Critiques

Tei Shi

Crawl Space

  • Downtown Records
  • 2017
  • 47 minutes
7

On attendait le premier album de Tei Shi avec impatience. L’Argentolienne nous avait déjà livré deux EP savoureux : Verde et Saudade. Valerie Teicher, de son vrai nom, n’a que rarement pu s’enraciner. Pendant son adolescence, elle a vécu à Bogotá, à Vancouver et à Montréal. Finalement, elle s’est exilée à Boston pour étudier à Berklee en musique. Par la suite, elle s’est installée à Brooklyn. Tei Shi fait de la pop sensuelle qui flirte avec le R&B et l’indie-rock sur laquelle elle chante avec une voix sur le souffle, comme si elle nous chuchotait ses ritournelles aux oreilles.

Crawl Space est son premier album et sort via une maison de disque alors que ses sorties précédentes étaient entièrement indépendantes. Le nom de l’album est une référence à un endroit l’on se cache en petite boule. Teicher a souvent dû s’adapter à un nouveau milieu et c’est un thème récurrent sur l’album. Le tout est couché sur des trames variées et intéressantes pour la plupart.

Tei Shi possède une voix assez unique. Par moment, elle se rapproche un peu du timbre de voix d’Emily Haines particulièrement sur Baby qui ressemble à s’y méprendre à certaines chansons de Metric. La mélodie vocale et l’instrumentation sont calquées sur le groupe canadien. Say You Do pour sa part ressemble un peu plus à ce que font Chvrches, Grimes ou encore Jessie Ware. Même si Teicher chante avec panache, ces quelques chansons donnent l’impression qu’elle n’a pas encore complètement trouvé sa voix.

Par contre, elle nous livre aussi quelques pièces assez solides, merci! L’intoxicante Keep Running montre à quel point elle maîtrise l’organe vocal. Elle passe d’une voix veloutée et fantomatique à une puissance contrôlée pendant le refrain. Sur Justify, avec beaucoup de simplicité elle livre ces paroles à l’ascendant féministe :

« Justify me now
Just, justify me now
Justify me now
Just what I need now
Just define me now
Just, just define me now
Just define me now
Just what I need now »
— Justify

Des paroles simples, mais qui portent le poids de la situation des femmes dans le monde de la pop, alors qu’elles sont souvent prises sous le grappin d’un vieux business man qui cherche à faire de l’argent en profitant de sa beauté. Year 3K pour sa part approche la vie avec beaucoup plus de simplicité avec une touche de néo-soul et c’est très réussi.

Tei Shi nous offre un premier album bien plaisant à classer dans la même catégorie de pop qu’un Chairlift. C’est de la pop légèrement marginale portée par une chanteuse plus que capable. Teicher nous livre plusieurs chansons fortes et malgré les quelques moments où l’on doute de sa direction artistique, c’est tout de même du bonbon pour les oreilles.

Ma note: 7/10

Tei Shi
Crawl Space
Downtown Records
47 minutes

http://www.tei-shi.com/