Critiques

The War On Drugs

A Deeper Understanding

  • Atlantic Records
  • 2017
  • 66 minutes
8
Le meilleur de lca

On aime ou on déteste la musique de The War On Drugs. Ce groupe polarise, car il tire ses influences d’un « classic rock » à la Springsteen, Dire Straits, Fleetwood Mac, Tom Petty & The Heartbreakers, etc. Une époque révolue, morte et enterrée, pour bien des mélomanes jeunes et moins jeunes. D’autres, comme moi, respectent grandement le travail de la formation, car en plus de garder la flamme bien vivante de ce rock anachronique, le sextuor réussit subtilement à le moderniser en y ajoutant un quelque chose d’indéfinissable tirant ses origines des balbutiements du shoegaze.

En 2014, The War On Drugs est passé à la vitesse supérieure avec la sortie du magnifique Lost In The Dream; une chevauchée dans un monde aussi contemplatif que douloureux, celui du torturé Adam Granduciel. Pour son 4e album studio, le meneur a changé le mal de place en déménageant ses pénates – et ses acolytes – momentanément à Los Angeles. Fort de sa signature avec la maison de disques mastodonte, Atlantic Records (pour ne pas la nommer), le groupe revient avec A Deeper Understanding.

Un disque inspiré par le vieillissement du corps et de l’esprit, celui qui réconcilie avec le passé, celui qui apaise et efface les regrets… Même si Granduciel n’a pas résolu tous les tourments intérieurs qui l’assaillent – ce spleen perpétuel – l’homme tente de garder la tête hors de l’eau et nous propose une création émouvante et, malgré tout, remplie d’espoir.

Même si les mélodies vocales sont prévisibles, même si les changements d’accords semblent répétitifs et même si les atmosphères sont similaires d’une pièce à l’autre, il y a une force indicible qui prend aux tripes; une sincérité désarmante qui fend le cœur. Le dernier disque à m’avoir autant ému était A Rush Of Blood To The Head quand Coldplay faisait encore de la musique. À bien y penser, A Deeper Understanding fait partie de la même famille que la référence mentionnée et pourrait catapulter le groupe à un niveau de popularité inégalée.

Dans la vie, il y a la tête et il y a le cœur. Il y a aussi l’âme… pour ceux qui y croient. Et chez The War On Drugs, c’est le cœur et l’âme qui s’expriment sans fard. Dans une société qui a de monstrueuses difficultés à souder l’intellect à la conscience, la musique du groupe peut forcément rebuter. Sans atteindre le même niveau de qualité chansonnière que Lost In The Dream, Granduciel réussit son pari de nous procurer, et ce, pendant plus d’une heure, une abondance de frissons et de mélodies à faire pleurer le plus insensible, le plus « tough » des hommes.

Bien entendu, comme toute création du groupe, ça s’écoute d’un bout à l’autre, sans interruption, mais quelques chansons valent franchement la peine d’y revenir. La conclusion triomphale (solo de guitare inclut) dans Pain, l’extrait à écouter dans votre auto, les vitres baissées si possible, intitulé Holding On et la délicieusement vaporeuse, d’une durée de 11 minutes, titrée Thinking Of A Place font office de chansons phares de cet excellent album.

Malgré la répétitivité de la formule, Adam Granduciel nous bouleverse avec une authenticité des plus honorables. Ceux qui les avaient en aversion entretiendront bien sûr leur détestation (on ne s’en sort pas !) et les fans, eux, seront aux oiseaux.

Un véritable pourvoyeur de frissons comme il s’en fait très peu.

Ma note: 8/10

The War On Drugs
A Deeper Understanding
Atlantic Records
66 minutes

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