Critiques

La Femme

Paradigmes

  • Disque Pointu
  • 2021
  • 55 minutes
7

Voilà un album qu’on attendait avec impatience. La Femme nous dévoile son troisième long format cinq ans après l’excellent Mystère. Depuis, il y a eu des changements dans la formation. La Femme s’est recentré autour du duo créatif de Sacha Got et Marlon Magnée. De plus, Clémence Quélennec, qui a occupé une place importante avec sa voix dans les deux premiers efforts, ne fait plus partie du groupe. Qu’est-ce que ça donne?

Ça donne un troisième album un peu plus accessible que les deux précédents qui offrent de très bonnes chansons et quelques compositions qui échouent à émouvoir. L’obsession pour l’Amérique vue de la France comme étant une terre utopique de liberté occupe une place importante. Utopique parce que l’Amérique que La Femme caresse n’en est une qui n’est accessible qu’aux riches et qui est très différente de l’Amérique de Kendrick Lamar.

Got et Magnée sont doués pour les mélodies et le prouvent encore une fois à travers des chansons pop-rock efficace comme Foutre le bordel. Ça rentre au poste et donne de bons résultats. Encore une fois, les chansons aux airs les plus intéressants sont celles qui sont chantées par des femmes : Paradigme, Le sang de mon prochain et Nouvelle-Orléans. Cette fois-ci, ce sont Alma Jodorowsky, Ariane Gaudeaux et Clara Luciani qui prennent le micro.

Il n’y a pas que les chansons pop-rock entraînantes qui font la loi sur Paradigmes. On y retrouve aussi des pièces plus posées où des textes sont plus récités que chantés. Le meilleur exemple est Pasadena où la douleur qui existe entre les protagonistes suite à une rupture est éloquente.

La grande faiblesse de l’album réside dans un genre de passage à vide entre Disconnection et Mon ami. Il y a une suite de 4 ou 5 chansons qui sont plutôt oubliables. C’est dommage. Avec ces quelques titres en moins, Paradigmes aurait été beaucoup plus fort. Le ratio de bonnes mélodies vocales tombe pendant ces quelques titres. Le tout fait en sorte aussi Paradigmes étire un peu la sauce avec ses 54 minutes. Puis, ça repart avec Le jardin pour bien terminer.

Un troisième album intéressant et avec de très bons morceaux pour La Femme. Un peu moins réussi que les deux précédents, plus accessible et en quelque sorte probablement moins pour ceux qui suivent le groupe depuis ses débuts. On s’ennuie du côté krautrock si charmant. Mais ça demeure une bonne oeuvre qui mérite le détour.