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La Noce 2022 : Mon Doux Saigneur, Étienne Coppée, Cure-Pipe, Adi Oasis, Laura Niquay, YellowStrap, Bon Enfant, Lydia Képinski et Daniel Bélanger

Tant qu’à être au Saguenay, j’ai décidé d’en profiter pour de vrai. Je suis donc allée voir la presque totalité des spectacles présentés en ce second jour de La Noce (en dehors des afters). Voici mon retour sur les spectacles de Mon Doux Saigneur, Étienne Coppée, Cure-Pipe, Adi Oasis, Laura Niquay, YellowStrap, Bon Enfant, Lydia Képinski et Daniel Bélanger.

Saratoga Mon Doux Saigneur

Jusqu’au jour d’avant, la programmation de La Noce annonçait un spectacle de Saratoga au Mixbus le 1er juillet. Puis, l’animatrice de la soirée, Jessie Précieuse, a laissé entendre que ce serait plutôt un spectacle de Mon Doux Saigneur. Confusion entre mon meilleur ami et moi. On réactualise la page de la programmation : en effet, le nom de Mon Doux Saigneur (solo) y apparaît maintenant. Ça ne change rien à notre décision : on y va. Impossible de manquer un spectacle dans un lieu inusité; je m’en suis trop mordu les doigts à Tadoussac comme je n’en ai vu aucun.

Nous sommes donc arrivés dans un champ de fleurs pour ce spectacle semi-surprise. Effectivement, l’organisation de La Noce nous avait conviés aux fleurs Maltais, le plus grand champ de pivoines au Canada. Selon ses dires, Emerik St-Cyr Labbé, l’humain derrière Mon Doux Saigneur, assistait à l’événement en tant que festivalier. Puis, comme Saratoga a contracté la COVID-19, le festival lui a proposé de remplacer le duo et d’ouvrir pour Étienne Coppée.

Pour le concept, le musicien a décidé de commencer avec sa chanson Fleur de l’âge (Fleur de l’âge, champs de pivoines, vous me suivez?). Le fait de le retrouver en solo plutôt qu’en formule à six comme d’habitude permet de découvrir ses chansons sous un nouvel éclairage. Elles revêtent un côté plus épuré qui n’est pas désagréable. Pour ceux qui ne l’ont jamais vu en formule de groupe, St-Cyr Labbé blague : « Vous irez voir Alex Burger, c’est le même groupe. » Ironiquement, ce sera le seul spectacle que je manquerai de la journée.

On sent que sa présence n’est pas prévue; il ne semble pas savoir exactement combien de temps il peut jouer. Le tout confère un ton bon enfant à la performance. À un moment, il demande si la gang d’Étienne Coppée est arrivée. Personne ne répond, il rétorque donc : « Ah ben je vais vous en jouer une autre debord! Laquelle vous voulez? » Quelques personnes dans le public lui crient Tempérance. « OK, je vais vous faire Tempérance! […] C’est les premières fois que ça commence à arriver, que les gens connaissent mes chansons, qu’ils crient, qu’ils s’expriment dans mes shows… » On sent qu’il commence à faire sa place dans le milieu; et il la mérite amplement.

Étienne Coppée

C’est ensuite au tour d’Étienne Coppée de prendre place sur la scène du Mixbus. Je n’aime pas nécessairement m’attarder sur le style des musiciens habituellement, mais le look du chanteur semblait tout sorti de l’univers du Seigneur des anneaux. Je l’ai qualifié, avec mon meilleur ami, de « jardinier-hobbit. » Être plus de circonstance aurait été difficile, je crois. Bref, depuis les Francouvertes 2021, qui étaient d’ailleurs à distance, c’est la première fois que je vois un spectacle d’Étienne Coppée au complet. J’ai assisté au lancement de son album Et on pleurera ensemble, ainsi qu’à sa première partie pour Ariane Moffatt dans le cadre des Francos 2022, mais j’ai raté son concert complet quelques jours plus tard comme j’étais à Tadoussac.

Honnêtement, je ne crois pas qu’il existe un meilleur set-up pour écouter Étienne Coppée que dans un champ de fleurs. Même l’auteur-compositeur-interprète semble d’accord, indiquant qu’il ressent quelque chose de magique pendant sa performance. Le charme semble d’ailleurs opérer des deux côtés de la scène, comme Coppée dira à l’audience : « Vous êtes aussi beaux que les fleurs devant moi, sachez-le! », ce à quoi elle répondra par un « aaaah » bien senti. Il rétorquera un « c’est vrai, criss! », tout aussi bien senti.

Coppée sait créer des pièces lumineuses qui donnent envie de croire qu’un jour meilleur viendra. Le côté un peu répétitif de ses paroles crée quelque chose de très fédérateur. Cela permet aux gens, même ceux qui ne connaissent pas ses paroles, de chanter et de créer un bon moment de communion. Même les oiseaux semblent vouloir s’inviter dans les chœurs, omniprésents dans l’œuvre du gagnant des Francouvertes 2021.

Lorsqu’il s’est mis à entonner Demain il fera beau, le vent s’est mis de la partie, faisant danser les pivoines tout doucement. J’ai regardé à mes côtés, vers mon meilleur ami, et j’ai réalisé que le bonheur, parfois, c’est ça. Écouter de la musique douce dans un champ de fleur à 6h de route de chez nous avec l’une des personnes que j’aime le plus au monde. D’ailleurs, la foule rassemblée au Mixbus était clairement la plus attentive que j’aie rencontrée depuis le début des festivités. Même Étienne Coppée le soulignera : « Merci de votre écoute, c’est le plus beau cadeau que vous pouvez faire à un artiste. »

Cure-Pipe

Apparemment, dans la vie, il est important de manger. Comme j’ai mes deux meilleurs amis avec moi à Chicoutimi, on en a profité pour aller casser la croûte les trois ensemble. Malencontreusement, cela m’a fait manquer Alex Burger. J’aimerais d’ailleurs indiquer que, malgré la proposition judicieuse de ma meilleure amie, nous ne sommes pas allés manger de burger.

Après une pause alimentaire, je suis retournée au site principal pour découvrir Cure-Pipe. Il s’agit du projet solo de l’auteur-compositeur-interprète originaire de Jonquière-Nord Thomas Dakin Perron. Ses sonorités flirtent avec le rock psychédélique. J’aime bien que le festival offre l’opportunité de jouer sur la scène principale à un groupe du coin. Cependant, le fait de les découvrir en live fait que ça sonne peut-être un peu comme bien d’autres groupes. J’ai l’impression d’en perdre les éléments distinctifs. Malgré tout, la proposition reste plutôt intéressante et entraînante.

Adi Oasis

J’avoue que j’ai hésité à aller voir Adi Oasis ou non. Comme je savais qu’une grosse soirée m’attendait, je me suis demandé si je prenais une pause à ce moment-là ou non. J’ai plutôt décidé d’aller prêter une oreille au groupe que je ne connaissais ni d’Ève, ni d’Adam. C’est donc sous la pluie battante que je me suis dirigée vers l’autre scène pour un moment de découverte que je n’étais pas près de regretter.

Avec sa sublime voix soul, Adi Oasis a ramené le soleil à Chicoutimi. Littéralement. Avant de commencer sa troisième chanson, elle a dit au public : « Je pense que tous ensemble on a le pouvoir de faire revenir le soleil. » Avant même la fin de sa chanson, la pluie avait cessé, les nuages s’étaient dispersés et le soleil avait recommencé à chauffer nos peaux pour le plus grand plaisir de tous. « C’est grâce à vous! », a-t-elle commenté. « Gardez votre belle énergie et le soleil va rester. »

Le public a effectivement écouté ce conseil. La bonne majorité des gens présents se sont laissé gagner par les mélodies et les rythmes entrainants de la formation et dansaient. Adi Oasis est bassiste. Elle nous a gâtés à quelques reprises de bons solos de basse, un immense sourire collé aux lèvres. Impossible de rester de marbre devant sa prestation. Vocalement, la chanteuse est douée : elle maîtrise bien son instrument autant dans les graves que dans les aigus. Elle s’amuse aussi avec ses musiciens. Dans une chanson en particulier, que je ne pourrais nommer, elle s’est lancé dans une série d’harmonie et de question/réponse avec son guitariste bien réussie qui a semblé beaucoup plaire aux personnes rassemblées. Sa performance feel good a tellement été appréciée par la foule que cette dernière demandera un rappel pendant de longues minutes, mais restera bredouille.

Laura Niquay

J’ai découvert Laura Niquay grâce à son excellent album Waska Matisiwin. Je l’avais ensuite vue dans le spectacle d’Émile Bilodeau aux Francos. Cette expérience m’avait donné envie et surtout hâte de la voir dans un spectacle complet. Je n’ai pas pris beaucoup de notes pendant son spectacle, car j’ai rapidement été aspirée dans son univers. Je me suis laissé porter par ses mélodies folk et ses histoires. Plus particulièrement, Otakocik – Hier m’a littéralement transporté dans son monde.

Plusieurs choses m’ont marquée de cette performance. Tout d’abord, la musicienne prend le temps de traduire et d’expliquer la majorité de ses chansons. Par exemple, Nicto Kicko – Trois jours a été écrite suite à une histoire familiale. Laura Niquay et son frère, qui était d’ailleurs sur place, sont allés cogner chez leur père pendant trois jours au jour de l’an. Juste avant de rentrer chez eux, ils iront à l’épicerie. Ils croiseront alors leur paternel. Lorsque questionné à savoir pourquoi il n’a pas répondu à sa porte, il répondra qu’à Noël, il a reçu des écouteurs. Il écoutait donc sa musique dans le sous-sol et ne les a pas entendus.

Ensuite, les chœurs, assez importants dans le spectacle, ont un effet entraînant. Même si on ne comprend pas nécessairement la langue dans laquelle la musicienne chante, on joint notre voix à la sienne quand même. Ses mélodies sont trop entraînantes pour ne pas se laisser tenter. Surtout l’excellente Moteskano – Les sentiers de nos ancêtres. La section des percussions est aussi assez impressionnante. Il y a quelque chose de très puissant qui émane de la performance de Niquay; c’est franchement un incontournable à aller voir si vous en avez la chance.

YellowStraps

LP Labrèche a déjà parlé de YellowStraps alors que la formation assurait la première partie de Les Louanges au MTELUS en mai dernier. C’est donc ce moment que j’ai choisi pour reposer mes petites jambes qui, je le savais, se feraient aller plus tard. Juste en haut de la scène Hydro-Québec où le groupe se produisait se trouve une petite colline où l’on peut s’asseoir pour écouter les spectacles. C’est de là que j’ai écouté YellowStraps. J’étais malheureusement vraiment sur le côté de la scène, je n’ai donc pas très bien vu le spectacle. Je peux cependant témoigner de la belle présence scénique de la formation. Notamment, le chanteur a séparé la foule en deux pour lui faire faire un concours de qui chante le plus fort sur son morceau Take Over.

Crédit : Charline Clavier

Bon Enfant

Les gens étaient très nombreux pour assister au spectacle de Bon Enfant. Là où j’étais, nous étions serrés comme des sardines. Tellement, que je n’ai pris que trois petites phrases en note de tout le spectacle. J’avoue que cette proximité avec les autres spectateurs m’a un peu pris toute mon énergie. Comme je me faisais constamment rentrer dedans, j’ai eu de la difficulté à me laisser complètement aller au spectacle. Mais je semblais être l’une des seules dans cette situation. Tout autour de moi, les gens dansaient, chantaient fort et plusieurs ont fait du body surf.

Ce n’est pas étranger aux mélodies entraînantes de la formation et au dynamisme de Daphné Brissette, la chanteuse de la formation. Elle sait captiver une foule. De plus, il ne faut pas oublier que Bon Enfant est un super groupe. Pas dans le sens que c’est un groupe super (c’est également le cas), mais dans le sens qu’il est formé de plusieurs musiciens qui ont des carrières de leur côté : Alex Burger, Étienne Côté (LUMIÈRE), Guillaume Chiasson (Ponctuation, Jesuslesfilles) et Mélissa Fortin (Canailles).

Crédit : La Noce / Charline Clavier, Marc-Étienne Mongrain

Lydia Képinski

Comme nous avons aussi couvert Lydia Képinski lors de son passage à Santa Teresa, je ne m’étendrai pas sur le sujet. Son dernier album, Depuis, offre des sonorités franchement plus dansantes et électro-pop que Premier juin. Le tout se reproduit très bien en spectacle. Ça donne vraiment envie de se laisser aller les hanches, plaisir que je n’ai pas boudé. Lydia Képinski non plus, d’ailleurs. Sa présence scénique est fantastique; elle danse, elle habite la scène, on sent que c’est son terrain de jeux avec ses musiciens. Une autre artiste à ne pas manquer si vous voulez vous dégourdir les pattes pendant un festival.

Crédit : Marc-Étienne Mongrain

Daniel Bélanger

Si je pensais qu’il y avait du monde pour Québec Redneck Bluegrass Project à l’Avant-Noce ou encore pour Loud hier, ce n’était rien comparé à Daniel Bélanger ce soir. Il y avait du monde à la Noce, oups, à la messe, comme on dit. J’aurais même tendance à dire que c’était l’un des spectacles les plus attendus du festival. J’avais quand même très hâte d’assister au spectacle de ce pilier de la culture québécoise des dernières décennies. Avant que ça débute, j’avais un peu d’appréhension. J’avais l’impression que c’était le genre d’artiste que je connais sans vraiment connaître. J’avais peur de ne connaître que quelques chansons et d’avoir l’impression, comme ça m’arrive parfois, de ne pas complètement embarquer dans un trip de gang. Finalement, je me suis surprise à chanter pas mal toutes ses chansons.

Pendant le spectacle, je me suis amusée à jeter un coup d’œil autour de moi. Daniel Bélanger a su attirer une foule de tous âges. Les petites familles côtoyaient les cinquantenaires qui eux côtoyaient les jeunes adultes qui dansaient et chantaient à gorge déployée. J’avais oublié, d’ailleurs, le bonheur de danser dans une foule avec des inconnus (quand il y a suffisamment d’espace). L’offrande de Bélanger s’y prêtait à merveille.

Plusieurs très beaux moments sont venus jalonner cette rencontre musicale très attendue. Tout d’abord, lors du morceau Parapluie, quelques festivaliers ont décidé d’ouvrir leur parapluie. Le tout offrait un résultat esthétique vraiment bien. Ensuite, des feux d’artifice se sont joints à la fête. Ils étaient évidemment pour la fête du Canada, qui devait se célébrer quelque part à Chicoutimi. Mais ils sont venus ponctuer le spectacle d’une manière tout simplement magnifique.  

En tant que bonne Montréalaise, les étoiles m’impressionnent toujours (suivez-moi, je vais quelque part avec cette idée-là, promis). Pendant Dans un spoutnik, j’ai levé les yeux au ciel. Bien qu’il restait nuageux, les dizaines d’étoiles que j’y ai trouvées m’ont fait le plus grand des effets. À l’instar d’Étienne Coppée dans un champ de fleurs, j’ai eu l’impression qu’il n’y avait pas de meilleur endroit pour écouter du Daniel Bélanger qu’à la belle étoile. Il y a quelque chose de très spatial et qui donne envie de voyager dans sa proposition musicale. C’était franchement parfait.

Je dois avouer avoir ressenti beaucoup d’empathie envers Jessie Précieuse, l’animatrice de la soirée, qui a dû monter sur scène pendant que Daniel Bélanger se faisait demander un troisième rappel. Elle venait pour dire aux festivaliers que la fête n’était pas finie et qu’il était possible d’assister aux afters dès maintenant. Malgré tout, l’audience réclamait encore Bélanger. C’est qu’il n’avait toujours pas fait Les deux printemps. À l’instar de la foule d’Adi Oasis, on restera sur notre faim. Mais on lui pardonne : il a tellement créé de classiques qu’on peut bien s’en passer d’un ou de deux. Et comme il en a joué la majorité, on s’en retourne, le cœur ravi.

Crédit photo: Couverture : Marc-Étienne Mongrain

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