Critiques

KPLR

Déséquilibre

  • Indépendant
  • 2014
  • 46 minutes
7,5

a4152895371_10Album paru le 25 novembre, en plein dans ce mois sombre, Déséquilibre a servi de catharsis au groupe pour une année 2013 «pourrie» et pourra certainement servir aussi pour les auditeurs. KPLR (à prononcer Kèpleur) propose un album dense, opaque, juste, agressif et torturé.

Déséquilibre suit le EP de trois pièces Matière grise, paru en 2012. À l’époque, les comparaisons avec Monogrenade (un des membres du trio en faisait partie, d’ailleurs) et Karkwa se faisaient d’elles-mêmes. Cette fois, des effluves de Mauves, de Grimskunk ou des Vulgaires Machins se distinguent. Et une influence plus «vieux rock» s’ajoute, une liaison spirituelle avec Queen pour le Prologue de l’album où le début rappelle Bohemian Rhapsody, avec Pink Floyd pour les envolées torturées.

KPLR, formé de Frédéric B. Girard (voix principale et basse), Didier Noreau (batterie) et David St-Germain (guitare), a enregistré son album au studio Champoux (de David Champoux, qui s’est aussi occupé du mixage et du matriçage) et au studio de l’École Jean-de-Brébeuf, quelque part entre l’automne 2013 et l’hiver 2014.

Déséquilibre commence après vingt secondes de silence, pour finalement s’ouvrir sur Prologue, un chœur accompagné d’effets et de piano où les thèmes qu’on retrouvera dans l’album sont lancés: parachutage dans les bras du vent, déséquilibre, hallucination.

La fusion du Prologue avec la deuxième pièce, Lâcher prise, nous aspire dans l’album. «Pour me donner du réconfort/J’ai avalé une dose démesurée/Sans trop prévoir»: le ton est fixé. Ce qui commence comme une balade, «J’suis pas capable de lâcher prise/Je reste là», finit en cri. La guitare léchée devient électrique, dissonante.

L’excellente Scaphandre poursuit dans un univers de psychose: «Non non/Ils reviennent/Pour m’attacher/Non c’est pas la peine/De m’enfermer». Les riffs de guitares surprennent sans pour autant perdre leur accroche.

Suit Carnivores, pièce crachée, accompagnée du très juste harmonica de Yves Castonguay (Les viandes froides): «C’est permis/Permis/De fracasser/C’est gratuit/Pour les enfoirés».

À mi-parcours de l’album, la colère se calme un peu, pour faire place à une ambiance plus planante. Anticorps, plus doux: «Nous sommes des espoirs fragilisés/Nous sommes des fantômes dans l’immensité».

Ophélie, sorte d’odyssée musicale en douze minutes, voyage dans différentes atmosphères. L’avant-dernière pièce, Maladroit, reprend le modèle de chœur de l’introduction, avec une touche plus lourde, quasi grunge.

L’album finit «dret sec», à la fin de Déséquilibre, pièce-titre et pièce-conclusion, où tout s’éteint d’un coup, nous laissant déstabilisés, en déséquilibre. Il manque encore quelques ingrédients pour avoir une recette originale, mais KPLR présente tous les attributs d’un excellent groupe: des paroles puissantes et une musique exécutée avec force qui se démarquera au cours des prochaines années sur la scène québécoise.

Ma note: 7,5/10

KPLR
Déséquilibre
Indépendant
46 minutes

kplr.bandcamp.com

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