11 mars 2025
Par Siméon Dumont
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Francouvertes 2025 | Préliminaires # 1 : Oli Féra, Dogo Suicide et De Mal en Pire

Les journées s’allongent et les Francouvertes se pointent le bout du nez; pas de doute, le printemps est à nos portes. La 29e mouture de ce concours bien aimé a commencé, hier soir, alors que la première soirée des préliminaires mettaient en vedette des projets libres, bruyants à souhait et prêts à casser la baraque.

J’aime mes ex: CRABE

Dans le cadre des sept soirées préliminaires du concours, les Francouvertes convient d’anciens participants à venir présenter du matériel sur la scène du Lion d’Or. La seule contrainte: les artistes doivent y jouer de nouvelles pièces ou des chansons de leur répertoire qui ont été retravaillées.

Pour cette première soirée sous le signe du bruit, l’équipe de programmation a visé juste en rappelant son ex art-punk, CRABE. Gabriel Lapierre et Mertin Poulin-Légaré, les deux collègues chez CRABE, sont arrivé confiants et ont convié d’emblée les spectateurs dans ce qu’ils font de mieux, la musique du cœur. La foule, assise, s’est laissé prendre au jeu et tout ce beau monde a plongé dans l’univers éclectique, sans carcan et fougueux de cette formation expérimentée. Le visage assombri, les deux musiciens ont démontré l’étendue de leur dextérité en duo. Lapierre rythmait les compositions, derrière sa batterie, et Poulin-Légaré répondait habilement sur le manche de sa guitare grinçante, tout en livrant les textes en testant ses cordes vocales. Le duo a également joué avec toutes sortes de bruits confirmant sa liberté remarquable. Visiblement ravis d’être de retour sur la scène du Lion d’Or, les deux membres de CRABE ont pesé sur les bons boutons pour préparer la foule excitée à ce qui allait suivre.

Oli Féra

« Rock alternatif, pop enfumée et musique à texte », c’est de cette façon qu’Oli Féra présente la musique qu’elle crée. Et on a eu le droit à tout ça et plus encore avec sa performance qui brisait la glace lundi soir. Accompagnée de cinq talentueux musiciens sur scène, la jeune autrice-compositrice-interprète a démontré l’étendue de son expérience et de son talent. Fière d’une présence scénique bien marquée, Féra a alterné entre ses chansons rock et mélodieuses et quelques récits qui introduisaient celles-ci. Roulant sa bosse depuis 2017, elle ne manque ni de confiance ni de bagout et c’est avec cette assurance qu’elle a présenté des chansons comme Tourne-moi le dos, Pick-up truck, Pour l’instant et d’autres qui n’ont pas vu le jour encore.

Les textes qui composent ses chansons sont intimes et crus, comme sur ce morceau sur lequel elle s’adresse directement à son père. À d’autres moments, les paroles abordent des sujets plus convenus, comme le voyage et l’exploration de soi. À travers tout ça, Oli Féra arpente la scène, va à la rencontre de ses musiciens et dégage une impressionnante joie de se donner en concert. Elle a conclu son passage avec brio, laissant sa guitare de côté, s’ouvrant à la foule qui s’est immédiatement levée au son des dernières notes.

Dogo Suicide

Le power trio post-punk de Québec, Dogo Suicide, était le prochain a prendre place sur scène et le niveau de décibel allait monter. Nicolas Côté et Emmanuel Canadian, les deux chanteurs du groupe, étaient en avant-plan, le second arborant une jaquette d’hôpital juste assez glauque, alors que Richard William Turcotte s’affairait habilement à la batterie en y ajoutant aussi sa voix par moments. Avec énergie et charisme, la formation a joué quelques extraits apparaissant sur son dernier EP Apologie du menteur. La délicieuse Contresens dépeint judicieusement l’identité de Dogo Suicide avec ses riffs gonflés à bloc, ses textes chantés à tue-tête, mais aussi avec son côté mélodique et mélancolique. Les chansons Sexe pour les yeux et Julien: La crise de Juju Caviar ont également offert de moments forts, illustrant la grande capacité du trio sur scène.

Sans trop s’attarder entre les chansons, Dogo Suicide a été concis et punché, au son des six offrandes qu’ils ont présentées. Notons aussi que, malgré leurs textes crus et la certaine irrévérence qui émane du projet, il dégage également une bienveillance fort attachante.

De Mal en Pire

Pour clore la soirée, les Sherbrookois d’origine de De Mal en Pire ont invité le public du Lion d’Or à une véritable clinique de métal. Le crescendo de cette première soirée de préliminaires des Francouvertes 2025 a atteint son paroxysme au son des compositions robustes de ce quatuor. Le leadeur de la formation, sur scène, Rémi Brière-Aubé, a usé de sa voix impressionnante pour chanter les textes coécrits avec Frédéric C. Smith. Les paroles particulièrement poétiques de chansons comme Délire Mantique, L’Astre de Velours et Cent Maux illustrent plutôt bien la déchéance que l’on retrouve dans Sã Mo, le plus récent album du groupe. L’énumération « Seul, exclu, mort, vaincu » est revenue quelques fois, toujours accompagnée par le brio musical de la formation. Plus sérieux, De Mal en Pire a occupé la scène pendant un bon moment, peut-être un peu trop longtemps pour un public dont l’ouïe a été testée toute la soirée. Ça n’enlève toutefois rien à ce groupe talentueux qui, lundi soir, a fait vivre le métal de grande façon dans un concours un peu plus timide de ce côté habituellement.