Critiques

Ty Segall

First Taste

  • Drag City
  • 2019
  • 41 minutes
7,5

Dans la vie, il y a des choses immuables et la parution annuelle d’un album (ou deux, ou trois) de Ty Segall en fait partie. L’année dernière, le bon Ty nous a ensevelis de quatre disques, rien de moins, incluant entre autres un enregistrement « live » (Deforming Lobes). Et c’est l’excellent Freedom’s Goblin qui s’est détaché du lot : une sorte de « best of », résolument rock, de ce que peut créer Segall.

La semaine dernière, le productif et talentueux musicien revenait à la charge avec une nouvelle création intitulée First Taste; titre qui laisse peut-être présager une certaine métamorphose sonore.

Pour la première fois de sa carrière, le Californien d’origine remise sa guitare électrique « fuzzée », s’installe à la batterie en compagnie de son dévoué comparse Charlie Moothart (Segall est à la gauche dans le mix, Moothart à droite) et ajoute à son arsenal sonore de nouveaux instruments : koto, bouzouki, claviers dégoulinants, saxophone, « pitch shifter », etc.

Pour une énième fois, Segall, le musicien, nous épate. En plus de jouer tous ces instruments avec une extraordinaire maîtrise, Segall, le chanteur, prend également du galon. Dans Ice Plant, la voix de l’Américain, superposée en plusieurs couches, donne un magnifique résultat.

En contrepartie, le rockeur nous présente quelques chansons plus faibles qu’à l’accoutumée. I Sing Them nous a semblé quelque peu répétitive et Whatever, malgré l’inventivité des arrangements, est mélodiquement moins intéressante. De plus, Segall recycle quelques idées issues de ses productions antérieures : le duo batterie-percussions dans Taste est en tout point calqué sur celui entendu dans Feel; pièce phare de l’album Manipulator paru en 2014. Le fanatique qui connaît bien Ty Segall ne sera pas berné par le procédé.

Néanmoins, on ne peut qu’offrir une courbette bien sentie à la prise de risque de Segall. Refusant le surplace, le brillant instrumentiste s’impose des contraintes créatives, sort de sa zone de confort et amorce probablement une transformation… et l’artiste nous fera vivre cette mutation de création en création, comme il a l’habitude de le faire depuis plus de dix ans.

Parmi les réussites ? Taste est une entrée en matière percutante. L’échange percussif « gauche droite » entre Segall et Moothart dans The Fall est réussi. Les claviers psychédéliques dans When I Met My Parents Pt. 3 nous donne envie de nous en rouler un p’tit et la mixture claviers/instruments traditionnels dans Radio insuffle une certaine cure de jouvence au son habituel de Segall.

Sans être un disque majeur dans sa discographie, ce First Taste fait la preuve qu’il est parfaitement en mesure de se lancer des défis créatifs qui favoriseront probablement la pérennité de sa musique. Le rock est mort ? Peut-être, mais Segall garde sa flamme vacillante en vie et lui fait honneur !

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