Critiques

Parquet Courts

Human Performance

  • Rough Trade
  • 2016
  • 47 minutes
7

Parquet CourtsS’il y a un groupe qui plaît particulièrement à l’auteur de ces lignes, c’est bien le quatuor rock new-yorkais Parquet Courts. Assemblée autour de deux excellents meneurs, les guitaristes-chanteurs Andrew Savage et Austin Brown, la bande a parachevé la séduction de votre humble scribe lors de leur dernier passage à Montréal. C’est étonnamment solide en concert pour un band de «slacker»! Parquet Courts était de retour la semaine dernière avec un nouvel album intitulé Human Performance.

Si les acclamés Light Up Gold et Sunbathing Animal mettaient de l’avant un rock nerveux, minimaliste, un peu punk, qui évoquait à la fois Pavement, Television et Sonic Youth, on peut dire que cette fois-ci les Courts se calment le pompon. Plus mélodique, moins enfiévré qu’à l’accoutumée, ce Human Performance remémore souvent la quiétude claustrophobe du 3e album du Velvet Underground. Vous n’aurez qu’à écouter Steady On My Mind pour vous en convaincre.

L’immédiateté juvénile, la cohérence chirurgicale, l’explosivité générale sont reléguées à l’arrière-plan. Brown et Savage proposent des chansons plus raffinées et inventives qu’à l’accoutumée. Ceux qui les aimaient un peu plus «dérangés» pourraient demeurer sur leur appétit aux premières auditions de cette galette, mais au fur à mesure, on s’y fait. On découvre chez Parquet Courts une finesse musicale insoupçonnée qui finit par faire son chemin.

Est-ce qu’on s’est ennuyé du punk «drette dans ta face» d’une pièce comme Sunbathing Animal ou encore de la sublime (et très Television) Stoned And Starving? Bien sûr. Human Performance manque souvent de hargne et de dynamisme, comme si Parquet Courts entreprenait de manière un peu malhabile un virage musical accessible. Rien de bien grave me direz-vous, mais ce n’est pas tout à fait maîtrisé et plusieurs morceaux font office de remplissage… mais autant les adeptes du groupe que les fanatiques de rock new-yorkais sauront apprécier à sa juste valeur ce disque.

Pourquoi? Parce que Savage et Brown sont deux songwriters rock de talent. Quelques chansons atteignent les standards établis. L’extrait Dust (et son clip bizarroïde), l’accrocheuse Human Performance, la valse dissonante I Was Just Here, l’explosive Paraphrased, la locomotive Two Dead Cops ainsi que la dépressive It’s Gonna Happen sont toutes fort valables. Néanmoins, la pièce de résistance est sans contredit One Man, No City dont les assauts guitaristiques évoquent parfaitement le Run Run Run du Velvet Underground; morceau de bravoure du mythique «banana album» de la bande à Lou Reed.

Honnêtement? Parquet Courts nous présente un disque de transition adéquat qui pourrait permettre à la formation d’aller plus loin lors de la prochaine tentative. Mais bien franchement, on aurait souhaité plus de venin et moins de câlins. Le prochain chapitre fera foi de tout quant au possible déclin des New-Yorkais.

Ma note: 7/10

Parquet Courts
Human Performance
Rough Trade
47 minutes

https://parquetcourts.wordpress.com/

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