Critiques

Leif Erikson

Leif Erikson

  • Arts & Crafts
  • 2017
  • 33 minutes
6

Leif Erikson : nom d’un explorateur viking, fils d’Erik le Rouge, né en Islande vers l’an 970 et qui aurait, selon une légende, découvert l’Amérique près de 500 ans avant Christophe-Colomb… C’est aussi le nom d’un nouveau groupe britannique qui vient de lancer un tout premier album d’indie-rock inspiré, mais sans être révolutionnaire. Ne cherchez pas le rapport entre les deux, il n’y en a pas vraiment…

On pourrait croire que le nom de la formation se veut une évocation de son désir de défricher de nouveaux territoires musicaux. Sauf que Leif Erikson n’invente rien, se positionnant plutôt dans une drôle de mouvance qu’on pourrait qualifier d’indie-rock « classique », de la même manière que l’on qualifie de rock « classique » tout ce qui s’inscrit dans le sillon des grands groupes des années 60 et 70, des Rolling Stones à Led Zeppelin en passant par Fleetwood Mac, Rush et bien d’autres.

Il suffit de lire des entrevues dans lesquelles le groupe parle de ses influences pour comprendre que sa musique se veut un peu un condensé de la bibliothèque musicale de ses membres. Neil Young, Jeff Buckley, Nirvana, Deerhunter, Kurt Vile, sans oublier Led Zep ou Jimi Hendrix, voilà quelques-uns des noms évoqués par le chanteur-guitariste Sam Johnston pour décrire le son de Leif Erikson. Dans son ouvrage Retromania : Pop Culture’s Addiction to Its Own Past, paru en 2011, Simon Reynolds a décrit cette tendance dans le rock d’aujourd’hui à continuellement se référer au passé, décrivant le phénomène par lequel un artiste « se construit une identité par ses goûts et une sélection consciente de ses influences ».

Ce n’est pas toujours négatif. The War On Drugs a poussé la chose à sa perfection, avec sa manière d’invoquer Bruce Springsteen, Tom Petty ou encore Dire Straits tout en enveloppant sa musique d’un je-ne-sais-quoi qui lui donne une identité propre et une qualité intemporelle. C’est moins évident dans le cas de Leif Erikson, même si le quintette londonien propose un mélange assez hétéroclite d’influences qui renvoie autant à la puissance mélodique d’un Fleetwood Mac qu’aux rythmiques vaporeuses, mais quand même entraînantes d’un groupe shoegaze comme Ride.

Ce qui surprend, c’est à quel point le groupe sonne « américain », avec ses guitares scintillantes qui occupent le haut du pavé et un côté road-trip pleinement assumée qui rappelle Wilco, en plus conventionnel. Ça donne des moments intéressants, comme sur Green Leaves, sorte de complainte blues sur laquelle on se surprend à suivre les contretemps en hochant du bonnet avec joie. Même chose sur Get Free, qui évoque un peu Kurt Vile jusqu’à cette finale aérienne qui donne les frissons.

Mais ça sonne quand même relativement générique, quoique parfaitement exécuté. On entend parfois The Antlers dans les passages plus doux, ou encore Other Lives dans la voix éthérée. Bref, une sorte de syndrome un peu à la Local Natives qui nous fait dire : « oui, c’est bon, mais ça ressemble à plein d’affaires… »

S’il faut en croire certaines publications spécialisées sur Internet, il y aurait comme un buzz en ce moment autour de ce groupe révélé pour la première fois en 2016 avec la sortie d’un premier extrait, Looking For Signs. Puis, le site The Line of Best Fit a décrit la chanson Real Stuff comme « un classique instantané ». Personnellement, je reste perplexe devant un tel engouement. Mais les gars de Leif Erikson demeurent tout jeunes et la suite risque de s’avérer plus intéressante…

MA NOTE: 6/10

Leif Erikson
Leif Erikson
Arts & Crafts
33 minutes

https://www.facebook.com/leiferiksonband

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