Critiques

King Gizzard and the Lizard Wizard

PetroDragonic Apocalypse; Or, Dawn of the Eternal : An Annihilation of Planet Earth and the Beginning of Merciless Damnation

  • KGLW Records
  • 2023
  • 63 minutes
8
Le meilleur de lca

Déjà un vingt-quatrième long format en quatorze années de carrière pour la formation australienne. Bien entendu, on peut grimacer face à autant de productivité et d’hyperactivité, mais les ratages sont très rares dans la discographie de ces compétents musiciens. En fait, ils sont inexistants.

L’année dernière, King Gizzard and the Lizard Wizard s’était encore une fois permis de nous présenter plusieurs créations, trois pour être plus précis : Changes, Laminated Denim et Ice, Death, Planets, Lungs, Mushrooms and Lava. Sur ces albums, les chansons étaient principalement issues de sessions d’enregistrements remplis d’improvisations aux ascendants funk, soul et jazz, sans délaisser bien sûr les habituelles déflagrations rock psychédélique du sextuor. Le meneur, Stu Mackenzie, les a donc retravaillés, parfois en compagnie du groupe, plus souvent en remaniant les bandes sonores en mode esseulé en studio.

Avec ce PetroDragonic — titre simplifié qui sera employé tout au long de ce texte —, les « Gizz » avaient envie de brasser la cage dorée de leurs admirateurs dans le but avoué de les sensibiliser à ces changements climatiques en cours et qui se manifestent sérieusement ces jours-ci en sols québécois et canadiens… Donc, avis aux fans du jouissif Infest the Rats’ Nest, vos Australiens préférés reviennent au métal avec ce nouvel opus.

Ce PetroDragonic, amusant en surface, recèle une profondeur quant à la teneur des propos écologiques véhiculés tout au long de l’album; un long format alarmiste qui pourfend sans aucun ménagement le parti-pris pétrolier qui persiste malgré les nombreux avis et avertissements scientifiques concernant cette catastrophe climatique à nos portes.

Et ça démarre en trombe avec la frénétique Motor Spirit, pièce caractérisée par un changement de rythme à la mi-parcours et par l’intégration astucieuse de percussions qui ramène l’auditeur dans l’univers psychédélique de la formation. Dans Supercall, on retrouve avec plaisir l’influence de Mötorhead qui définissait en partie Infest the Rats’ Nest. L’introduction thrash métal sur Converge n’a d’égal que le riff carrément héroïque qui conclut cette bombe sonore.

Dans la très rock Witchcraft, on reconnaît les mélodies vocales typiques de Stu Mackenzie, mais on apprécie surtout les claviers qui s’imbriquent parfaitement au riff principal de la chanson. Gilla Monster, elle, est une chanson que l’on pourrait classer dans le hard rock… mais du foutu bon hard rock.

Et ce PetroDragonic se conclut dans l’apothéose avec deux morceaux carrément épiques : Dragon et Flamethrower. La première contient quelques riffs évoquant sensiblement ce que propose certains groupes de power métal. La deuxième est une prouesse musicale d’exception. De manière fluide, la chanson résolument abrasive se transmute subtilement en une sorte d’électro-rock psychédélique… et il faut être drôlement compétent pour conjuguer ces deux genres musicaux avec autant d’aisance.

Pour ceux qui se procureront la version vinyle de ce brûlot, sachez qu’une pièce supplémentaire, une sorte de « spoken word éthéré », a été annexée à l’album : Dawn of Eternal Night. Évidemment, le conglomérat pétrolier et ses bruyants supporteurs en prennent plein la gueule. Coup de chapeau à la réalisation plus satinée qui n’amenuise en rien la puissance et la force de frappe de King Gizzard and the Lizard Wizard en mode métal.

PetroDragonic est-il supérieur à Infest the Rats’ Nest ? On laissera les érudits de la formation en débattre. Mais en ce qui nous concerne, lorsque l’envie de dessuinter nos oreilles nous prendra cet été, c’est avec un immense plaisir que l’on portera notre dévolu sur ce PetroDragonic.

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