Critiques

Wild Beasts

Boy King

  • Domino Records
  • 2016
  • 60 minutes
7,5

Wild BeastWild Beasts est actuellement l’une des formations parmi les plus respectés de la Grande-Bretagne. Avec cinq albums au compteur, tous majoritairement bien reçus, on peut dire sans se tromper qu’on a affaire ici à un groupe pop majeur… «pop» est ici utilisé de manière positive. Le dernier album de Wild Beasts, intitulé Present Tense (2014), voyait la formation prendre une tangente nettement plus électro. Alors, à quoi s’attendre du nouveau disque titré Boy King?

Réalisé par l’excellent John Congleton (Swans, St. Vincent, Kurt Vile), homme qui a de moins en moins besoin de présentation, ce Boy King est l’album le plus concis et le plus immédiat que la bande à Hayden Thorpe ait conçu. Les sonorités modernes se mélangent subtilement à des éléments synthétiques très années 80; une création parfaitement rétro-futuriste.

Une forte sensualité masculine se dégage également des textes de Thorpe qui y va d’une charge sarcastique à l’endroit d’une forme de masculinité machiste et désuète qui prévaut depuis des siècles.

Petit apparté ici. Certains conservateurs/grandes-gueules aimeraient retourner à l’époque du bonhomme qui lisait son journal en attendant que bobonne fasse la popote. Ne vous en faites pas, ces soubresauts rétrogrades achèvent. Un peu de patience, on va y arriver!

Cela dit, tout au long de l’écoute, j’ai pensé à un Nine Inch Nails en format lascif ou encore à un Metronomy avec un peu plus de testostérone. Ce changement de cap, combiné à la voix distinctive d’Hayden Thorpe (amalgame de Anohni et Mark Hollis, ancien meneur de Talk Talk), est une indéniable réussite.

Wild Beasts s’est toujours positionné comme un groupe pop différent et d’entendre la formation nous proposer un album moins labyrinthique a de quoi nous désarçonner. Certains pourraient y percevoir une tentative de domestication de Wild Beasts. En ce qui me concerne, j’y entends plutôt un groupe en parfaite maîtrise de son art. Un seul bémol qui n’en est vraiment pas un? La conclusive Boy King Trash, qui constitue un ramassis épars de prises rejetées et alignées les unes à la suite des autres, pourrait taper sur les nerfs de l’amateur de brièveté chansonnière. Pour ma part, j’ai eu l’impression d’entrer dans la tête créative de Wild Beasts et ça ne m’a franchement pas déplu.

Quelques excellentes pièces sont venues me combler. Je pense entre autres à 2BU qui sonne à peu de choses près comme le Hopelessness d’Anohni. C’est bien sûr un compliment. He The Colossus grafigne un peu plus que la moyenne, l’électro-rock Alpha Female fait bouger le popotin et Dreamliner remémore parfaitement le spleen de Mark Hollis.

Encore une fois, Wild Beasts tire bien son épingle du jeu, demeure pertinent, et surtout, ne se contente pas de rabâcher la même recette. Et la longévité de la carrière du groupe tient probablement à ce désir et à cette capacité de renouvellement qui habite toujours Wild Beasts. Encore une fois, rien à redire, c’est du solide.

Ma note: 7,5/10

Wild Beats
Boy King
Domino Recording
60 minutes

http://wild-beasts.co.uk/

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