Concerts

Francos de Montréal 2023 : Philippe B et un show surprise de Gab Bouchard

Retour sur la deuxième journée du festival estival montréalais francophone par excellence avec les spectacles de Philippe B et de Gab Bouchard.

Photos par Charles-Antoine Marcotte

Philippe B

Pour la deuxième soirée des Francos, le public montréalais a eu le plaisir d’accueillir le retour triomphant de Philippe B après plusieurs années d’absence. Six ans séparent Nouvelle administration, son nouvel album, de La grande nuit vidéo. Le 10 juin au Studio TD marquait d’ailleurs le « premier spectacle de ce nouvel album » comme le souligné l’auteur-compositeur-interprète abitibien. Il fait le choix d’ouvrir avec la pièce-titre, ce qui s’avère judicieux : après une seule phrase, la foule nombreuse l’acclame chaudement.

Il se présente sur son traditionnel tabouret, sa guitare acoustique bien calé entre les bras, avec « deux musiciennes pour magnifier le tout », soit Marie-Claudel à la guitare, à la basse et aux chœurs et d’Ariane Bisson McLernon aux claviers. En plus de s’illustrer aux chœurs, ses acolytes féminines ont chacune un moment pour briller au fil de la soirée. Marie Claudel lui rend la réplique sur Rouge-gorge, alors qu’Ariane Bisson McLernon le retrouve sur Sortie/Exit.

Le musicien de Rouyn offre un savant mélange de pièces tirées de tout son répertoire. Il explique quelques fois les liens qu’il a trouvés entre ses diverses parutions, dont les relations entre les lieux et les gens. Lorsqu’il annonce s’apprêter à jouer Pauline à la ferme, l’extrait annonciateur de Nouvelle administration, il avoue qu’il s’agit d’une chanson « près de son cœur. » À entendre la réaction de la foule, c’est un sentiment partagé. D’ailleurs, tout au long de la soirée, il sera facile d’entendre à quel point Philippe B a manqué à son public. Approximativement une pièce sur deux, on peut entendre des soupirs de plaisir ou encore des « wow » s’élever ci et là dans la foule.

Le ton sera badin à plusieurs reprises lors du spectacle. « Qu’est-ce qu’il faisait dans ces six ans? Était-il dans une secte? A-t-il parti une secte? », s’amuse le chanteur en se mettant dans la tête de son public. « J’ai fait ce que plusieurs ont fait avant moi : je me suis reproduit », se justifie-t-il en faisant rire la foule. Il la fera à nouveau rigoler lorsqu’il annoncera qu’il doit désormais expliquer le principe d’interurbain aux jeunes « comme si la jeunesse était un autre pays. » Il amusera également les gens rassemblés avec la prévisibilité du concept de rappel en musique : « On avait préparé une chanson juste au cas où… C’est là que rentrent une chorale, une section de cuivres… T’sais, juste au cas où! »

Comme on pouvait s’y attendre, l’ambiance était douce et feutrée au Studio TD. Si on avait été dans un dessin animé, les notes qui sortaient de la guitare de Philippe B seraient sorties en se trémoussant et auraient volé jusqu’à moi afin de me prendre dans leurs minuscules bras. C’est l’image qui me vient lorsque je pense à ce que j’ai vécu ce soir.

Gab Bouchard

Les couche-tard (les gens, pas la chaîne de dépanneurs du même nom) ont répondu en grand nombre à l’invitation pour le show « surprise » de Gab Bouchard. Je mets le mot surprise entre guillemets comme les festivaliers savaient que ce spectacle aurait lieu 48 heures à l’avance, contrairement au moins de 24 heures pour celui des Louanges de l’an dernier. L’idée de présenter le spectacle surprise à la scène Hydro-Québec en était une bonne, comme sa localisation a permis à plus de personnes de se rassembler que lors du spectacle de Vincent Roberge l’an dernier.

Nul ne sera surpris lorsque j’énonce que Gab Bouchard a une voix particulière. Or, ce soir, dans le contexte d’un grand show extérieur, cette dernière m’a semblé encore plus rocailleuse qu’à l’habitude. L’auteur-compositeur-interprète originaire du Lac-Saint-Jean a réussi le tour de force d’être vulnérable, émotif et sensible et de partager émotions et textes sérieux en contexte de festival. Ce n’est pas une surprise pour personne, les pièces plus tranquilles passent souvent moins bien en formule extérieure, parfois enterrée par les gens qui discutent. Si les gens parlent pendant certaines de ses propositions plus calmes (Grafignes, notamment), ça n’enterrait pas l’acte principal.

C’est devant des lettres lumineuses qui épellent GRAFIGNES, le nom de sa deuxième parution, que le public a retrouvé Gab Bouchard et ses acolytes réguliers (Zach Boileau, Vic Tremblay, « Papi » Gagnon et Mathieu Quenneville). Comme cette galette aura un an au mois d’août, les auditeurs ont eu le temps de se l’approprier. C’est pourquoi les pièces de ses deux albums, Triste pareil et Grafignes, atteignent la cible. À quelques reprises, Gab Bouchard prouvera que le rock n’est pas mort grâce à des solos de guitare électrique musclés, notamment lors d’Une valse pour toi et de Toutes les filles sont belles. Ces derniers seront accueillis chaudement par la foule.

D’ailleurs, cet habillage plus rock lui va à merveille, à l’instar de son costume à tâches de vache que l’on retrouve sur la pochette du simple Dépotoir. Les cris déchirants de Gab Bouchard deviennent encore plus puissants et poignants, nourris par la présence imposante de spectateurs malgré l’heure tardive (de 23 h 30 à 00 h 30). Le tout sonne presque comme un exorcisme émotionnel à quelques reprises.

Après sa toute dernière chanson, à 00 h27, la foule exige un rappel pendant trois bonnes minutes, jusqu’à minuit 30. Les lumières qui s’allument et s’éteignent sur la scène encouragent le public, tout comme le passage de techniciens sur scène. Finalement, le démontage de la scène à minuit 31 signe la fin de cette soirée et est accueilli par quelques huées.

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