Critiques

Squid

O Monolith

  • Warp Records
  • 2023
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

En 2021, cette jeune formation britannique en avait épaté plus d’un avec la sortie de l’excellent et foisonnant Bright Green Field, création qui amalgamait des ascendants post-punk, post-rock et krautrock. Par moments, on y décelait de subtiles influences free jazz. Ce disque bourratif contenait une grande chanson : Narrator, un morceau de bravoure interprété en compagnie de la chanteuse Martha Skye Murphy. Or, c’est en concert que l’inventif quintette a franchement convaincu l’auteur de ces lignes. Ceux qui étaient présents au Ritz PDB le 22 mars 2022 s’en souviennent encore très bien !

Évidemment, les fans attendaient avec impatience la sortie de ce deuxième opus de Squid. Réalisé par Dan Carey (Wet Leg, Fontaines D.C., Black Midi) et mixé par John McEntire (Tortoise), la gestation de O Monolith s’est amorcé quelques semaines seulement après la sortie de Bright Green Field, plus précisément lors de la tournée 2021. Ensuite, la formation a pris une pause de concerts afin de travailler sur ses nouvelles chansons dans un local de répétition situé à Bristol. Et le groupe a achevé le travail dans les studios Real World, appartenant au mythique Peter Gabriel, en compagnie de Carey.

Les histoires racontées dans Bright Green Field étaient campées dans un environnement urbain imaginaire. O Monolith, lui, a été enregistré en milieu rural. La vaste majorité des chansons mettent donc en lumière les réflexions de personnages citadins qui cherchent à comprendre la ruralité. Évidemment, la donne écologique domine l’ensemble des pièces, ce qui n’étonnera personne, car la démarche artistique de Squid s’articule principalement sur le déclin environnemental de l’humanité. Les thèmes de la brutalité policière, de l’isolement, des crises existentielles et de la déconnexion de l’être humain de la nature sont également abordés.

Toujours aussi audacieuse, dense et tortueuse, la nouvelle proposition du quintette est somme toute plus fluide et spacieuse que ce qui était présenté sur Bright Green Field. Sur ce nouvel album, Squid cherche à approfondir son identité, et ce, sans perdre son habituelle inventivité chansonnière.

O Monolith démarre de magnifique manière avec Swing (In A Dream); un morceau inspiré par un tableau du peintre Jean-Honoré Fragonard titré L’escarpolette. On note également une forte influence mélodique et « guitaristique » de la formation Sonic Youth. Devil’s Den, elle, mélange le folk traditionnel anglais, le noise rock et le post-punk. Siphon Song est un petit bijou de crescendo qui débute avec des voix trafiquées pour se conclure dans une jouissive déflagration sonore. Undergrowth est une réflexion émise par le batteur-chanteur Ollie Judge qui, pendant les confinements pandémiques, observait tous ces objets inanimés en se demandant s’ils avaient une âme. The Blades est une réaction sonore tout à fait appropriée à la brutalité policière qui sévit plus que jamais, semble-t-il, en Angleterre. Green Light détient de forts liens sonores avec ce que crée Black Midi, l’autre entité anglaise qui repousse les limites du post-punk. Squid conclut cet excellent O Monolith avec If You Had Seen The Bull’s Swimming Attempts You Would Have Stayed Away; une chanson qui compare la montée de la droite identitaire et économique en Occident à l’arrivée massive de rats dans les égouts de la Grande-Bretagne…

Moins immédiat que son prédécesseur et malgré l’effet de surprise qui, en toute logique, s’estompe quelque peu, Squid réussit aisément à passer le proverbial « test » du deuxième album. En accentuant son penchant « prog » et en s’efforçant de mélanger de façon harmonieuse ses influences, le quintette confirme ses énormes compétences musicales.

Et ne les manquez surtout pas en concert !

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