Critiques

Lucinda Williams

Down Where The Spirit Meets The Bone

  • Highway 20 Records
  • 2014
  • 103 minutes
8
Le meilleur de lca

CD Lucinda Williams Down WithC’est sur la pointe des pieds, accompagnée de quelques notes – bien académiques – émanant d’une simple guitare aux cordes en nylon, que Lucinda Williams ouvre son onzième album en carrière, Down Where The Spirit Meets The Bone. Comme si elle ne voulait pas déranger. Comme si elle nous demandait de l’excuser. Et surtout, comme si elle nous suppliait de bien écouter son message: «Have compassion for everyone you meet, Even if they don’t want it, (…), You do not know, What wars are going one, Down there, Where the spirit meets the bone.»

Cette première pièce, Compassion, se veut un vibrant hommage à son père, le poète Miller Williams. Ce n’est pas la première fois que la chanteuse, maintenant âgée de 61 ans, fait usage de la poésie paternelle. Mais cette fois, il y a urgence: Miller Williams est atteint d’Alzheimer et sa santé se détériore rapidement. Lucinda le sait, cela s’entend: son organe vocal semble empreint de… compassion, justement.

Ce Down Where The Spirit Meets The Bone, album double (grande première dans la carrière musicale de Lucinda) regroupe vingt compositions. Durant plus de cent minutes, on se balade ainsi entre chansons aux arrangements modestes – l’accent est ainsi porté à la voix chaude et éraillée de Lucinda et aux textes – et chansons à la musicalité dopée par des sonorités country, blues, bluegrass, gospel et rock. On pense à Dylan dans ses moments calmes, ou encore à Tom Petty dans ses envolées de guitare.

Il faut quelques écoutes pour apprécier toutes la finesse du travail de Lucinda Williams et de son équipe, constituée de Pete Thomas (batterie), Davey Faragaher (basse), tous deux empruntés à Elvis Costello, du légendaire Ian McLagan (clavier) et du guitariste Stuart Mathis (Wallflowers). À eux, s’ajoute la collaboration de Jacob Dylan sur la pièce It’s Gonna Rain. Soulignons également la reprise de la chanson Magnolia, classique des années 70 signé J.J. Cale (décédé l’an dernier). D’une durée de dix minutes, cette pièce est sans doute l’une des meilleures compositions du disque.

La douceur et l’énergie des arrangements entendus se combinent, s’entremêlent et s’influencent au fil des chansons. La ligne directrice n’est certes pas droite et l’œuvre aurait (peut-être) mérité d’être un peu mieux cadré, mais, du même souffle, nous ne pouvons que saluer le travail éreintant de la conception de cet album double. Principalement en ces temps où les auditeurs surconsomment une musique facilement accessible et digeste.

Ma note: 8/10

Lucinda Williams
Down Where The Spirit Meets The Bone
103 minutes
Highway 20 Records

lucindawilliams.com/splash-page/

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