et qui donnait encore et toujours un excellent concert.

J’ai quand même attrapé deux ou trois chansons des Trois Accords qui par miracle on joué Hawaïenne dans les premières minutes de leur concert, ce qui m’a renvoyé directement vers la grande salle du Cégep de St-Laurent à un moment où on devenait petit à petit des adultes à travers une suite d’expériences et d’erreurs. Je me suis mis rapidement à chanter à tue-tête et ma blonde a été assez fine pour faire semblant que ça ne la dérangeait pas. Si ça, c’est pas de l’amour… Bref, tout ça pour dire que je suis vraiment bien tombé pour les 3 ou 4 chansons des Trois Accords que j’ai vu hier. Mais revenons un peu en arrière, parce que ma soirée a débuté le cul assis sur l’asphalte de la rue St-Jean-Baptiste pour un concert-surprise de Klô Pelgag.

Crédit : Caroline Perron

Retour aux sources

Il y a quelque chose de spécial de voir Klô Pelgag reprendre ses chansons en version presque nue, où les artifices des arrangements sont évacués. Elle a commencé le tout en nous avouant que pendant son soundcheck, un passant lui a donné 20 dollars en lui disant : gâte-toé. Elle trouvait ça dommage puisqu’elle était déjà payée pour y être, mais un bon signe tout de même. La rue était pleine à craquer, des festivaliers étaient même montés sur les toitures des commerces pour avoir la chance de bien regarder Klô Pelgag qui a lancé le tout avec Au bonheur d’Édelweiss tiré de l’Étoile thoracique. Elle a enchaîné en se promenant à travers son répertoire. Elle a joué La neige tombe sans se faire mal de L’alchimie des monstres, Mélamine et la Maison jaune de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, le Sexe des étoiles de L’Étoile thoracique et Trente de Karim Oullet. Une très belle manière de donner le ton à la soirée.

Crédit : Ludovic Gauthier

Backxwash

Toujours aussi imposante Backxwash est montée sur scène du garage du curé alors que la noirceur était bien installée. J’ai assisté à un peu plus que la moitié du concert pendant lequel elle a catapulté des pièces de ses albums, notamment I LIE HERE BURIED WITH MY RINGS AND MY DRESSES de l’album du même nom. Elle a aussi joué l’excellent DEVIL IN A MOSPHIT et quelques autres pièces alternant entre les différents albums. Bien qu’elle nous avoue être malade, elle ne semblait pas manquer de souffle lorsqu’il était temps de livrer ses lignes avec l’aplomb qu’on lui connaît. C’était bien bon.

Crédit : Samuel Gaudreault

Gawbé

On va traverser la nuit bien rapidement pour se retrouver sur le Quai de Baie St-Paul pour le concert de Gawbé qui officiait en début de journée juste avant Jean-Michel Blais. L’autrice-compositrice-interprète de Québec a principalement misé sur les pièces de son EP ciseau zigzag paru dernièrement. Je ne sais pas si c’est la nervosité ou simplement le fait qu’il était si tôt, mais sa voix était chambranlante pendant la première moitiée de son concert. Elle a misé sur les pièces qui bougent un peu plus en fin de concert alors qu’elle a jouée l’efficace Dans mes dents. Une belle manière de commencer la journée.

Crédit : Samuel Gaudreault

Jean-Michel Blais

Depuis que je suis arrivé juste à temps pour sa dernière pièce sur la Place des Festivals pendant le FIJM, j’attends le moment où je pourrai voir tout le concert du pianiste de Montréal. Jean-Michel Blais a le don pour installer une atmosphère. Alors que c’était bruyant et agité dans foule pendant Gawbé, tous se sont tus pour écouter le pianiste et ses trois acolytes (Lorraine Gauthier-Giroux au violoncelle, Benjamin Deschamps à la clarinette, la clarinette basse, la flûte traversière et le saxophone soprano ainsi que Naida Monczak au violon) nous jouer principalement des pièces d’aubades paru l’an dernier. Il a aussi interprété Outsiders de Dans ma main. C’était magistral en toute franchise. J’ai pleuré, souri, eu des grandes envies de tendresse, perdu parfois mon regard dans la baie et l’eau avec son infini grandeur au loin ou encore sur les collines qui bordent le littoral. Et entre tout ça, il y a Jean-Michel Blais qui est rendu très adroit dans ses interventions entre les chansons qui nous faisait rire en nous explique qu’aubade sans s est une compagnie de lingerie fine française et que ça aurait été compliqué pour lui de ne pas ajouter le s dans le titre de l’album pour cette raison.

TOPS

Ça faisait un bail que je voulais voir le combo montréalais et j’étais bien content que ça se passe au Festif! de Baie St-Paul. Pendant la présentation, j’ai aussi compris pourquoi dernièrement les spectacles se font rares à Montréal. Les membres de TOPS ont déménagé aux quatre coins du globe et ça demande une certaine coordination pour se retrouver au même endroit. La formation a principalement joué des chansons de son album I Feel Alive paru en 2020 et l’EP Empty Seats paru en 2022. Sur Witching Hour, la première harmonie vocale a été un peu difficile, mais la formation s’est bien reprise pour la suite des choses. C’était particulièrement réussi sur Janet Planet et Perfected Steps. J’ai dû quitter avant la fin, m’en voulant de manquer la chanson-titre de leur album de 2020.

Crédit : Ludovic Gauthier

L’éclair

La formation suisse a proposé son mélange de krautrock, de rock psychédélique et de funk en début de soirée samedi. À prime abord, c’est plutôt convaincant L’Éclair avec ses salves groovy qui incorpore une panoplie de sonorités diverses. On retrouve parfois des sons qui viennent de l’orient tout comme on est bien ancré dans une tradition rock occidentale. En plus de passer à travers son répertoire, la formation en a profité pour nous présenter une nouvelle pièce pendant son set animé. La section rythmique de la formation est particulièrement impressionnante; le bassiste Elie Ghersinu et le batteur Yavor Lilov ne lésinent pas sur les temps et offrent de beaux moments plutôt inventifs et captivants. Ça demeure que dans l’ensemble, la proposition est un peu trop uniforme à mon goût. Ça manque de variété dans les approches, mais peut-être que c’est seulement dû au choix qui a été fait pour le concert d’hier soir.

Crédit : Jay Kearney

Amyl & the Sniffers

C’est la formation australienne Amyl & the Sniffers qui était le clou du spectacle de ce samedi de Festif! Le groupe mené par l’énergique Amy Taylor a le vent dans les voiles et c’était une grosse prise pour le festival. Amyl & the Sniffers n’a pas déçu en envoyant les Starfire 500, Guided By Angels, Security et autres bons tubes de sa discographie. Amy Taylor a agrémenté le tout de nombreux pas de danse punk alors que le groupe se concentrait sur livrer les chansons agressives et implacables. Un bon concert de punk assez dans ta face et sans fioriture.

Cartel Madras

Ça fait un bout de temps que je suis le duo de Calgary et j’avais bien hâte de les voir en show. En arrivant vingt minutes après le début, j’avais peur d’avoir manqué quelques bonnes tounes, mais non… c’était toujours le DJ qui mettait des pièces pour réchauffer la foule qui débordait de la scène du Garage du curé. Après quelques minutes, Cartel Madras est arrivé en lançant le tout avec Dawood Ibarhim (Woof Woof) tiré de l’EP Age of the Goonda sorti en 2019. Leur livraison est impeccable sur scène et elles sont agiles dans leur débit. Par contre, les interventions entre les chansons étaient un peu moins bien réussies. Sans être mal intentionné, la bonne vieille indifférence canadienne-anglaise des québécois teintait chaque parole. « Savez-vous dire hey? » ce dûr mot de trois lettres qui est dit à peu près partout à travers le monde et des « French people rise up! » Disons que le tout manquait de réelle connection, mais j’imagine que la prochaine fois, elles vont nous connaître un petit peu plus.

En classique show de trap, la plupart des premières chansons se terminaient avec un bruit de fusil qui tirait, mais rapidement ça été abandonné à mon grand plaisir. La paire a livré adroitement Drift, Working, Pork & Leek et quelques autres chansons tirées de leur répertoire. Ça valait le détour.

Crédit : Samuel Gaudreault

Sensei H

La rappeuse de Québec Sensei H a offert une solide performance à la Scène Hydro-Québec en début de soirée rap. Elle était entourée d’un groupe complet ce qui ajoutait à la dimension sonore de la prestation et dans le groupe on retrouvait Mathieu Bérubé qui est nouvellement citoyen de Québec. Sensei H laissait parfois ressortir son accent marseillais dans les interventions avec le public. En plus de pièces de son répertoire qui commence à être bien garni, Sensei H a présenté Elmo, la première pièce qui a été composée en groupe. J’ai été impressionné par la qualité de sa livraison, les textes poétiques et sa présence franchement convaincante sur scène. À sa place, je m’inscrirais aux Francouvertes et à Granby. Je dis ça, je dis rien.

Voilà qui fait le tour de ce Festif! qui était pas mal divertissant. Mes coups de cœur? Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, DakhaBrakha, le concert de Klô Pelgag en pleine rue et Sensei H. C’est un gros travail que l’organisation a fait encore une fois, surtout quand on pense qu’il n’y a pas trois mois, des inondations frappaient la ville. Avec mes yeux d’étrangers, je n’ai pas vu les marques des événements récents, même si je me doute que les résidents, eux, les voient. Une chose est sûre, c’est beau de voir Baie St-Paul devenir entièrement musique pendant quelques jours. Et la formule trois jours et demi plutôt que quatre fonctionne bien aussi. De toute façon, la principale force du festival est la qualité de sa programmation. À l’année prochaine!

Crédit photo: Couverture : Caroline Perron

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