Critiques

Laurence-Anne

Musivision

  • Bonsound
  • 2021
  • 34 minutes
7

Difficile de faire suite à un premier album quasi parfait. Je précise ici ‘’quasi’’, question de ne pas trop faire peur à la rédaction, même si je crois fermement que le premier album de Laurence-Anne en était un. Parfait dans sa spontanéité, sa créativité, son innocence juvénile, sa sensualité débordante et sa tristesse contrôlée.

La musicienne est maintenant de retour avec Musivision, album qui fait suite au EP Accident sur lequel j’avais beaucoup trippé également l’an dernier. Ici, par contre, je vous avouerai d’entrée de jeu que je suis peut-être plus mitigé après plusieurs écoutes.

Non pas que la qualité de la musique soit moindre, loin de là! Musivision compte plusieurs merveilleux morceaux qui reprennent exactement tout ce que l’on aime de Laurence-Anne et son univers sonore. La chanson Tempête est un beau succès pop, Quelques lunes est purement magnifique dans son aspect très Radiohead-esque et le texte d’Indigo marque par sa poésie simpliste. Jusque là, tout est beau. Par contre, alors que Première apparition marquait par ses transitions fluides et ses enchaînements efficaces, c’est un peu plus laborieux ici.

On compte quand même cinq interludes sur un album de 13 chansons. C’est le genre de moyenne que l’on voit régulièrement passer en hip-hop avec les traditionnels skits, mais qui étonne un peu plus sur un album de musique pop comme celui-ci. Surtout que la majorité de ceux-ci viennent couper le rythme de la parution. Est-on devant des thèmes de chansons inachevés? J’y vois personnellement une volonté d’explorer d’autres textures, mais ça rate un peu la cible. Romance fait très bien son travail, mais les autres sont oubliables, pour parler franchement.

Une autre chose que je m’explique un peu mal : les changements de langues. Sans vouloir relancer le bon débat bien chauvin sur la langue tel un Mathieu Bock-Côté en manque d’attention, je dois tout de même souligner ceci. Strange Feeling, l’une des meilleures pièces de cet album, est chantée en anglais. Choix surprenant alors qu’on se demande un peu d’où vient ce soudain changement de langue, tout comme pour Pajaros en espagnol plus tard. Si l’album s’était retrouvé à être justement plus trilingue, la question ne se poserait pas, mais je m’explique mal, dans la narrativité interne de l’album, ce que viennent accomplir ses deux pièces, autre peut-être que le but purement utilitaire de faire rayonner le projet hors du Québec. Remarquez, ça semble être extrêmement à la mode en France présentement et personne ne semble en faire grand cas là-bas.

Mais bon, je me fais très critique ici. Il reste que majoritairement, Musivision présente une panoplie de beaux moments et se renouvelle bien. Le groupe explore de nouvelles textures plus électroniques auxquelles on ne s’attendait pas trop après avoir attendu Accident. Geo, qui conclut l’album en est un exemple probant, étant une version revisitée d’une des trois pièces du EP. Le son de Laurence-Anne se fait plus vaste, plus exploratoire également, mais reste tout de même sensuel et cajoleur au besoin, question de nous conforter dans l’imagination assez phénoménale et parfois déroutante de la musicienne et son entourage.

On fait donc face à une offrande fort respectable, mais qui manque peut-être de la spontanéité qui faisait le charme de Première apparition. À force de chercher à aller plus loin ou à faire évoluer le son du projet, Laurence-Anne aura réussi à sortir quelques lapins de son chapeau, mais aussi quelques éléments moins notables. Je reviendrai peut-être tout simplement moins souvent sur cette sortie que la précédente, mais en lui donnant tout de même tout l’amour qu’elle mérite.

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