Critiques

Osees

Protean Threat

  • Castle Face Records
  • 2020
  • 38 minutes
7,5

Le quintette mené par John Dwyer est sur une irrésistible lancée créative. Après l’excellent Orc (2017), le virage heavy rock réussi de Smote Reverser (2018) et le génial Face Stabber (2019) – chef-d’œuvre narcotique aux accents parfois progressifs – Osees, Oh Sees, Thee Oh Sees ou OCS (on s’en fout!) revient avec un 22e album en carrière intitulé Protean Threat. Actuellement, il n’y a pas de meilleurs groupes rock sur la planète et, en concert, c’est de la bombe.

La composition de l’équipe est sensiblement la même. Dwyer joue d’une panoplie d’instruments. Tim Hellman est à la basse. Tony Dolas s’amuse aux claviers. Dan Ricon et Paul Quattrone sont les deux habituels batteurs, parfaitement en symbiose, sur lesquels reposent les chansons du groupe.

Sur le site de Castle Face – maison de disques appartenant à Dwyer – l’artiste y va d’une affirmation claire et sans équivoque, rédigée en majuscules : « STAND VIGILANT, UNITED WITH THOSE WHO DON’T HAVE THE SAME PRIVILEGES. DEMAND RESPECT AND PEACEFUL LIFE FOR ALL ». Compris ?

Cette fois-ci, Osees délaisse quelque peu l’approche heavy-prog-rock et catapultent 13 brûlots aux allures punks, soutenus par une section rythmique inspirée par le krautrock et le funk. Protean Threat est l’album « krautpunk » de la formation. Exit les pièces-fleuves à la Henchlock et Scotum & Scorpius, tous deux sur Face Stabber et pas d’Anthemic Agressor, chanson tirée de Smote Reverser. Dwyer et ses acolytes ne niaisent pas avec le puck en pratiquant un échec-avant de tous les instants, fonçant droit vers le filet sans aucune crainte.

Trêve de plaisanteries « hockey-esques », Dwyer est encore une fois inspiré et son groupe est totalement soudé. Même si Protean Threat n’est pas aussi enthousiasmant que les disques mentionnés précédemment, vous aurez dans les oreilles l’une des meilleures parutions rock de l’année en cours.

Est-ce un disque de transition ? Possible, mais avec Dwyer, il ne faut jurer de rien. L’homme est un créateur libre de toutes contraintes, chose rare en ce bas monde bien conditionné à se soumettre à l’agenda mercantiliste. Pour être libre, il faut en payer le prix. Littéralement. Dwyer fait partie d’une espèce en voie de disparition.

Ce disque tient solidement la route parce qu’il alterne en toute constance entre les explosions de guitares coutumières (Scramble Suit II, Terminal Jape, Toadstool et Persuaders Up !) et les ambiances fortement inspirées de la mouvance krautrock (Said the Shovel, Canopnr’ 74 et Wing Run). If I Had My Way se démarque grâce à une section rythmique qui puise dans la bossa-nova et Gang of Catastrophe nous plonge dans une sorte de corrida hallucinatoire. Sur cette pièce, on imagine très bien un matador « frosté » sur le LSD qui tenterait maladroitement de contenir un indomptable taureau.

Puisque Dwyer va droit au but, sans trop de fioritures, ce Portean Threat est la production récente qui est la plus accessible de la formation. La série victorieuse d’Osees se poursuit de plus belle pour le plus grand plaisir des amateurs de rock; ces êtres anachroniques qui s’accrochent à un style commercialement à l’agonie et dont le foisonnement des productions ne donne curieusement aucun signe de ralentissement…

John Dwyer est le digne porte-étendard d’un genre qui ne veut pas mourir. Respect.

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