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La Noce 2022 : Valence, Sarahmée, Men I Trust et Loud

Deuxième jour dans la contrée saguenéenne pour assister à La Noce. Au menu : mon retour sur les prestations de Valence, Sarahmée, Men I Trust et Loud.  

Valence

C’est à Valence qu’est revenue la lourde tâche d’ouvrir *officiellement* les festivités de La Noce. Comme je l’avais manqué au Festival de la chanson de Tadoussac, je m’étais promis que je ne referais pas la même erreur deux fois. Le gagnant des Francouvertes 2020 a su rassembler une foule plutôt nombreuse pour un jeudi à 17h30. Contrairement aux Shirley hier soir, on sent que les gens sont là pour écouter ce qu’a à proposer musicalement Vincent Dufour. S’il a testé quelques blagues, on sent qu’il n’a plus à le faire entre ses chansons tant celles-ci sont bien rodées. D’ailleurs, la foule le suit. Lorsqu’il demande de taper des mains, en expliquant qu’habituellement ses musiciens le freinent dans cet élan, la foule s’exécute avec plaisir. Elle danse à ses mélodies accrocheuses qui ont même un petit quelque chose de sexy (peut-être est-ce à cause des déhanchements de Dufour?).

Crédit : Charline Clavier

Il faut absolument souligner le rôle primordial du saxophoniste (et tellement plus) Mysterio. Tout d’abord, musicalement : son apport à la flûte traversière et aux saxophones (je crois en avoir vu plusieurs, mais peut-être que mes yeux me jouent des tours) est indéniable. D’ailleurs, les deux flûtistes qui jouent pendant simultanément Rosier font toute la différence. Ensuite, le musicien sait donner un spectacle. J’aime toujours voir les musiciens des groupes, qui ne sont pas habituellement les « vedettes » des spectacles, avoir le moment pour briller.

Valence a offert la majorité de son premier album, l’excellent Pêle-Mêle, paru l’an dernier. À la fin de la prestation, le public en voulait davantage, et l’a fait savoir, alors même que les techniciens étaient déjà sur place pour opérer le changement d’instruments pour Sarahmée.

Sarahmée

Mon meilleur ami est monté de Montréal pour venir assister à La Noce avec moi. Il est arrivé juste un peu avant que Sarahmée monte sur scène. On essayait alors de se trouver quelque chose à manger, mais comme on a vu que l’heure du spectacle de la rappeuse approchait et que la ligne pour s’acheter un hot-dog n’avançait pas du tout, on a décidé de se diriger vers la scène SiriusXM. Alors que l’on vérifiait mon sac à dos, Sarahmée montait sur scène.

Crédit : Charline Clavier

En guise d’ouverture, elle a lancé à la foule rassemblée : « J’ai mis mes lunettes de vitesse parce qu’on m’a dit que ça brasse à Chicoutimi. » Le spectacle de Québec Redneck Bluegrass Project de la veille lui donnait d’ailleurs raison. J’ai vu Sarahmée la semaine dernière à la Fête nationale à Laval. Cette fois, il y avait quelque chose de très sportif dans sa performance. Cet aspect est plutôt logique quand on sait que c’est une ancienne joueuse de basket (Deviens-tu c’que t’as voulu). Avec la présence de ses danseuses, on peut ressentir un aspect plus calculé dans la performance, mais ça reste charmant et très bien exécuté.

Après quelques chansons, un petit bogue technique survient. Son DJ à l’arrière indique qu’il doit redémarrer son ordinateur. Pour occuper le temps, Sarahmée s’occupe de créer un lien avec le public réuni pour elle. Elle nous fait crier, nous fait sauter, puis le son revient. Le spectacle reprend comme prévu, jusqu’à ce qu’un autre bogue technique arrive du côté de la guitare électrique. « On essaie de faire un show ici! », dit à la blague la rappeuse. Le tout repart rapidement sans anicroche. Parlant de la guitare, il faut absolument que je souligne à quel point un solo de guitare pendant Superflex a servi de carburant au niveau de l’énergie dans un spectacle de rap.

La rappeuse a également offert un hommage à son frère Karim Ouellet, dans une chanson que je n’ai pas reconnue. Elle a changé les paroles pour dire plutôt « Karim c’est le meilleur » puis « mon frère c’est le meilleur. » Comme chaque fois qu’il est question de l’auteur-compositeur-interprète dans un festival depuis le début de l’année, mes yeux se sont remplis d’eau; j’ai trouvé ça très touchant à entendre.

Men I trust

J’ai découvert Men I Trust le matin même de son spectacle. C’est en regardant quels artistes étaient sur la programmation de La Noce de la journée que je suis tombée sur ce nom qui me semblait familier, mais qui ne l’était pas du tout finalement. J’ai donc écouté sa musique en boucle en travaillant, préparant mon oreille pour la douceur qui m’attendait, je l’imaginais, plus tard ce soir. Emmanuelle Proulx, la chanteuse du groupe, a une très jolie voix aérienne, qui peut rappeler celle de Ghostly Kisses si on y enlève tout l’aspect mélancolique. Musicalement, le trio met une très jolie ambiance lors de sa performance.

Crédit : Simon Snow

Or, est-ce que la foule est à l’écoute? Pas vraiment. Les gens parlent pendant les chansons. En ce premier jour officiel des festivités, on sent que les gens sont heureux de renouer avec les spectacles en plein air et de revoir des connaissances et des amis de manière imprévue. Peut-être est-ce que cette joie des retrouvailles ne fonctionne pas avec l’envie de prêter l’oreille réellement à ce qui se passe sur scène? Peut-être également que le côté effacé de la musicienne, qui ne lance que des mercis entre ses chansons, n’a pas aidé les gens à s’y accrocher.

Pourtant, ce qu’offre Men I Trust est vraiment intéressant. La question se pose à savoir s’il aurait été plus judicieux de leur permettre de jouer dans une salle fermée. Quelques moments de virtuosité réussissent malgré tout à traverser le mur des discussions de la foule; quelques solos particulièrement bien exécutés me parviennent et me donnent envie d’en découvrir davantage sur le trio. Comme notre tentative de se mettre quelque chose sous la dent, à mon meilleur ami et moi, avait été vaine plus tôt, on a décidé de quitter le spectacle de Men I Trust plus tôt pour y parvenir avant que Loud ne monte sur la scène SiriusXM.

Loud

Finalement, je n’aurai pas le temps d’attraper mon hot-dog avant que Loud ne monte sur scène. Le spectacle a donc commencé alors que je donnais notre commande au foodtruck. C’est d’ailleurs dans la file, en attendant notre snack, que j’ai dansé sur Hell, What a View comme s’il n’y avait pas de lendemain. Je dois l’avouer d’entrée de jeu : je ne suis pas une grande consommatrice de rap. J’aime beaucoup le genre, mais je ne peux en écouter en travaillant, car ça m’empêche de me concentrer. Et comme c’est dans ces moments-là que j’écoute 80% de ma musique, eh bien…

Crédit : Marc-Étienne Mongrain

Je ne connais donc pas si bien Loud que ça. Je connais ses grands succès, dont Hell, What a View, Toutes les femmes savent danser, TTTTT, Devenir immortel (et puis mourir), On my life et Sometimes, All the Time. D’ailleurs, lorsque les premières notes de Toutes les femmes savent danser ont résonné, j’étais tellement excitée à l’idée de danser que je me suis tordue une cheville. Ça m’apprendra à m’exciter dans les festivals! Heureusement, plus de peur que de mal, je serai en forme demain, je vous le promets!

Bref, cette méconnaissance du rappeur fait que j’avais bien hâte de l’entendre en live. D’autant plus que j’avais entendu son test de son lors de son passage au festival Metro Metro. J’avais donc hâte de voir (et d’entendre) de quel bois il se chauffe. Verdict : d’un excellent bois. Il est énergique, il est drôle (sa complicité avec Ajust est vraiment belle à voir), sa voix est bonne et les jeux d’éclairage sont un bel ajout. D’ailleurs, même à distance, on entendait très bien la voix du rappeur. Donc, on félicite le festival pour ça.

Loud et Ajust aiment offrir des interludes avant leur chanson. Par exemple, pour Salles combles, les deux expliquent que, selon ce que leur a dit Philippe Brach, ils auraient un sold out ce soir. Ce qui est normal comme ils ne jouent que dans des (me voyez-vous venir?) Salles combles. Loud a pigé un peu partout dans son répertoire, autant dans son nouvel album Aucune promesse que de ses albums précédents (Tout ça pour ça, Une année record et même son EP New Phone).

Bref, c’était une autre belle soirée signée La Noce. J’ai très hâte à demain pour assister entre autres au spectacle de Daniel Bélanger (!!).

Crédit photo: Crédit couverture : Marc-Étienne Mongrain