Critiques

Osees

A Foul Form

  • Castle Face Records
  • 2022
  • 22 minutes
7

Le meneur de la formation Osees et grand manitou de la maison de disques Castle Face Records, John Dwyer, est une véritable machine de création. Où puise-t-il toute cette énergie ? Aucune espèce d’idée, mais une chose est sûre, le nombre de ratages dans le répertoire de Dwyer est rarissime.  

Après une période créative bénie, avec les sorties consécutives des excellents Orc (2017), Smote Reverser (2018) et Face Stabber (2019), Dwyer et ses ouailles ont enchaîné avec trois longs formats assez respectables, tous produits en 2020 : Protean Threat, Metamorphosed et Panther Rotate. Et c’est sans compter sur la sortie d’un autre album en 2021 réunissant trois délires aux accents krautrock : Weirdo Hairdo, Don’t Blow Your Mind et Tear Ducks.

Comme vous pouvez le constater, l’avènement de la pandémie de COVID-19 n’a pas ralenti le rythme de production de la formation, bien au contraire. Alors, vous ne serez absolument pas surpris d’apprendre que le rockeur âgé de 48 ans et ses habituels acolytes, incapables de prendre une pause qui serait hautement méritée, reviennent à la charge avec un énième album titré A Foul Form.

Enregistré dans le sous-sol de Dwyer — le Stu Stu Studio, ça ne s’invente pas ! —, A Foul Form est un hommage à tous ces groupes punks, étranges et brutaux, qui ont éveillé la créativité du compositeur à un jeune âge. Comme tout bon disque punk qui se respecte, cette création contestataire, inspirée fortement par les dérives collectives auxquelles on a assisté au cours des trois dernières années, met en évidence les instincts les plus primitifs de l’être humain.

Qualifiant lui-même ce disque de « scum-punk » — ou de punk des bas-fonds, en bon français — Dwyer pose, d’entrée de jeu, les bonnes questions. Sur l’introductive Funeral Solution, il s’interroge sur cette forte propension au sabotage et à la destruction qui semble stimuler plusieurs de nos semblables.

What the fuck is going on?

Human life is not that long

Why die every night?

– Funeral Solution

Dans Perm Act, Dwyer tourne également le projecteur sur cette brutalité policière normalisée, acceptée, et même valorisée chez de nombreux citoyens droitistes.

Grinning observations, cops when feelings hurt
Try to uphold order, beat you in the dirt
Wrapped in knives and killers, trudging on the dash
Brandishing a weapon, thinking you are trash
Fair game, a pretty fair game, as long as you subserve
Lying under boot heels, laying in the dirt

– Perm Act

Avec 10 chansons réparties sur 22 minutes, vous n’aurez vraiment pas le temps de vous lasser. Osees enchaîne les brûlots, mais en prenant bien soin de ne pas dénaturer ce qui a toujours défini son identité sonore.

Dans Fucking Kill Me, le motif de clavier aux allures circassiennes, identique en tout point au riff de guitare, injecte un peu de lumière à un album totalement rentre-dedans. La pièce-titre et Scum Show sont du punk hardcore vintage pur jus. Social Butt est une pièce étonnamment accrocheuse et la bande à Dwyer conclut sa chevauchée subversive avec une relecture réussie de Sacrifice, une chanson de la formation Rudimentary Peni.

Sans être un joyau de la foisonnante discographie des Osees, A Foul Form est un tonifiant trou normand… en attendant quelque chose de plus bourratif de la part de l’imprévisible John Dwyer.

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