Critiques

Hôtel Morphée

Rêve américain

  • Audiogram
  • 2014
  • 43 minutes
8
Le meilleur de lca

cover_raHôtel Morphée n’a jamais été le genre de groupe à faire du surplace. Même entre les deux premiers maxis en 2009 et 2010, une différence significative s’y percevait. Encore une fois, l’année dernière, avec Des histoires de fantômes le groupe arrivait avec un son plus riche, un peu plus rythmé que sur les maxis. Cette fois-ci, avec Rêve américain, autant au niveau des paroles que de l’esthétique sonore, le groupe se réinvente.

Le premier extrait, Le dernier jour, paru il y a quelques mois déjà est sans doute la pièce la plus proche de l’album précédent, mais déjà avec la batterie plus active et le son un peu plus indie-rock, Rêve américain s’annonçait autre. Et il l’est. Oubliez les tableaux pastiches de blondes plantureuses au bras de gentlemen qui roulent en Jaguar. Ce Rêve américain est planté dans les passions, la violence de ces États-Unis imaginaires où la demi-mesure n’existe pas.

À peine une minute est passée sur la pièce-titre qui ouvre la galette que Laurence Nerbonne nous chante: «J’ai rêvé que l’on se tuait/Et ensuite que l’on se manquait/J’ai rêvé que l’on se battait à mains nues/Et je dors depuis des années/Et mes armes sont toujours chargées/J’ai rêvé qu’ils venaient me prendre, les policiers.» Il y a dans les paroles un thème d’abandon sans filet plus proche de l’amour obsessif que de la gentille passion des comédies romantiques. Nerbonne approche la voix de manière différente sur ce Rêve américain, faisant appel plus souvent à des effets de distorsion. Souvent, cela passe par l’Auto-Tune qui est utilisée (heureusement) avec parcimonie.

Celle-ci montre plus de chien aussi dans sa façon d’interpréter, Psycholove le démontre bien. Plus de caractère, plus de hargne. Se faisant parfois agressive, parfois lancinante, elle a des airs d’héroïne imparfaite. Musicalement aussi, Hôtel Morphée fait peau neuve. Non pas que tout ce qui a été fait précédemment est évincé, mais on se retrouve dans un univers plus rythmé et plus coloré. On remarque beaucoup le travail de recherche sonore que Blaise Borboën a effectué pour ce nouvel album. Son violon est souvent méconnaissable, et il en va de même pour le violoncelle.

La batterie aussi se fait plus active. Stéphan Lemieux se permet plus de nuances et surtout plus de présence, frisant à l’occasion le petit rythme dance-punk. On peut en dire aussi pour le guitariste André Pelletier qui a plus d’espace cette fois-ci. Le son pop permet aux deux musiciens de réclamer une plus grande place dans le résultat sonore final. Ce Rêve américain est franchement différent du précédent et court le risque de déplaire à certains fans. Par contre, Hôtel Morphée arrive avec un son plus pop, plus accessible, sans pour autant réduire la qualité de leurs compositions. C’est un autre album solide que nous livre le quatuor et surtout qui affirme haut et fort que le surplace, ce n’est pas pour eux.

Ma note: 8/10

Hôtel Morphée
Rêve américain
Audiogram
43 minutes

www.hotelmorphee.com/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Y-ye5UPLXE8[/youtube]

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