Critiques

Patti Smith

Banga

  • Columbia Records
  • 2012
  • 59 minutes
7

Lundi dernier, une légende de la musique lançait son onzième album studio. Effectivement, la musicienne, chanteuse, poétesse, peintre et photographe, âgé de 66 ans, nommée Patti Smith nous offrait Banga, son quatrième album depuis l’an 2000. L’icône punk de la fin des années 70 est de retour avec une création, qui, fidèle à son habitude, rend hommage aux grands disparus et aux amitiés qui ont jalonné sa vie d’artiste… car il faut bien avouer que la vie de Patti Smith fut marqué au fer rouge, par la perte de plusieurs personnes décédées au cours de sa carrière. Entre autres, le guitariste Fred «Sonic» Smith (MC5), qui fut son époux et qui inspira son retour à la chanson en 1994.

Sur Banga, la grande dame s’est entourée de ses fidèles collaborateurs qui l’accompagnent depuis de nombreuses années: Tony Shanahan, l’incontournable Lenny Kaye et le batteur Jay Dee Dougherty. S’ajoutent à l’équipe, le légendaire Tom Verlaine, le fils de la poétesse Jackson Smith, de même que l’acteur Johnny Depp, qui s’exécute à la guitare, sur la chanson Nine. Avis aux mélomanes, cette création est absolument à classer dans le registre «adulte»; une mixture de rock issu des années 70, d’incantations poétiques dont Patti Smith possède à elle seule le secret et de musiques qui s’incrustent parfois dans le free-jazz.

Banga est une œuvre empreinte d’une mélancolie déchirante dont la matière première évoquée est la mort; plus spécifiquement le deuil qui s’ensuit et qui contraint à la transformation personnelle. C’est une création lourde mais curieusement lumineuse. Plusieurs morceaux se veulent des hommages sentis à des personnalités artistiques de première importance. Parmi les plus touchantes, il y a Maria (en respect à la comédienne Maria Schneider qui jouait dans Le dernier tango à Paris) et l’improvisation psychédélique dédiée à Johnny Depp titrée Nine. Je passe outre la déférence quelconque offerte à Amy Winehouse intitulée This Is The Girl

Les cinq premières pièces, aux accents pop rock conservateurs, m’ont laissé de marbre et avec une impression de résider en territoire «adulte contemporain»; ce qui diminue l’ardeur lyrique de la poésie de Smith. À partir de Banga, le disque prend finalement son envol vers des atmosphères sonores plus audacieuses. J’en veux pour preuve la folk métissée nommée Mosaic, la free-jazz incantatoire Tarkovsky (The Second Stop Is Jupiter), la ballade acoustique, hypnotique et orchestrale intitulée Seneca et la magnifique Constantine’s Dream, animée par une récitation épique de Patti Smith et une finale digne de Nick Cave & The Bad Seeds. L’album se conclut avec une reprise convenable de After The Gold Rush de Neil Young.

Banga, sans être un grand album, prouve hors de tout doute que Patti Smith est une grande dame de l’histoire du rock. Pertinent, émouvant, d’une écriture poétique juste et chanté magnifiquement, ce Banga, malgré quelques pièces pop inintéressantes, est un disque qui saura plaire aux adeptes de l’artiste, de même qu’aux friands de rock mature! À mettre dans vos oreilles si vous appréciez le combo rock/poésie. Approprié!

Ma note : 7/10

Patti Smith
Banga
Columbia Records
59 minutes

www.pattismith.net/intro.html

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