Twin Shadow, alias George Lewis Jr: artiste sujet à débat à savoir qui rédigera les critiques de ses albums à paraître entre votre vieux schnock et l’acolyte LP Labrèche. C’est que voyez-vous, ce que présente Twin Shadow est aux antipodes des goûts musicaux de l’ami Labrèche et de l’auteur de ces lignes… mais puisqu’au Canal Auditif, nous tentons le plus possible de conserver intacte une certaine objectivité, notre Twin Shadow réussit toujours à obtenir l’approbation escomptée.

Et cet Eclipse ne fera pas exception à la règle. Ce créateur, qui amalgame tout ce que votre humble critique exécrait dans les années 80, propose un disque cohérent, efficace, objectivement fort intéressant et qui pourrait constituer l’ultime consécration pour Lewis Jr. Mélodiquement rassembleur, musicalement hyper accrocheur, Lewis Jr, fait ce qu’il faut pour séduire le dénominateur commun. C’est assumé et bien réalisé.

Sur ce troisième album studio, l’émotion est bien entendu à fleur de peau, frisant régulièrement le pathos, mais l’alliage sonore évoque en partie TV On The Radio, combiné à une petite touche des Killers et ça lorgne parfois vers ce que Drake peut sitedemo.caiguer. Côté texte (et c’est ce qui différencie Twin Shadow des vieilles moppes mignardes qui ont oeuvré dans les eighties) notre homme évoque le penchant doux-amer d’un Morrissey. Sur ce plan, ça pique la curiosité, malgré l’inclinaison trop dramatique et théâtrale de l’affaire.

En contrepartie, on refuse toute comparaison avec le travail nettement plus pertinent de Perfume Genius (Mark Hadreas) qui pousse beaucoup plus loin l’expérimentation sonore et encore plus à perte de vue le travail littéraire. Les textes d’Hadreas sont aussi «intenses» que ceux de Lewis Jr, mais franchement plus véridiques et sentis que l’interprétation offerte par Twin Shadow. Donc, ne vous avisez pas de comparer Perfume Genius à Twin Shadow en notre auguste présence, on pourrait prendre le mors aux dents… On exagère bien sûr.

Fidèle à son habitude, Twin Shadow fait preuve d’adéquation pop sur plusieurs morceaux. Flatliners, le simple To The Top, l’apport vocal de Lily Elise sur Alone, la dansante/funky Old Love/New Love de même que la très TV On The Radio titrée Watch Me Go (meilleure pièce de l’album) font partie des moments forts de ce disque… mais bon, ça demeure résolument conventionnel.

Ceux qui adoraient Lewis Jr ne seront pas désarçonnés par la nouvelle mouture présentée. Destiné à émouvoir démesurément la masse en mal de musiques rédemptrices, Twin Shadow réussit son pari et dans une optique d’obtenir l’amour/acceptation du plus grand nombre, ce disque est un tour de force. En ce qui nous concerne, il y a longtemps qu’on a laissé en plan le désir d’obtenir du réconfort de la part de l’humanité au grand complet. Donc, pour être poli, disons que la démarche préconisée par Twin Shadow nous laisse complètement de marbre.

Ma note: 7/10

Twin Shadow
Eclipse
4 AD
38 minutes

http://www.twinshadow.net/Eclipse?ref=http://www.twinshadow.net/

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