Concerts

Francos de Montréal 2022 – jour 2 : Gazoline, Étienne Coppée, Ariane Moffatt et Les Louanges

Je pense qu’on ne se lassera jamais de dire à quel point le retour à la vie « normale » et surtout le retour des festivals font du bien au moral. Pour mon premier jour de couverture des Francos 2022, je suis allée voir Gazoline, Étienne Coppée, Ariane Moffatt et Les Louanges.

Les Francos occupent une place importante dans mon cœur. Pour moi, elles symbolisent le retour de l’été et des bons moments passés entre amis. Je dois l’avouer d’emblée, aujourd’hui était une dure journée pour moi. Sans entrer dans les détails, voici des mots-clés qui résument ma journée : insomnie, catcall et test rapide fait en urgence. Ne vous inquiétez pas, si j’écris ces lignes, c’est que mon résultat était négatif. Mais pour cette raison, j’ai manqué le spectacle d’Escales en chanson que j’avais vraiment hâte de voir. Ce sera partie remise, je l’espère.

Crédit : Benoit Rousseau

Gazoline

J’ai finalement commencé ma soirée aux Francos avec Gazoline. Pour une raison hors de mon contrôle, je suis arrivée un peu en retard. Je le sais pour deux raisons :

  1. Quand je suis arrivée, ils étaient en train d’offrir Jessica à la foule plutôt nombreuse.
  2. Les Gazoboys, Xavier Dufour-Thériault (voix, guitare, synthés, piano), Jean-Cimon Tellier (synthés, piano, guitare), Sam Beaulé (basse, synthés, piano) et Jean-Philippe Godbout (batteries, percussions, synths), étaient tous habillés pareil en survêtement rose. Seule Raphaëlle Chouinard (Les Shirley) était en noir. Xavier Dufour-Thériault, le chanteur, était déjà en camisole quand je suis arrivée.

J’ai vu Gazoline pour la première fois en spectacle lors du festival Coup de cœur francophone alors qu’il lançait leur troisième album, Gazoline III, en novembre dernier. Je sais donc de quel bois les Gazoboys et Chouinard se chauffe. Pourtant, en ce samedi soir, je trouvais qu’ils n’avaient pas le même aplomb. Puis, j’ai cru comprendre que le chanteur faisait une indigestion. Il a même dit entre deux chansons « j’ai envie de dégueuler », donc disons que tout lui est pardonné. Le groupe a quand même donné tout un show, considérant les circonstances. Il faut aussi donner un gros shout out à JC Tellier, qui semble ne faire qu’un avec sa guitare. C’est franchement cool à voir.

Gazoline a offert quelques chansons de leur dernier album ainsi que certains de leurs succès, dont Ces gens qui dansent. Ils ont également fait des chansons que je ne connaissais pas, donc j’aurais tendance à dire qu’ils en ont peut-être cassé une ou deux, mais il est possible que je me trompe. Le fait de commencer ma journée avec Gazoline m’a rappelé à quel point ça fait du bien de voir des groupes d’amis et des familles danser à l’extérieur et avoir du plaisir. Moi-même je n’y ai pas échappé : je me suis fait aller les hanches pendant le spectacle!

Étienne Coppée

J’ai dû quitter prématurément Gazoline pour courir au Théâtre Maisonneuve. J’avais alors rendez-vous avec Étienne Coppée et Ariane Moffatt. Comme, si la tendance se maintient, je serai à Tadoussac le 18 juin et que je manquerai donc le concert gratuit d’Étienne Coppée, j’ai décidé d’aller le voir en première partie d’Ariane Moffatt. Quel choix judicieux.

Le gagnant des Francouvertes 2021 était nerveux. On le sentait dans sa voix lors de sa première chanson. Il a d’ailleurs décidé de nommer son sentiment. Après sa première chanson, il a dit bonsoir à la foule très nombreuse. Puis, il a dit : « Merci à ceux qui ont répondu, les autres, je ne vous aime pas du tout », avant d’expliquer que c’était sa nervosité qui le faisait aller dans l’humour ainsi. Il a enchaîné : « Le petit Étienne trouve que c’est absurde d’être là, mais en même temps, je suis fier de ce que je fais et je crois que je le mérite. »

Pour l’occasion, l’auteur-compositeur-interprète était en formule solo. C’était un choix intéressant, quand on connait l’importance des harmonies vocales dans son œuvre. Sa chanson Écoute en solo, par exemple, était vraiment intéressante. Pour sa première présence aux Francos 2022, Étienne Coppée a décidé de se lancer plusieurs défis. Si ça ne fonctionnait pas toujours, il restait l’artiste attachant que l’on a découvert aux Francouvertes l’an dernier.

Il a décidé d’offrir un hommage à Daniel Bélanger avec une reprise de Dis tout sans rien dire comme ce dernier est le premier à avoir donné une chance à Ariane Moffatt et avoir rendu tout ce qu’on connait d’elle maintenant possible. Comme il avait l’impression que cette dernière lui offrait la même chance ce soir, il lui semblait incontournable de boucler la boucle. Cette chanson est somme toute difficile à reprendre, il y a eu quelques accrochages du côté de l’auteur-compositeur-interprète, mais la foule attentive lui a tout pardonné. Elle lui a même offert une ovation debout à la fin de ses 30 minutes. Puis, dans l’entracte entre sa prestation et l’arrivée de Moffatt, j’entendais la foule le qualifier de « tellement bon » et « une belle découverte. » Comme quoi, Coppée sait ravir le cœur d’un public, peu importe son nombre.

Crédit : Benoit Rousseau

Ariane Moffatt

C’est tout de rouge vêtue et baignée dans une lumière de la même couleur qu’Ariane Moffatt a commencé son concert Incarnat & ensemble de cordes. C’était d’ailleurs son baptême de la Place des Arts, a-t-elle avoué candidement en début de performance. Elle s’est beaucoup adressée à la foule, créant ainsi un lien fort avec l’audience réunie. Souvent, les artistes qui se présentent sur scène derrière un piano semblent se cacher derrière l’instrument. Pas Ariane Moffatt. Elle donne l’impression qu’elle nous raconte ses histoires en nous regardant droit dans les yeux. Son regard semble tourner la majorité du temps vers la foule, peut-être en raison du positionnement de l’instrument à queue.  Elle parle également avec la foule entre chaque chanson. Si elle ne se lance pas nécessairement dans de grands monologues, elle sait se montrer laconique et pertinente.

Par exemple, juste après sa première pièce, qui était instrumentale, elle a remercié les gens d’être réunis au Théâtre Maisonneuve en disant : « J’ai besoin de vous, c’est tout » avant de commencer sa chanson Debout. Ariane Moffatt tourne présentement son dernier album Incarnat en formule solo. Mais grâce aux Francos, qui lui ont permis de rêver plus grand, elle a pu compter sur la présence d’un ensemble de cordes. Il me semble pertinent de souligner que c’est Antoine Gratton qui s’est occupé des toujours pertinents arrangements, autant sur l’album que dans le spectacle.

Crédit : Benoit Rousseau

La présence de cet ensemble de corde a permis plusieurs très beaux moments. Premièrement, la pièce Espoir, probablement l’une de mes préférées d’Incarnat, était tout simplement sublime avec les cordes. On dirait que ça crée quelque chose de plus sensible, mais de plus fort aussi. Toujours dans la force, la chanson Incarnat, qui est plus scandée que chantée, offre un résultat puissant avec les cordes sur scène. L’autrice-compositrice-interprète a aussi fait rencontrer le monde électro et les cordes en se déplaçant au synthétiseur pendant sa performance. « C’est un gros fantasme pour moi », a-t-elle avoué.

En fermeture de spectacle, Ariane Moffatt a décidé de faire un « shout out » à Laurent Saulnier, qui a annoncé tirer sa révérence des Francos et du Festival international de Jazz de Montréal après cette année. Elle a également décidé de dédier sa pièce Miami à son ami Karim Ouellet décédé plus tôt cette année. « C’est pour toi Karim, j’espère que tu danses très fort », a-t-elle lancé avant de se mettre à chanter. La foule ne s’est pas fait prier pour danser avec l’autrice-compositrice-interprète. De mon côté, mes yeux se sont embués et je me suis dit que l’hommage à Karim Ouellet prévu pour demain risquait d’être éprouvant émotionnellement.  

Pendant le spectacle, j’ai réalisé que j’ai grandi avec Ariane Moffatt. Point De Mire était une de mes chansons préférées alors que j’étais enfant. Je ne comprenais pas du tout ce qu’elle y racontait (j’avais 6 ans à sa sortie), mais je l’aimais beaucoup. Pourtant, je n’avais jamais vu la pionnière en spectacle. C’est maintenant chose faite!

Crédit : Benoit Rousseau

Les Louanges

Après le spectacle d’Ariane Moffatt, je suis allée rejoindre des amies au spectacle de Souldia. J’ai attrapé quelques-unes de ses chansons, mais nous avions un objectif très précis : aller voir le spectacle surprise de Les Louanges. J’avoue que lorsque ce spectacle a été annoncé le matin même, je m’en suis voulu de ne pas avoir remarqué que Vincent Roberge n’était pas programmé aux Francos. Cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Bref.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Nous sommes arrivées au Silo Brasseurs de Montréal, la scène où se déroulait le spectacle. C’était, pour être polie, bondé de monde. Je ne suis pas sûre que cette scène était le meilleur choix pour ce spectacle. L’abondance de gens réunis et le fait que la scène n’est pas surélevée au Silo des Brasseurs m’ont fait dire à mes amies : « Je suis sûre qu’il n’est même pas là et qu’ils font simplement jouer son album! » Puis, en m’approchant plus de la scène, j’ai réussi à apercevoir sa chevelure bleutée ainsi que quelques-uns de ses musiciens. Je tiens également à m’excuser à tous les gens que j’ai fait sacrer en m’avançant pour voir mieux. J’ai manqué Vincent Roberge le 19 mai dernier au MTELUS, je n’allais pas manquer ce spectacle pour rien au monde, quitte à frustrer quelques personnes par-ci par-là.

Pendant son spectacle d’une heure condensée « de high energy », comme il l’a dit lui-même, Vincent Roberge a remercié la foule d’être présente en aussi grand nombre. « Vous rendez ma mère fière, vous rendez mon père fier. Parce qu’ils sont là ce soir », a-t-il avoué au public. J’avoue avoir eu une pensée pour eux. J’espère qu’ils ne sont pas agoraphobes, en tout cas. Pendant ce spectacle surprise, Les Louanges a offert au moins la moitié des chansons de son dernier album Crash, ainsi que quelques-uns de ses succès, dont La nuit est une panthère et Pitou, évidemment. C’était à la hauteur de ce à quoi je m’attendais d’un spectacle de Vincent Roberge.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Le spectacle devait se terminer à minuit pile, sinon on risquait tous de se transformer en citrouille. Évidemment, je blague, mais Les Louanges devait effectivement cesser de jouer à minuit. Il a dépassé un peu. Lorsqu’il a dit son au revoir à l’audience, cette dernière n’était pas d’accord. Vincent Roberge a donc dû lui expliquer que s’il veut être de retour l’an prochain, il doit être sage. Peut-on s’attendre à un spectacle de Les Louanges sur la scène principale l’année prochaine? Je ne peux rien promettre, mais je mettrais ma main au feu qu’il serait capable d’attirer assez de gens pour que ce soit réalisable. Surtout si on se fie au nombre de personnes qui étaient collées comme des sardines pour lui ce soir. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi collée sur des gens dans une foule, je dois l’admettre. Ça faisait du bien.

Crédit photo: Couverture : Frédérique Ménard-Aubin

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