Critiques

Antoine Corriveau

Oiseau de nuit

  • Secret City Records
  • 2025
  • 49 minutes
9
Le meilleur de lca

Antoine Corriveau accumule les albums exceptionnels depuis la sortie des Ombres Longues en 2014. Ce qui est encore plus impressionnant est sa courbe créatrice. D’abord, un folkeux noir de premier ordre, il a voulu briser le cocon un peu avec Cette chose qui cognait au creux de sa poitrine sans vouloir s’arrêter, puis a poussé le rock plus à l’avant avec Pissenlit. Aujourd’hui, Antoine Corriveau arrive avec une autre création surprenante et impressionnante : Oiseau de nuit.

Se transformant en Beck nouveau genre (il avait déjà le chapeau après tout), il a enregistré des musiciens pour ensuite construire des pièces à l’aide de bidouillages et de traitements qu’on pourrait attribuer davantage à un remixeur qu’un auteur-compositeur-interprète. Mais le tout a été fait avec un sens aigu de l’art et un fil créateur solide. Avec Stéphane Bergeron (Karkwa) à ses côtés, il a créé un Oiseau de nuit remarquable qui se démarque de la création musicale d’ici.

Malgré son envie de folle de création audacieuse, Antoine Corriveau n’abandonne pas complètement la mélodie qui est toujours là. Comme ce moment de musique complètement délicieux à la fin Pur sentiment avec VioleTT Pi. Il émerge comme lorsqu’on arrive dans une clarière après avoir marché à travers la jungle pendant plusieurs heures et qu’au centre des arbres on retrouve un endroit dégagé qui semble tellement irréel qu’on se dit que ça doit être des extra-terrestres qui l’ont fait. Est-ce qu’Antoine Corriveau est venu d’une autre planète? En tout cas, il voit les choses avec un angle qui nous échappe à nous, pauvres mortels.

Et si je me rappelle
Et si je peux tout dire
J’attendrai le dégel
Chaque année à venir

Ici je me soulève
Sans avoir à mentir
Et que glisse d’entre mes lèvres
Chacun de mes désirs
Un jardin

S’il y a Bergeron qui laisse son empreinte sur l’album, il y a aussi de nombreux collaborateurs qu’on entend : Simon Angell (Thus Owls), Marc-André Landry, Sheenah Ko, Taurey Butler, Pietro Amato, Émilie Fortin et plusieurs autres. Du groupe, une est ostentatoire par sa voix qui vient compléter celle de Corriveau sur plusieurs pièces et qui est carrément collaboratrice sur deux pièces : Cherry Lena. Que ce soit sur la groovy Interruption ou encore sur la sensuelle Parc Avenue, le mix fonctionne à merveille.

On retrouve des pièces fortes sur l’album à commencer par la dernière de celui-ci : Balcon. Celle qui commence avec un échantillonnage de ce qui semble une rappeuse des années 90 américaine se lance ensuite avec une guitare rythmée et une batterie qui avance avec fermeté. Les moments dissonants du refrain sont tout simplement délicieux. Ambulance de l’autre côté du spectre marque par sa mélodie, son groove et sa guitare acoustique et son farfisa. Une des pièces qui fait partie du spectre Beck de la chose, mais jamais autant que Pastorale sur laquelle Rose Perron (Rau_Ze) vient faire son tour. Argentine avec son approche plus atypique charme aussi. Sur celle-ci, on retrouve Mat Vezio qui vient faire son tour.

Un autre tour de force signé Antoine Corriveau, qui continue de prouver qu’il est l’une des voix les plus perspicaces de sa génération. Musicalement, sa curiosité semble sans limites. À quand un flop signé Antoine Corriveau? Je vous le demande. En attendant, on ne peut que se prosterner et faire un peu de headbang sur ses excellentes nouvelles compositions.

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