Critiques

Bob Dylan

Tempest

  • Columbia Records
  • 2012
  • 60 minutes
7,5

La légende américaine Bob Dylan lançait son trente-cinquième album pertinemment intitulé Tempest. Ce disque réalisé par Zimmerman lui-même, sous le pseudonyme de Jack Frost, puise son inspiration au sein des musiques traditionnelles américaines. Donc, une mixture alliant habilement le folk, le country, le blues, le rock et le jazz; l’ensemble couronné par la voix chevrotante et sépulcrale du vétéran. Toutes les chansons sont écrites et composées par Dylan, à l’exception de Duquesne Whistle; en collaboration avec Robert Hunter. En 2012, un album de Bob Dylan est-il encore à propos? Le vieux têtu a-t-il encore quelque chose à dire?

Bien franchement, je ferai sûrement réagir les détracteurs de Saint-Bob (et ils sont nombreux), mais je dois avouer que ce Tempest constitue une excellente offrande; sa meilleure depuis le sublime Time Out Of Mind paru en 1997. Tempest est une création sombre et désespérée, où le poète renoue avec ce qui a fait sa marque de commerce: des chansons fleuves dans lesquelles le troubadour exprime au travers de textes poétiques, parfois violents, souvent obscurs et toujours mystérieux, sa fureur de vivre, et ce, à l’âge vénérable de 71 ans. Je n’ai pu que m’incliner devant autant de véracité et de ferveur, malgré les arrangements conventionnels et convenus (pedal steel, banjo, accordéon, violon, orgues et banjo), les structures chansonnières respectant parfaitement la tradition et la voix de casserole de Dylan.

Appuyé solidement par l’excellent guitariste Charlie Sexton, le vieux bougre nous offre un bouquet de dix morceaux inspirés. Parmi les plus estimés, je note le swing jazzé de Duquesne Whistle, le blues-rock bondissant titré Narrow Way, le rock stonien dans lequel Dylan aboie plus qu’il ne chante, nommé Pay In Blood et Scarlet Town, qui rappelle bizarrement l’univers de Nick Cave. J’ajouterai à ces petits bijoux, le blues louisianais titré Early Roman Kings, le folk sinistre et ténébreux intitulé Tin Angel… et cette tempête s’achève magnifiquement sur la pièce titre Tempest et Roll On John; la première, d’une durée de quatorze minutes faisant référence au naufrage du Titanic, et la deuxième, constituant un vibrant hommage à John Lennon. Poignant!

Dylan continue sans gêne de souffler sur les braises, de foncer sans crainte de représailles, avec une justesse de ton ne faisant aucun doute. Sans être révolutionnaire, le barde ne déçoit pas! Il fait encore à sa tête, chante comme un crapaud, écrit comme le bon Dieu et sait encore élaborer des chansons touchantes, empreintes d’un mysticisme qui force l’admiration. À faire rougir beaucoup de ses contemporains!

Ma note : 7,5/10

Bob Dylan
Tempest
Columbia Records
60 minutes

www.bobdylan.com/us/home

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