Critiques

Corridor

Mimi

  • Bonsound / Sub Pop Records
  • 2024
  • 32 minutes
7,5

Le temps passe vite. Ça fait déjà 5 ans depuis la sortie de Junior, le troisième album de Corridor, qui était aussi leur premier en tant que signé chez Sub Pop en plus de leur maison de disque québécoise, Bonsound. Leurs deux derniers albums se sont retrouvés dans les palmarès de fin d’année. Depuis le dernier album, Jonathan Robert a aussi fait paraître deux albums en solo. Parfois, peut-être faut-il prendre du temps et de l’espace, pour mieux se retrouver?

En tout cas, il semble qu’il y a un chemin parcouru entre Junior et Mimi. On pourrait ici utiliser la bonne vieille expression galvaudée : l’album de la maturité. Et bien que ce soit un cliché, il faut dire que Mimi s’y colle à merveille avec ses thématiques franchement plus adultes comme la mort, l’argent ou à tout le moins, son absence, et les réflexions et tribulations qui suivent la fondation d’une famille. Le tout en sachant que le titre fait aussi référence à la vieille chatte de Jonathan Robert.

Il y a aussi une évolution dans le son de Corridor. Le groupe a pris son temps pour enregistrer Mimi, contraire à Junior qui devait être fini rapidement étant donné la signature avec Sub Pop qui attendait un album. La formation a pris le temps de fignoler les textures en y incorporant davantage d’électronique. On le remarque dès la première chanson Phase IV qui arrive avec des sonorités de synthétiseurs aériens qui sont ramenées sur terre par la basse de Dominic Berthiaume. On y trouve des airs des groupes les plus excentriques de la vague new wave.

Généralement, ce travail de fignolage en studio leur sourit puisque les cinq gars de Corridor sont des geeks de musique avérés et savent creuser pour trouver des textures nouvelles. Les sons électroniques viennent habiller presque toutes les chansons. Elles sont omniprésentes sur Caméra. Le groupe prend vraiment une virée dream pop sur Mimi qui jure avec le côté assez rock de Junior.

Cela ne veut pas dire que tout le dynamisme est évacué de l’album. L’une des meilleures pièces de Mimi, Jump Cut fait appel à cette énergie qui a toujours souri à la formation. Mon argent est aussi plutôt dégourdie et se démarque avec son texte qui traduit habilement la réalité de bien des musiciens qui vivent dans une certaine précarité et dans un monde de gestion de la liquidité complexe (lire ici, recevoir un chèque de droits d’auteurs par année).

Il me paraît infidèle
Dans le creux de mes mains
Il repart par la fenêtre
Et reviendra demain

Mon argent infidèle
Plus maigre et incertain

Mon argent

On retrouve un peu moins les chœurs vocaux où les voix de Jonathan Robert et Dominic Berthiaume s’entremêlent sur Mimi. Peut-être même que certains moments ont échappé à mes oreilles étant donné que la voix n’est pas particulièrement mise de l’avant sur Mimi. On s’ennuie un peu des envolées que la paire était capable de faire. Mon argent est l’un des rares moments qui nous contentent sur ce plan.

Corridor livre un bon album de rock, beaucoup plus planant que ses sorties précédentes. Ça donne l’impression d’une transition vers une nouvelle sonorité pour la formation, mais je n’oserai prédire là où voudra se diriger le quintette la prochaine fois. Pour le moment, ce Mimi mérite un détour.

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