Francos de Montréal 2022 — jour 1 : Le Couleur, Bronswick, Alexe, Laurence-Anne, La Femme et Connaisseur Ticaso
C’est officiellement lancé pour les Francos de Montréal qui revenait à leur pleine force avec des artistes locaux et internationaux sur une multitude de scènes et une Place des festivals pleine à craquer comme il se doit!
J’ai commencé ma première journée des Francos (officiellement, parce que Loud Lary Ajust donnait un coup d’envoi informel la veille) avec le premier concert de la 33e édition. C’était aussi la dernière fois que Laurent Saulnier donnait le coup d’envoi du festival puisqu’il a annoncé prendre un pas de recul à la fin de la saison des festivals 2022. Après 23 ans de loyaux services, on peut dire qu’il part la tête haute avec une dernière édition bien garnie et surtout de retour aux conditions normales.
Le Couleur
C’est avec les rythmes dansants de Le Couleur que s’est entamé l’édition 2022 des Francos. Comme l’a dit la chanteuse Laurence Giroux-Do : « Dans un concert de Le Couleur, on n’arrête pas entre les chansons. » C’est précisément ce qu’a fait la formation en livrant coup sur coup des morceaux qui a donné le goût à la foule de se déhancher malgré le soleil qui était encore bien présent dans le ciel. Proposant principalement des pièces de deux derniers albums, Concorde et P.o.p., la formation a montré à quel point c’est une machine bien huilée sur scène maintenant. Depuis que le trio de Laurence Giroux-Do, Patrick Gosselin et Steeven Chouinard a ajouté 3 autres musiciens à ses prestations, ça permet de rendre les chansons dans toute leur grandeur. J.C. Tellier (Gazoline) est particulièrement un ajout pour le groupe. Sa présence de rockeur et ses solos ajoutent un petit quelque chose de plus. Le Couleur a même terminé avec un vieux succès : Voyage amoureux qui a magnifiquement mis un point d’orgue à leur prestation.
Bronswick
Je veux commencer en disant ceci : j’aime beaucoup ce que le groupe fait musicalement. C’est peut-être pour cette raison que j’ai été aussi déçu de la performance que Bronswick a offert aux Francos. Le duo est accompagné d’un batteur et c’est le fun, mais j’aurais pris plus de musiciens capables d’interpréter les pièces. La plupart de leurs trames étaient enregistrées et je comprenais mal pourquoi. Ce n’est pas comme si c’était impossible à livrer avec des instruments sur scène et une choriste pour appuyer le duo.
De plus, il y avait beaucoup de mise en scène et c’était généralement maladroit. Par exemple, il y avait un danseur qui venait bouger derrière Catherine Coutu pendant une pièce et ça distrayait de la chanson sans vraiment ajouter quoi que ce soit de plus. La mise en scène n’était pas intégrée ce qui fait que ça semblait plaqué. Il y a eu un moment avec une chaise jaune, où l’obligation de bouger comme-ci ou comme ça enlevait toute la possibilité au duo d’incarner leur musique. Bref, je prendrais beaucoup moins de mise en scène et beaucoup plus de musiciens pour livrer leurs pièces intéressantes.
Alexe
À l’opposé, ce que fait Alexe, ce n’est pas tellement mon genre de pop, mais je dois dire que sur scène, ça se passait! Les musiciens livraient la marchandise alors que la chanteuse montrait ses capacités vocales. C’était très solide. Il faut dire que le batteur Charles Guay, qui est aussi son chum, s’assure que ça groove sur scène avec ses rythmes dynamiques. Dans les moments attendrissants, il y a Alexe qui invite sa belle-mère à jouer du saxophone pour les deux dernières pièces de son set. C’est toujours beau de voir une famille qui se tient comme ça! J’ai été franchement impressionné par sa performance et gageons que nous la reverrons!
Laurence-Anne
C’est Laurence-Anne qui était l’heureuse élue de la première partie de La Femme. Elle s’est présentée en trio, un format que je n’avais pas vu d’elle. De plus, Ariel Comtois était toujours à ses côtés au saxophone, mais c’est Sheenah Ko qui remplaçait N Nao aux claviers. Le résultat était convaincant comme à chaque présence sur scène de Laurence-Anne. J’ai dû la voir quatre ou cinq fois au cours des douze derniers mois et je dois dire que sa constance est impressionnante. Elle a livré plusieurs pièces de Musivision, son deuxième album, avec plaisir et confiance. Une belle première partie!
La Femme
Le MTELUS était plein à craquer pour le retour en sol québécois de La Femme. C’était aussi le premier passage de la formation depuis la sortie de Paradigmes. Le duo formé de Sacha Got et Marlon Magnée était accompagné de deux chanteuses et musiciennes, Nina Giangreco et Ysé Grospiron, du multi-instrumentiste Sam Lefèvre et d’un batteur : Noé Delmas.
On peut dire que les nouvelles pièces passent bien l’épreuve de la scène et La Femme a livré une performance énergique et foncièrement rock. Même des moments plus posés comme Pasadena avait un entrain renouvelé sur scène. C’était moins doux que sur l’album. Le groupe a aussi livré des chansons issues des autres albums, dont Où va le monde et Mycose qui étaient toutes les deux franchement bien livrées.
Les six musiciens sont arrivés en costard blanc et noir qu’ils ont gardé pour la majeure partie de la prestation. Par contre, Marlon Magnée s’est retrouvé assez rapidement « en chest » alors qu’Ysé Grospiron était en top de bikini, de quoi faire capoter Richard Martineau.
Si musicalement, c’était vraiment à point, on ne peut pas en dire tout autant des voix qui étaient parfois un peu noyées dans l’ensemble. Parfois, les voix féminines étaient incompréhensibles et Magnée n’était pas non plus toujours très clair non plus. Pas dans le sens esthétique de la chose, mais plutôt comme si c’était escamoté. Difficile de dire si c’était sur scène ou à la console que ça clochait… dans tous les cas, j’ai déjà vu le groupe dans de meilleures conditions pour la voix. Mais je le répète, musicalement c’était tout à fait réussi. Ça faisait du bien de revoir La Femme qui avait l’habitude de nous visiter régulièrement. Espérons que ces bonnes habitudes reviendront.
Connaisseur Ticaso
Comme La Femme s’est étiré, je suis arrivé sur le tard à la scène Desjardins où Connaisseur Ticaso était en train de livrer la mythique Sur le corner. Le rappeur est devenu une figure de proue du rap de la rue québécois, mais dans les faits, il n’est pas non plus un typique cas du genre. Ticaso ne la magnifie pas, mais parle plutôt de la réalité et des épreuves qui accompagnent le mode de vie. Le bout de concert que j’ai vu a démontré encore une fois à quel point il est une des voix pertinente et solide de la scène rap actuelle.
On remet ça ce soir!
Galleries photos de Connaisseur Ticaso par Jordan Sully:
Crédit photo: Couverture : Frédérique Ménard-Aubin