Festif de Baie St-Paul 2017: Jour 3
On recommence pour une autre journée de fou! Parce que oui, le premier spectacle est à midi et le dernier à deux heures du mat. Compte ça comme tu veux, ça fait au moins une quinzaine d’heures à courir d’une salle à l’autre. Récit d’un marathon imbriqué dans un marathon d’une fin de semaine imbriqué dans le marathon de l’été.
De la douceur pour guérir la gueule de bois
Bien des spectateurs avaient de petits yeux sur le quai en ce samedi matin, mais tous avaient aussi le sourire. Devant le paysage pittoresque offert à nos yeux indignes d’autant de beauté, Philippe B s’est installé avec Laurence Lafond-Beaulne (Milk & Bone) et Guido Del Fabbro pour nous envoyer les pièces de sa sublime Grande nuit vidéo et quelques-unes des précédents. Le duo Lafond-Beaulne et B de Rouge-gorge est tout aussi touchant en vrai qu’en enregistrement. Philippe B nous a aussi jasé ça entre les tounes. Parfois pour nous expliquer l’origine d’un texte ou encore simplement pour nous mettre en contexte. Le tout avec simplicité et juste assez de bonhommie pour remettre un sourire dans le visage de n’importe lequel des festivaliers.
Par la suite, j’ai déambulé à travers les rues de Baie St-Paul pour me rendre à la scène Hydro-Québec pour assister au spectacle de Peter Peter. Celui-ci ne badine pas, il commence sur Noir Éden qui ravit et conquit la foule. J’ai même aperçu des journalistes chanter… ça vous donne une idée. Par la suite, il prend le temps de nous souhaiter la bienvenue et nous rappeler que la dernière fois qu’il était à Baie St-Paul, c’est il y a dix ans avec son groupe métal. Parce que oui, Peter Peter n’a pas toujours fait dans les claviers aux sonorités des années 80. Il a déjà été pas mal plus méchant au micro. Pour cette après-midi ensoleillée du Festif!, il présente plutôt les chansons de son dernier album qui a été célébré unanimement par la critique. Fantôme de la nuit et No Man’s Land ont ravi les nombreux festivaliers.
Puis, c’est à Leif Vollebekk que j’ai vogué. Le jeune montréalais était d’une forme resplendissante et a ravi le public sous le chapiteau. Il a principalement joué les pièces de son excellent Twin Solitude en lice pour le prix Polaris. All Night Sedans et Eulogy ont été des moments de frissons où le poil se dressait sur nos bras de plaisir à l’écoute de Vollebekk. Celui-ci est quelque chose à voir jouer. Il ne fait pas que de la musique avec sa bouche et ses doigts, c’est tout son corps qui est impliqué dans le processus. Et c’était de même pour son batteur, Evan Ty (j’espère que je ne massacre pas son nom) et son bassiste Michael Felder (même chose que pour Ty). Vollebekk a aussi montré qu’il est farceur lorsqu’un des draps servant de décor est tombé par terre. « Tout le monde en ce moment rit et il y a une personne qui est très fâchée (parce que son rideau est tombé) ». Généreux, il a même procédé à deux rappels après que la foule ne veuille rien savoir de la fin. Il s’est vu décerner des ovations bien senties, entièrement méritées. Une prestation parfaite, rien de moins.
Des nouveaux établis
On ne se contera pas d’histoires, Bernard Adamus et Lisa Leblanc sont maintenant des artistes établis dans le paysage culturel québécois. La foule nombreuse venue les voir hier le démontrait sans équivoque. Le premier nous a offert un concert un peu décousu entrecoupé de moments où il consultait son groupe pour savoir ce qu’ils allaient faire. Entre quelques paroles oubliées, des chansons pas très resserrées et ses nombreuses harangues à la foule, on avait l’impression de retrouver Bernard Adamus du temps de Brun. Il était festif certes, mais peut-être une petite affaire trop pour 18 h. On va se le dire, y avait l’air chaud ben raide… Mais bon, même chaud, Bernard est capable de t’envoyer un Cauchemar de course par la tête qui donne envie de faire la fête. Plus le spectacle avançait et plus la bande se resserrait et vers la fin, nous avions l’Adamus auquel on est habitué. Le public a aussi pu entendre Fulton Road, La Dilligence et Brun.
Lisa Leblanc était beaucoup plus en forme en mettant les pieds sur la scène à Baie St-Paul. D’ailleurs, elle s’est permis de railler Adamus : « Bernard, te souviens-tu quand c’était moi qui faisait tes premières parties? » Après deux chansons issues de Why You Wanna Leave, Runaway Queen?, elle a enchaîné des chansons de son premier album : J’pas un cowboy, Chanson d’une rouspéteuse et Cerveau ramolli. Pendant qu’elle interprétait Kraft Dinner, une fan (en tout cas, je présume) a lancé une brassière sur scène. N’en fallait pas plus pour lancer Leblanc dans un accès de rire. Et Dieu sait qu’elle aime ricaner la Lisa! Elle a peiné à finir sérieusement la chanson après l’avoir dédiée à cette fan. Un moment de gros fun sale. Comme d’habitude, Leblanc a donné tout un concert. J’ai quitté prématurément parce que dans le sous-sol de l’église, les mythiques Voivod étaient d’office.
Quand l’expérience parle
Voivod c’est une machine bien huilée qui fait rougir bien des « jeunes ». Le groupe montréalais était tout sourire devant la foule venue les voir dans une petite salle. On est loin des plaines! Entre les chansons, Snake distribuait les high fives et les poignées de mains. Michel Langevin est encore aussi impressionnant derrière les tambours, frappant la mesure à une vitesse complètement folle. Ils ont terminé avec la chanson Voivod qui est rentrée au poste sans bon sens.
Un autre homme d’expérience était présent au Festif! hier soir. Daniel Bélanger était là pour chanter les pièces de son Paloma paru l’an dernier et ses succès… et des succès, il y a en un char et une barge dans la discographie de Bélanger. Accompagné du bassiste extraordinaire, JF Lemieux, il a joué presque l’entièreté de Rêver mieux! Chante encore ainsi qu’Intouchable et immortel étaient des moments de purs délices pour les oreilles. Lorsqu’il a interprété la chanson Rêver mieux, le public a chanté si fort qu’ils ont pris le dessus devant un Bélanger jubilatoire. De son dernier album, il a livré L’ère de glace, Il y a tant à faire et quelques autres. Il nous a aussi livré plusieurs chansons devenues des classiques comme Le parapluie, Opium et Cruel (Il fait froid). Il est même revenu deux fois plutôt qu’une, visiblement ému par l’accueil de la foule. Il a terminé sur La folie en quatre et c’était tout à fait parfait.
Un groupe de musiciens d’expériences étaient là pour ce samedi soir de Festif! Groovy Aardvark comme toujours a rocké la casbah. Avec ses reels électriques (dont celui de la soucoupe volante), ses succès comme Boisson d’avril et son énergie débordante, le groupe a fait triper le public nombreux dans le sous-sol de l’église. Il y avait du monde à Voivod, mais c’était davantage plein pour Groovy. Vince Peake comme d’habitude a mené cette soirée avec toute la générosité, l’authenticité et la hargne (musicale) qu’on lui connaît. Trois groupes qui ont déjà du millage derrière la cravate et qui sont loin d’être dépassés.
Fin de soirée qui rentre dedans
Sous l’un des chapiteaux se trouvait KNLO, Rednext Level et Alaclair Ensemble. Je suis arrivé à temps pour les deuxièmes qui lançaient à l’instant Sri Lanka. Les gens dansent, les popotins se font aller et les sourires affichent complet. Robert Nelson et Maybe Watson, en compagnie de leur DJ Tiestostérone, ont livré une solide performance où se sont enchaînés 40k, Clip avec Baz, Get Lit et Faible pour toi pour laquelle Claude Bégin s’est pointé le bout du nez. Robert Nelson, dans son habituel humour a lancé : « On est vraiment content d’avoir l’opportunité d’ouvrir pour Alaclair Ensemble. » (NDLR: Maybe Watson et Robert Nelson font partie d’Alaclair Ensemble.)
Alaclair Ensemble est ensuite débarqué pour livrer un spectacle très près de ce qu’ils ont offert comme performance aux FracoFolies. C’est vraiment le fun de voir que le groupe est rendu avec une routine de scène solide comme du béton. Une routine qui n’a pas l’air de les castrer pour autant, la bande de minces semblent prendre un plaisir immense à « droper » ses rimes devant les foules de plus en plus nombreuses.
Finalement, j’ai embarqué dans le bus magique pour une performance de Paupière. Le concept est simple, un autobus a été maquillé et changé en piste de danse. Le groupe nous a livré des chansons de son EP et de son album à venir en septembre. Le trio était en forme pour l’heure tardive et cela a fait danser les 40 festivaliers qui entraient dans l’autobus. Une petite pensée pour la suspension du véhicule qui doit être finie ce matin. Une performance pleine d’énergie et de rythmes contagieux. On a hâte à la sortie de l’album en septembre!
Voilà qui conclut ma troisième journée de Festif! On se reparle demain pour la prestation de Timber Timbre et un retour sur les moments forts du festival.