Critiques

Étienne Coppée

Et on pleurera ensemble

  • Simone Records
  • 2021
  • 26 minutes
7,5

Étienne Coppée s’est fait découvrir lors de son passage aux Francouvertes, concours duquel il est ressorti bardé de récompenses. Son premier album, Et on pleurera ensemble, était attendu de pied ferme. Mais l’artiste sait ce qu’il fait, et surtout, il sait s’entourer. La réalisation s’inscrit dans la lignée de son EP paru en 2020, L’été indien de ta vie, qui présentait quatre pièces réalisées par quatre artistes différents. Pour Et on pleurera ensemble, Coppée a réduit la liste de ses collaborateurs à deux : Salomé Leclerc et Simon Kearney. C’est donc une co-réalisation à six mains qui est derrière Et on pleurera ensemble, et le résultat ne rate pas sa cible.

On y suit le jeune artiste dans ce qu’on peut imaginer être sa toute première peine d’amour. L’album s’ouvre sur Le vent se lève, pièce parue en 2019 sur son EP dehors, doucement. « Je t’aime et je suis jeune/C’est deux choses qui vont rarement bien ensemble », l’entend-on chanter d’entrée de jeu. Ça met la table pour le voyage émotionnel et personnel de neuf pièces qui nous attend. Le mot voyage ici est très important : dès les premiers accords, on sent que c’est Coppée qui mène notre barque et qu’il nous amènera là où il le voudra, à coups de douceur, d’harmonies et de piano.

Cet album est un peu comme un dialogue entre l’artiste et ses amis. Il faut d’ailleurs attendre la cinquième pièce de l’album avant de les entendre, ces fameux amis. Ça peut sembler anodin, mais lorsqu’on connaît l’importance qu’occupe l’amitié dans l’œuvre et la vie de Coppée, ça permet une réflexion intéressante. Comme si l’auteur-compositeur avait besoin de vivre un peu ses émotions seul avant que ses amis viennent l’aider.

Avec Écoute, ils viennent lui apporter réconfort et lui rappeler la beauté des choses. Cette pièce met en valeur ce qu’Étienne Coppée fait de mieux : une chanson toute en douceur qui souligne la beauté du monde qui nous entoure avec des chœurs rassembleurs. Dans le voyage émotif dans lequel nous a plongé l’artiste avec Et on pleurera ensemble, cette pièce semble mettre en musique le moment où on sort finalement la tête de l’eau après avoir vécu une rupture difficile.

Écoute le bruit de l’orage qui meurt doucement
Écoute le bruit de l’espoir qui prend son temps
Écoute le bruit de l’amour qui reprend forme
Écoute le bruit de ton cœur qui se réforme

Écoute

Et si l’amitié était réellement la réponse à toute cette peine causée par cette rupture? C’est ce que semble réaliser Étienne Coppée :  l’amitié est une bonne solution à tout ce capharnaüm émotionnel. Il semble dès lors plus calme. Les thèmes se font plus légers, la voix devient plus feutrée. Avec Je n’ai jamais vu New York, le jeune homme énonce qu’il veut voyager, qu’il veut passer du temps avec ses amis. Si on extrapole un peu le thème de peine d’amour, cette chanson semble marquer le moment où on réapprend à faire des projets seul après en avoir fait à deux.

L’album se conclut sur une chanson qui semble presque encore à l’étape de démo, Si c’est ça. Cette dernière sonne comme si Étienne Coppée n’avait pas pris le temps de la peaufiner tant le message qu’elle contenait lui brûlait les lèvres. Si c’est ça est chargé émotivement et le mantra « Si c’est ça, sans aucun doute je t’aime », agit comme une belle conclusion au tout. L’artiste réalise, sans artifice, qu’il aimera toujours cette personne qui a partagé sa vie pendant un bref instant, mais qu’ils doivent désormais faire leur chemin séparément. On y entend d’ailleurs à l’arrière-plan le départ de gare d’un train, un piano qui se ferme et des chaises qui se déplacent sur le parquet comme la marque de la fin de cette belle aventure amoureuse et musicale. 

Et on pleurera ensemble offre tout ce qu’on pourrait attendre d’une œuvre d’Étienne Coppée : des textes touchants et émotifs, son jeu de piano si caractéristique et les harmonies vocales rassembleuses qui sont de loin sa plus grande force.