Critiques

Mon Doux Saigneur

Mon Doux Saigneur

  • Grosse Boîte
  • 2017
  • 39 minutes
8
Le meilleur de lca

Mon Doux Saigneur lance son premier album qui était très attendu dans l’industrie musicale. Depuis ses premières sorties indépendantes sur Bandcamp, Emerik St-Cyr Labbé séduit les mélomanes qui évoluent pour les médias, les autres artistes et ceux qui gravitent autour du Quai des Brumes. Il faut dire que le jeune homme est un parolier et un compositeur doué. Est-ce que ça se transmet sur son premier album en bonne et due forme?

Oui, totalement. Mon Doux Saigneur arrive avec un folk légèrement crasse qui compte à la fois sur des structures de chansons intelligentes et différentes de ce qui se fait ainsi que des textes qui capturent la poésie des situations quotidiennes. Avec ce premier album, le finaliste des Francouvertes en 2016 prouve que la foi qui avait été placée en lui en valait le coup. Le buzz n’est pas artificiel.

« J’ai jamais dit que j’étais lucide
J’ai jamais dit que j’étais sauvage
J’ai jamais dit que j’étais sénile
J’ai jamais dit que j’étais un mirage
J’ai jamais dit que j’allais sauver le monde
J’ai jamais dit que j’allais pas sauver le monde
J’ai jamais dit que j’allais sauver le monde
J’ai jamais dit que j’allais pas sauver ton monde»
Le Courant

Le Courant ouvre l’album homonyme et nous percute par sa progression qui chante du tout au tout en plein milieu. Oubliez les refrains faciles, Mon Doux Saigneur tisse des toiles poétiques avec ses mots qui évite les terrains convenus. Déjà, Primitif nous indiquait qu’on pouvait s’attendre à des chansons de qualités et ça ne se dément pas sur ce premier album. Ne pensez pas pour autant qu’il reste emprisonné dans ses sonorités folk, Poff poff rentre au poste avec un rock contagieux et entraînant.

Pour la plupart, les chansons qui se retrouvent sur l’album sont des compositions qu’on a peu entendues avant. Il y a cependant une exception, Ici-bas, une chanson qu’il traîne avec lui depuis un bon bout de temps. Par contre, sa version ici est délicieuse, ralentie et rendue plus lourde. Une chanson qui parle de la grève de 2012 (des étudiants québécois) qui a marqué une génération au fer rouge. Une génération qui a compris que l’établissement n’était pas là pour lui faciliter la vie ou encore se pencher sur ses préoccupations.

« Envoyez la boucane
Envoyez les bombes
On trouvera ben une façon de se rendre
Envoyez les gros pits
Avec les répercussions
On s’agitera dans la ville jusqu’au dernier son»
Ici-bas

Musicalement, on reconnaît une filiation avec ce que propose Bernard Adamus, mais aussi un Philippe B pour les pièces plus tranquilles. Dans les textes, ça donne parfois l’impression de la folie des textes des chansons de Robert Charlebois souvent signé par Mouffe. Bref, c’est du gros stock.

C’est un premier album tout à fait réussi pour Émerik St-Cyr Labbé qui est entourée de solides musiciens: David Marchand (Eliza, Zouz), Étienne Dupré (Caltâr-Bateau, Jesse Mac Cormack), Mandela Coupal-Dalgleish, Eliott Durocher (Caltâr-Bateau) et les deux réalisateurs Tonio Morin Vargas (Bernard Adamus) et JB Pinard (Pandacide, Fire/Works). Une sortie attendue qui ne décevra pas les mélomanes.

Ma note: 8/10

Mon Doux Saigneur
Mon Doux Saigneur
Grosse Boîte
39 minutes

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