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Osheaga 2023 | Jour 2 : Billie Eilish, The National, Carly Rae Jepsen, Peach Pit, FLETCHER, Alicia Moffet et plus!

Pleins feux sur le second jour du festival Osheaga 2023 avec les concerts de Pelch, Alicia Moffet, Cults, Goth Babe, FLETCHER, Peach Pit, Carly Rae Jepsen et Billie Eilish.

Avec Louis-Philippe Labrèche

Photos par Alexanne Brisson

Pour ma première fois à ce festival emblématique montréalais, j’ai décidé de commencer avec un artiste qui en foulait les planches pour la première fois également : Pelch.

Pelch

« Il y a trois ans, je suis venu voir Kodaline sur cette scène-là », s’est rappelé Pelch vers la fin de son spectacle. « Je n’aurais jamais pensé y être un jour. Merci d’être là », a-t-il ajouté.

L’auteur-compositeur-interprète puise son inspiration notamment chez Lewis Capaldi, et ça s’entend très bien. Pelch possède une voix écorchée, qui sait porter l’émotion. Il incarne bien ses chansons, qu’il s’accompagne à la guitare ou qu’elles repose sur son appui pré-enregistré. Il est bien campé et sa voix est solide et forte. Elle ne craque à aucun moment, malgré le fait qu’il la pousse sans retenue.

Alicia Moffet

Une foule impressionnante se massait devant Alicia Moffet à mon arrivée à la scène de la rivière. La future animatrice d’OD était tout sourire. Elle encourageait la foule à danser une pièce sur trois et personne ne se fait prier pour s’exécuter sur ses mélodies pop bien exécutées. Elle n’a rien à envier aux vedettes de la pop américaines. On peut parfois déceler un petit quelque chose d’Hayley Williams de Paramore dans le grain de sa voix. Elle a également l’énergie d’une tigresse en cage sur scène, comparaison qui se pose à merveille lorsqu’on observe sa manière d’y marcher. Elle proposera quelques pièces qui n’ont pas encore vu le jour, dont une inspirée par Fred Again.. qui foulera d’ailleurs les planches de la scène de la montagne le lendemain. Elle a pigé également dans ses pièces plus connues, dont Ciel. FouKi est venu la rejoindre pour l’occasion. Ce dernier a été accueilli par des cris de joie et une marée de cellulaires qui se sont levés pour capter le moment (dont le mien, je l’avoue). Pour conclure son spectacle, Alicia Moffet a misé sur sa chanson Lullaby. Le tout s’est terminé sur une belle chorale de fuck you (vous comprendrez si vous avez déjà entendu la pièce).  « Osheaga, vous êtes insane. Merci de m’accueillir aussi chaleureusement », a-t-elle lancé, reconnaissante.

Avant de continuer, Osheaga, faut qu’on parle de tes jets d’eau à la scène de la montagne et de la rivière (tu acceptes que je te tutoie, Osheaga?). Je sais qu’il fait chaud, et que tu ne veux pas qu’on fasse d’insolation, mais la pression du jet est un peu intense. On avait tous l’air de sortir de la douche ou des glissades d’eau. Et c’est surprenant en plus, rien ne nous avertit de l’imminence de ces jets d’eau. La majorité de la foule a crié de surprise lors du spectacle de Cults. Je ne peux même pas imaginer la surprise pour les artistes sur scène, ça doit désorganiser un spectacle sur un temps, non? Même FLETCHER a pris le temps d’accuser le fait pendant une chanson, et elle nous a demandé si tout allait bien. Bref, c’était bien pensé, mais peut-être qu’une fine bruine aurait été mieux? En plus, comme le sol est sablonneux, il se transforme en boue qui tâche les incroyables outfits des festivaliers. Signé : tout le monde habillé en pâle à Osheaga qui n’avait pas prévu d’être détrempé, ainsi que tous les festivaliers porteurs de lunettes.

Cults

Cults

OK, retour au programme principal : Cults. Le groupe d’indie rock américain a offert une bonne performance, mais sans plus. C’était plutôt linéaire. Il n’y a eu aucun moment fort, mais ce n’était pas pour autant désagréable. Ce qu’il offre est plutôt atmosphérique et bien exécutée. La formation utilise parfois des effets sur la voix de Madeline Follin et on la perd dans ces moments. Mais outre cela, elle a une très belle voix. L’attitude de Follin est à la frontière de la nonchalance et de la sensualité et ça fonctionne très bien. La proposition donne envie d’onduler sans réfléchir au quotidien. « C’est le meilleur festival auquel nous n’avons jamais joué », lancera la chanteuse vers la fin de sa performance.

Goth Babe

Goth Babe

Le groupe d’indie pop formé par Griffin Washburn propose ce qu’on pourrait qualifier de « feel good music. » Pour le prouver : des gens ont navigué la foule grâce à un melon d’eau gonflable ainsi qu’à un bateau gonflable. La foule se laissait aller aux rythmes proposés, les bras dans les airs. Washburn a une belle capacité à interagir avec la foule. Par exemple, il a demandé aux gens de « virer fou le plus longtemps possible. » C’est une demande qu’il fait dans chacun de leur concert. Habituellement, en échange, il offre des cupcakes à quelques chanceux dans la foule, mais comme il n’a pu en trouver avant le concert, il a apporté des pointes de pizza. À la fin de la pièce, il en lancera effectivement quelques-unes au public. Il demandera également aux personnes réunies de dire à un inconnu à côté la raison pour laquelle elles aiment Montréal. Ma voisine de foule m’a avoué que c’était pour la nourriture. Goth Babe a aussi créé le « plus gros singalong qu’ils n’ont jamais eu » lorsqu’ils ont demandé à la foule une fois de plus impressionnante de chanter avec lui.

Lido Pimienta

LP Labrèche: Je suis arrivé juste à temps pour recevoir un beau grand jet d’eau dans la face pendant que toute mon attention était prise par le fait que Lido Pimienta venait d’inviter sur scène Nelly Furtado. Visiblement, les deux femmes sont amies et leur chimie était parfaite sur scène. Par la suite, l’autrice-compositrice-interprète de Toronto a joué son succès Eso Que Tu Haces et a terminé le concert avec grâce.

Fletcher

FLETCHER

Cari Elise Fletcher, mieux connue sous le nom FLETCHER, a commencé son spectacle en force avec sa pièce If you’re gonna lie. Sa présence scénique était magnifique. Tout au long de sa performance, on voit qu’elle donne tout ce qu’elle a, qu’elle soit en train de se balader d’un bout à l’autre de la scène où qu’elle soit à genou en train de vivre pleinement son texte. Elle a fait chanter les fans à de nombreuses reprises, et bien que j’étais trop loin pour bien entendre le fruit de cette chorale improvisée, les images projetées sur les grands écrans présentent des fans les yeux fermés qui semblaient vivre leur meilleure vie. Sa pop efficace qui donne envie de danser et de chanter à pleins poumons (rendu possible par les paroles de ses refrains projetées derrière elle sur d’immenses écrans) lui a permis de donner toute une performance. Avant la fin de son concert, FLETCHER s’est ouverte sur le fait qu’elle a toujours peur de faire de mauvaises performances, qu’avant ses spectacles elle pleure, panique et ne veut plus monter sur scène. Elle prendra le temps de remercier les gens d’être là et de lui donner autant d’amour. Elle en a profité pour également conseiller aux gens de foncer vers les choses qui leur font peur. Cet aveu m’a honnêtement bien étonnée, car sa performance était loin d’être mauvaise; ce sera même l’un de mes coups de cœur de la soirée.

Adekunle Gold

LP Labrèche: Adekunle Gold est l’un des artistes classés dans la catégorie « musique du monde » les plus populaires des dernières années. Par contre, son concert a eu un peu de misère à commencer alors qu’il semblait y avoir un problème de micro. Pendant une vingtaine de minutes, son groupe a joué une chanson en boucle le temps que les soucis de micros soient réglés. Puis, finalement, Gold s’est pointé sur scène pour offrir une performance convaincante et prouver que sa réputation n’était pas exagérée. Autour de lui, son groupe est solide musicalement et comme un groupe de jazz, se laisse des occasions de se surprendre entre eux. Cependant, ce qui était à prévoir est arrivé : étant donné le retard du début Adekunle Gold a refusé de finir son set à l’heure. Éventuellement, le son a été coupé au profit de Bomba Estéreo qui embarquait sur la scène adjacente. Il s’est longtemps entêté à continuer à chanter avec un petit groupe de fidèles devant lui. Ça manquait un peu de sérieux.

Bomba Estéreo

LP Labrèche : Coloré est le moins qu’on puisse dire de la performance de Bomba Estéreo. Le groupe qui mélange les musiques latines traditionnelles, dont beaucoup de Cumbia, avec des rythmes électroniques n’a pas lésiné sur les moyens. Vêtus d’habits colorés fluorescents, la troupe s’est lancée immédiatement avec fougue alors que la chanteuse Liliana Saumet passait d’un côté l’autre de la scène pour haranguer la foule. C’était très convaincant comme performance. Connaissant peu le groupe, c’était une belle découverte et j’ai maintenant le goût d’y retourner. Et je n’hésiterais pas à les revoir en concert, quand j’ai quitté la scène de la vallé, le party était pogné.

Peach Pit

Peach Pit

Parlant de coup de cœur, Peach Pit en a été un aussi. Dès les premières notes, le chanteur s’est lancé dans la foule pendant que la musique bûchait et je me suis dis : « oula, ça va brasser! » Finalement, coup de théâtre : l’offrande de Neil Smith est sa bande mélange à merveille le rock et le country, dans un amalgame très efficace et mélodique, quoique plus mollo que ce qu’ils avaient laissé présager au debut. L’énergie, quant à elle, est assurément rock. Dès le second morceau, les musiciens se sont fait aller les cheveux et ont offert des solos qui décoiffent. Smith a pris le temps de s’adresser à son public et même de le faire rire en lui racontant notamment qu’il aime chanter devant des gens et regarder dans la foule pour voir les gens qui chantent aussi, et quand il fait un contact visuel avec eux, il remarque qu’ils arrêtent toujours de chanter parce qu’ils réalisent qu’ils ne connaissent pas les mots pour vrai. Juste avant la fin de son spectacle, Neil Smith a demandé à la foule de se séparer parce que quelqu’un s’était évanoui. Il a réclamé l’assistance de la sécurité ou des premiers soins. Il a attendu que la personne soit OK pour recommencer son spectacle. Juste avant que revienne la musique, il a demandé aux personnes réunies d’applaudir les premiers soins et commence sa dernière chanson : Shampoo Bottles.

Carly Rae Jepsen

Carly Rae Jepsen

Je vais l’avouer d’entrée de jeu : je me suis dirigée vers la scène verte pour y voir Carly Rae Jepsen d’une part par curiosité, et d’autre part pour chanter/crier très fort Call Me Maybe. Très honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre. Par contre, avec la foule qui l’attendait, elle est encore très appréciée par le public. Les gens connaissaient ses paroles et ils dansaient avec elle allègrement. Sa proposition, vous ne serez pas surpris de l’apprendre, est de la pop bonbon bien sucrée, jusque dans la signature visuelle (la grande robe qui flotte et qui donne l’impression d’être des ailes de papillon, les paillettes projetées sur l’écran du fond et les chorégraphies soignées avec les choristes). Jepsen a chanté et dansé avec un plaisir apparent, face à une foule bien réceptive. Ce plaisir de jouer sa musique aide à apprécier sa proposition. Après tout, l’autrice-compositrice-interprète est rodée, sa performance est juste, rien ne dépasse, tout est pensé. Ce ne sont pas les mélodies qui sortent le plus des sentiers battus, mais elles permettent de passer un bon moment sans trop réfléchir. Lorsque les premières notes de Call Me Maybe se sont faites entendre, tout le monde a capoté comme le chanterait Les Trois Accords. Je souligne le fait qu’elle l’a joué dans le milieu de son set et qu’une bonne partie de la foule a quitté après l’avoir entendue. Elle a enchaîné avec I Really Like You et on peut se questionner quant à l’identité de la dernière chanson du spectacle. Ce sera finalement Cut to the Feeling et à voir les bras s’agiter et les gens danser, c’était un bon choix.

Sofi Tukker

LP Labrèche : J’ai attrapé les vingt dernières minutes de la performance de Sofi Tukker et si je quittais un party avec Bomba Estéreo, je me suis retrouvé dans la même atmosphère festive avec le duo qui entretient une histoire d’amour avec Montréal. La formation est accompagnée de quatre danseurs sur scène, les costumes de Sophie Hawley-Weld sont extravagants et l’énergie dégagée par le groupe est impressionnante. Ce n’est pas tout à fait ma tasse de thé, mais je dois dire que j’ai été convaincu par le proposition de Sofi Tukker en concert et j’ai passé un bon moment.

The National

The National

LP Labrèche : Pitchez-moi des tomates, je n’avais jamais vu The National en concert. En fait, je suis très peu familier avec le groupe. J’ai donc été agréablement surpris par toute l’intensité de Matt Berninger en concert. Il est incarné à 100% et pour une raison que j’ignore, il s’entête à avoir un micro avec fil… et il se promène beaucoup. Ce qui fait qu’il y a un homme dont la seule job est de s’assurer que le fil reste correct pour Berninger. Plutôt que d’opter pour un sans fil, il paie la chambre d’hôtel à un homme qui s’occupe de ça. Je trouve ça incroyable à notre époque où on remplace si facilement les humains que cet homme possède cette job.

Revenons au concert, The National a joué quelques chansons de leur dernier, First Two Pages of Frankenstein, dont Alien et Tropic Morning News. Pour le reste, il s’est promené à travers sa discographie en faisant une grande place aux chansons de High Violet dont la convaincante Conversation 16. Mais c’est Mr. November qui m’a le plus marqué avec la livraison hargneuse de Berninger. L’autre chose qui m’a beaucoup marqué, ce sont les guitares des frères Dessner qui jouent visiblement encore avec des instruments qui ont vu du pays. Il y a des guitares à la peinture enlevée à de nombreux endroits, où on voit de la rouille autour de certaines vis, je crois que c’est admirable d’être si fidèle à ses instruments et ça en dit long sur l’importance qu’accorde les frères à leur ton de guitare.

Baby Keem

LP Labrèche : J’étais un peu sceptique de voir Baby Keem à cet endroit de la soirée, surtout que Lil Yachty jouait beaucoup plus tôt ( et j’ai presque tout manqué de son concert, malheureusement). Mais je dois dire que le professionnalisme est de mise dans la famille et Baby Keem a offert une performance convaincante où il a montré qu’il maîtrise son débit. Parmi les pièces qui ont retenu l’attention, il y a HONEST de son album DIE FOR MY BITCH paru en 2019. Ceux qui comme moi espéraient que Baby Keem nous sorte un Kendrick Lamar de sa poche auront été déçus de voir que ça n’allait pas arriver. Dommage. Le plus grand défaut des chansons de Keem reste les maniérismes qui ressemblent un peu trop à son cousin et ça ressort sur scène. Par contre, le tout est livré avec une attention au détail appréciable.

Billie Eilish

Nous arrivons finalement au plat de résistance de cette longue journée ensoleillée. L’autrice-compositrice-interprète s’est fait attendre, malgré les nombreux cris de la foule rassemblée. Elle est arrivé finalement de manière spontanée, dans un saut d’une plate-forme sous la scène que moult ont manqué en clignant des yeux au mauvais moment. Elle était en forme; elle sautait partout et s’amusait avec les projections à monter et descendre la plateforme inclinée sur la scène. Quiconque est plus habitué de l’entendre sur disque et ne l’a jamais entendu en live peut être surpris : Billie Eilish insuffle une certaine dose de rock et de dynamisme à sa musique sur scène. Malgré tout, ce qui marque le plus les esprits, c’est son message d’acceptation de soi et l’urgence d’agir pour prendre soin du climat et des autres.

Sa musique revêt un manteau d’intimité, et son côté interprète très bien développé permet à la foule de ressentir une connexion réelle. Qu’il y ait 10 ou 50 000 personnes, c’est comme si Billie Eilish nous parlait directement à nous. D’ailleurs, l’un des moments les plus émouvants est lorsque son frère FINNEAS est venu la rejoindre pour quelques pièces. Elle commence avec I Love You, juste après qu’elle ait avoué que c’est grâce à lui si elle se sent encore en vie. Leur passion partagée de la musique et leur travail d’équipe a rendu le tout plus touchant. S’en est suivi TV puis I Lost My Mind.

De plus, Eilish a une très belle présence scénique elle aussi. Elle prend toute la place, qu’elle se balade d’un côté à l’autre de la scène ou qu’elle soit assise en petite boule sur la scène en train de vivre à fond une chanson.

FINNEAS ne sera pas le seul artiste invité de la soirée, puisque Armani White viendra faire sa pièce BILLIE EILISH. C’était la première fois qu’ils se rencontraient et ce fut un moment bien amusant. Pour le plus grand plaisir des gens rassemblés, l’interprète de bad guy pigera dans son répertoire déjà impressionnant pour son âge : When the Party’s Over, bad guy, Therefore I Am, Billie Bossa Nova, Ocean Eyes, What Was I Made For et Lost Cause entre autres. Le concert s’est terminé sur Happier than ever avec de la pyrotechnie et des feux d’artifice, juste après une explosion de confettis pendant bad guy.

Crédit photo: Alexanne Brisson

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