Critiques

Torres

Torres – Three Futures

  • 4AD
  • 2017
  • 46 minutes
7,5

Paru en 2015, l’excellent Sprinter de MacKenzie Scott, alias Torres, s’est hissé parmi mes disques préférés de ce millésime. Un disque assez rock qui voyait l’auteure-compositrice états-unienne flirter avec la sensibilité d’une Sharon Van Etten tout en plongeant dans un son assez abrasif à la PJ Harvey (on ne s’en sort pas, PJ c’est PJ !). Un immense pas en avant comparativement à son premier album homonyme révélé en 2013.

Voilà que Torres récidivait vendredi dernier avec une nouvelle création intitulée Three Futures. Réalisée une nouvelle fois par Rob Ellis (un très proche de PJ…) et enregistrée en Angleterre, cette sitedemo.cauction se tourne résolument vers les synthés et autres boîtes à rythmes, tout en gardant dans sa manche quelques salves de guitares inventives; une sorte d’électro sophistiqué et accessible, frayant parfois avec le krautrock et la musique industrielle. Pas de doute, l’approche est originale, même si le format chansonnier demeure somme toute assez conservateur. Certains y entendront de forts liens de filiation avec la musique de St.Vincent, quoique Torres me semble plus « torturée ».

Côté textes, l’artiste aborde une thématique rarement exploitée dans la musique pop : l’utilisation du corps comme un engin austère où le plaisir, le désir et l’absolution sexuels sont abordés de front, sans aucune pudeur. Et c’est parfait comme ça ! Que celui ou celle qui n’a pas vécu de ratage sexuel dans son existence lève la main ? Voilà. C’est ce que je me disais ! Cette prise de risque « littéraire » suscite mon admiration, surtout de la part d’une femme qui subira assurément sa large part de jugement quant à l’intégrité de sa démarche. Oui, l’humanité évolue à pas de tortue.

Cela dit, si les mots sont « libérés », la musique, elle, aurait gagné en pertinence si on avait pu lui insuffler un peu plus de hargne et de folie… compte tenu du sujet traité. Three Futures est plus paisible, moins « drette dans ta face » que Sprinter. J’aurais préféré un peu plus de Concrete Ganesha – meilleure pièce de l’album – et un peu moins de Marble Focus, une chanson un peu trop linéaire.

En plus du remarquable morceau évoqué dans le paragraphe précédent, j’ai pris plaisir à écouter le « I’m more of an ass man » proféré dans Righteous Woman, la mélodie émouvante et le penchant « synthpop vintage » dans Greener Stretch, le venin vocal de Torres dans Helen in the Woods ainsi que la conclusive To Be Given a Body dont le mix propulse la voix de Scott à l’avant-plan.

Verdict ? C’est un autre excellent disque de la part d’une artiste qui ose aborder des thèmes « dérangeants ». J’aurais aimé une musique encore plus audacieuse, malgré l’évident virage synthétique, et assez réussi, tenté par Torres. Pas de doute, les fervents de musique pop aventureuse y trouveront leur compte.

Ma note: 7,5/10

Torres
Three Futures
4AD
46 minutes

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