Critiques

Torres

Sprinter

  • Partisan Records
  • 2015
  • 41 minutes
8,5
Le meilleur de lca

TorresEn juillet 2013, Mackenzie Scott, alias Torres, faisait paraître un album homonyme qui constituait une très bonne entrée en matière pour la jeune dame qui revendique des ascendants autant chez PJ Harvey et que chez sa grande amie Sharon Van Etten. Le lien de filiation est très fort entre les deux musiciennes puisqu’elles ont souvent tourné ensemble. Si le premier effort montrait un peu les dents, on peut dire que ce Sprinter se révélant cette semaine mord pas mal plus fort!

En effet, Torres durcit son approche présentant des chansons rock bruyantes, décapantes et passionnées alliées à des ritournelles plus introspectives, mais aussi intenses. Et vous savez quoi? C’est d’une excellence qui fait peur! Si vous aviez apprécié l’interprétation à fleur de peau de Sharon Van Etten sur Are We There (l’un des bons crus de 2014), attendez de tendre l’oreille à ce Sprinter. Scott chante ses neuf nouvelles chansons comme si sa vie en dépendait. Elle y met toute la gomme et on en ressent complètement l’urgence.

On concluait en fin de critique de sa première offrande que le meilleur était à venir pour Torres. Eh bien! Le meilleur, il est déjà là! En plus de raffiner son écriture chansonnière, Mackenzie Scott fait l’éloquente démonstration qu’elle sait brasser la cage… comme un seul homme! On pense au cathartique Strange Hellos qui, comme premier morceau, atteint des sommets de fureur inégalés en ce qui concerne ce genre musical bien entendu. On fait également référence à New Skin qui, malgré son tempo moyen, décape adéquatement nos oreilles.

Côté réalisation, l’accent est mis autant sur la puissance rock des pièces que la voix chargée d’émotion de Torres. Ça sonne comme une tonne de brique sans jamais aseptiser ces bouleversantes chansons. Dans cette catégorie musicale dite folk rock, il faut certaines conditions afin de créer un disque remarquable: des ritournelles qui tiennent la route, une exécution qui ne laisse place à aucune mollesse, des textes de qualité supérieure et une chanteuse (dans ce cas-ci) qui a envie d’en découdre et de brasser l’auditeur. Et Torres atteint la cible de plein fouet pour chacun des préalables mentionnés.

Aucune chanson ne fait office de remplissage. En plus de l’incandescente Strange Hellos, on a été subjugué par la très tendue Son, You Are No Island, le rock carré Sprinter, l’éthérée et prenante Ferris Wheel ainsi que cette sublime beauté folk dépouillé The Exchange; un poignant hommage à ses parents et ancêtres qui semble avoir été enregistré sur le balcon de sa demeure, à l’aube, puisqu’on y entend le chant d’un coq et les gazouillis des oiseaux.

C’est plus qu’un grand pas en avant que nous offre Torres, c’est un superbe album de la part de cette auteure-compositrice-interprète qui, d’un seul coup, n’a plus rien à envier à ses contemporaines. Ici, au-delà des genres musicaux, on est très sensible au talent d’interprète d’un faiseur de chansons et Mackenzie Scott est une surdouée en la matière. Adeptes de chansons à haut indice d’émotivité, sans larmoiements superflus, vous allez littéralement flipper sur ce Sprinter.

Ma note: 8,5/10

Torres
Sprinter
Partisan Records
41 minutes

http://torrestorrestorres.com

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