Critiques

Sharon Van Etten

Are We There

  • Jagjaguwar Records
  • 2014
  • 47 minutes
8,5
Le meilleur de lca

arewethere.lpoutLa songwriter américaine, résidente de Brooklyn, New York, nommée Sharon Van Etten, revient cette semaine un peu plus deux années après la parution de son troisième et excellent disque intitulé Tramp. Voici Are We There. Si sur le précédent effort, Aaron Dessner de la formation The National dirigeait les opérations, cette fois-ci, Van Etten tient bien en main les commandes, accompagnée de Stewart Lerman (Antony And The Johnsons, David Byrne, St.Vincent etc.). Fait à noter, certains instruments employés au cours de l’enregistrement ont été utilisés par Patti Smith et John Lennon… lors de sessions antérieures bien entendu!

Si sur Tramp, on pouvait faire des liens musicaux évidents entre ce que propose The National et l’écriture chansonnière de Van Etten, pour cette fois, la jeune dame nous propose un assemblage sonore toujours influencé par ses doyennes, mais détenant une identité exclusive. Van Etten se distancie juste assez de ses ascendants afin de catapulter un brillant disque animé d’une mélancolie prenante/constante et qui exprime avec une véracité indéniable les désordres amoureux vécus par l’artiste. Là où Lykke Li a lamentablement échoué, Van Etten réussit à émouvoir concrètement sans verser dans l’apitoiement et le pathétisme de pacotille.

L’interprète a pris hors de tout doute du galon, présentant de sublimes inflexions vocales avec une voix complètement bonifiée, plus juste et plus déterminée. De plus, Van Etten effectue un travail de réalisation impeccable parvenant à conserver le fragile équilibre entre épuration sonore et orchestration étoffée. On y décèle un virage un peu plus accessible, mais qui ne flirte jamais avec le racolage marchand. On y entend claviers, orgues, piano, cuivres de même que des rythmes synthétiques distribués avec parcimonie et intelligence. Ces compléments sonores ne viennent jamais affaiblir les chansons et la superbe voix de Van Etten; une des conceptions sonores les plus désarmantes et bouleversantes entendues chez une interprète féminine au cours des dernières années… à part peut-être le dernier Fiona Apple.

La créatrice vient de passer une nouvelle fois à un échelon supérieur (elle nous fait le coup à chaque offrande) et devra se préparer indéniablement à une reconnaissance accrue avec l’avènement de ce Are We There. Ce «one-girl show» constitue le parfait exemple d’un disque à fleur de peau, mélancolique, mais qui ne vacille jamais le pleurnichage égocentrique.

Van Etten sitedemo.caigue un remarquable bouquet de chansons prenantes, parmi les meilleures de son répertoire: la valse mélancolique Afraid Of Nothing, le refrain captivant transportant Taking Chances, les cuivres admirablement bien positionnés dans le mix sur Tarifa, les balades pianistiques I Love You But I’m Lost et I Know ainsi que la conclusive/magistrale titrée Everytime The Sun Comes Up sur laquelle l’auteure nous confie ceci: «Everytime the sun comes up I’m in trouble…». On ne peut passer sous silence la tout simplement parfaite Your Love Is Killing Me; la plus grande ritournelle de tout le corpus chansonnier de Sharon Van Etten, rien de moins! Un minuscule bémol au programme: la mignarde Nothing Will Change qui a tempéré l’appréciation de votre modeste scribe.

Sharon Van Etten est bien en selle pour demeurer dans le paysage musical made in USA pour de nombreuses et fructueuses années. De sitedemo.cauction en sitedemo.cauction, elle ne cesse de grandir artistiquement et elle s’approche discrètement (d’un pas assuré) d’un certain firmament chansonnier réunissant d’importantes pointures féminines telles que PJ Harvey, Patti Smith, Feist, Anna Calvi, Fiona Apple, St.Vincent et autres consorts. Ému.

Ma note: 8,5/10

Sharon Van Etten
Are We There
Jagjaguwar
47 minutes

www.sharonvanetten.com

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