The Vines
Wicked Nature
- Wicked Nature Music
- 2014
- 55 minutes
Depuis au moins les trois dernières années, on entend souvent le terme «grunge revival» pour décrire la musique de tel ou tel band (de Wavves à Roomrunner en passant par Yuck, pour n’en nommer que quelques-uns). Selon moi, c’est au début du siècle, alors que les groupes affublés du préfixe «The» trônaient dans les palmarès et les discmans des cégépiens, que le grunge a effectué son premier retour. Bien sûr, je ne fais pas référence aux Strokes ou autres Hives, mais bien au groupe australien The Vines.
La musique de Craig Nicholls et ses comparses de l’époque était construite autour de l’esprit et de l’esthétique des groupes de Seattle. Impossible de ne pas sentir la fameuse hargne nirvanesque dans les compositions du jeune homme, portées aux nues par NME et Rolling Stone. Cependant, on y entendait beaucoup d’autres choses, dont un côté joyeusement cinglé et des influences de la fin des années soixante/début soixante-dix, de Brian Wilson et des Beatles à T.Rex. Bref, si le succès des Vines était surtout attribuable à son tube aux accents punk rock Get Free (dont le riff central a ensuite été volé par U2 pour la toune Vertigo), il y avait beaucoup plus de chair autour de l’os pour l’amateur qui prenait le temps de creuser un peu et écouter l’album au complet.
Même si les medias, les «major labels» et les divers membres du groupe ont successivement plié bagage quand le comportement de Nicholls est devenu plus erratique en raison de son syndrome d’Asperger, le type n’a jamais cessé de livrer des albums de qualité bourrés de vers d’oreille. Tout ce qu’il a sorti à ce jour (Highly Evolved, Winning Days, Vision Valley, Melodia et Future Primitive) est très bon et ce n’est pas Wicked Nature qui changera la donne.
Ce nouvel opus qui s’étale sur deux disques a été entièrement financé par les plus fidèles fans du groupe grâce à la magie de l’Internet. On y retrouve vingt-deux pièces, dont plusieurs brûlots qui feront la joie des amateurs (Metal Zone, Green Utopia, Psychomatic et j’en passe) ainsi que quelques pièces très groovy ou planantes (Killing the Planet, Venus Fly Trap, etc.) qui évoquent encore une fois les légendes du rock que sont Lennon et Marc Bolan. Bien sûr, il y a quelques chansons qui agissent comme agent de remplissage en fin de parcours, mais même pour celles-là, le plaisir croît très rapidement avec l’usage. Si tu aimes déjà les Vines, prépare-toi tout simplement à triper pour une sixième fois.
Voilà pour les fleurs.
Maintenant, le pot: la pochette de l’album, peinte par Nicholls, est officiellement en nomination dans la catégorie «Laideur de l’année» aux côtés de celle du nouveau Leonard Cohen. Puis à 55 minutes au compteur, il aurait été facile de rentrer toutes ces chansons sur un seul CD. Ce n’est quand même pas un album concept du genre de The Wall, tsé. C’est du gaspillage de plastique ou c’est juste moi qui capote?
Ma Note: 8/10
The Vines
Wicked Nature
Wicked Nature Music
55 Minutes
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