Concerts

Francouvertes 2023 | Demi-finales – Soir 3 : BRUE, Jeanne Laforest, Parazar et Mélanie Venditti

Dans le cadre du concours-vitrine Les Francouvertes, le public avide de chansons francophones tous azimuts était convié à une troisième et dernière soirée de demi-finales. BRUE, Jeanne Laforest et Parazar avaient la tâche de séduire jury et auditoire afin de se hisser aux trois premiers rangs donnant accès à la grande finale qui se déroulera le lundi 15 mai prochain. C’est l’ex, Mélanie Venditti, qui ouvrait la soirée avec une courte prestation.

Mélanie Venditti

Chaque fois qu’on entend les chansons de cette autrice-compositrice et instrumentiste de talent, un sentiment de culpabilité nous envahit; culpabilité probablement liée au peu de temps d’écoute que l’on consacre à sa musique. Mélanie Venditti accompagne également plusieurs créateurs de la scène musicale québécoise se qualifiant elle-même « d’éternelle artiste accompagnatrice émergente ».

Ces jours-ci, Mélanie Venditti se passionne pour les synthétiseurs et les boîtes à rythmes analogiques qui sont souvent imprévisibles… Même si la prestation offerte était quelque peu improvisée et chambranlante, on a fortement apprécié le cran de l’artiste. Dans la dernière chanson, elle s’est embrouillée, textes et musiques incluses, mais n’a jamais camouflé son errance. « On casse des tounes pis on fait des erreurs », a-t-elle fredonné avec le sourire aux lèvres en conclusion de sa dernière pièce. Fait à noter, elle travaille actuellement avec Julien Sagot à la création d’un nouvel album qui devrait voir le jour en 2024. Une équipe intrigante, il va sans dire.

Bref, on a eu droit à une prestation décousue, mais charmante et courageuse à la fois.  

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

BRUE

Les rumeurs et les lectures des comptes-rendus de mes collègues relatant la cinquième soirée des préliminaires, ont particulièrement aiguisé ma curiosité de voir et d’entendre la formation stoner-blues-math-rock BRUE.

Avec BRUE, la mise en scène est aussi importante que la musique. Un poteau de danse est installé de biais sur scène. La meneuse, Sarah Michel-Brunnemer, s’y accroche et tournoie dans une tenue dite « légère ». Toute cette organisation matérielle sert à passer un message totalement assumé, qui refuse toute forme de censure, en faveur de la différence sous toutes ses formes. Provocateur et efficace en ce qui me concerne.

Musicalement, le rock à haut indice d’octane administré par le trio est un excellent antidote au conservatisme exprimé par certains de nos bons vieux droitistes. Même si par moments, l’exécution est vacillante, on n’est aucunement agacé par ces petits impairs qui contribuent au charme de la prestation offerte par la formation. Cela dit, la « Hannah Montana du Québec » — c’est Michel-Brunnemer elle-même qui l’a affirmé — est une chanteuse très compétente.

Évidemment, le rock bruyant et libéré de BRUE dérangera certains bien-pensants. Or, pour l’auteur de ces lignes, ce que propose le trio, dans la forme comme dans le fond, possède un je-ne-sais-quoi de drôlement libérateur. BRUE est un groupe essentiel dans ce paysage musical qui oublie trop souvent d’oser…

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Jeanne Laforest

En voilà une autre qui nous avait titillé les oreilles lors de l’écoute de son long format Puisque les heures nous manquent. Son indie rock parfois électrisant, même s’il n’est pas toujours parfaitement abouti, a au moins le mérite d’emprunter des voies plus « risquées ».

Cette fois-ci, Jeanne Laforest a plutôt misé sur une prestation toute en retenue. Elle a amorcé son concert avec les deux premiers morceaux de son album paru l’année dernière, La colère du rhinocéros et De toi à moi. L’introduction vocale impeccable dans la chanson Les Murs mérite également d’être saluée pour sa précision et sa beauté. Ensuite, Laforest et ses accompagnateurs ont enchaîné avec les vaporeuses, Ça aurait pu et Dormir, sans auparavant nous avoir présenté une version dépouillée de La Douleur.

Évidemment, la performance de l’artiste s’est achevée avec une version hautement délirante de l’excellente Fatiguée; interprétation libérée qui a mis de l’avant le grand talent des instrumentistes qui l’accompagne.

En cours de route, l’autrice-compositrice nous a avoué que cette soirée était axée sur la prise de risque. Or, de présenter un concert assez aérien et jazzistique dans le contexte d’un concours n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus « vendeur ». Du même souffle, on respectera toujours un créateur qui préfère l’aventure plutôt que l’opportunisme. Avec un peu plus de folie chansonnière, on pourrait se laisser convaincre pleinement par la proposition somme toute assez inventive de Jeanne Laforest.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Parazar

On doit avouer que la performance offerte par cette talentueuse rappeuse, lors de la dernière soirée des préliminaires, était d’un professionnalisme incassable. Parazar est une artiste « prête » à obtenir un rayonnement plus vaste.

Son débit varié, sa justesse vocale lors des moments mélodiques/fédérateurs, sa présence scénique pleine d’assurance, sa capacité à faire réagir le public au doigt et à l’œil, tout ça était encore en vigueur lors de cette demi-finale. Or, ce rap inoffensif et unificateur, qui ne recèle aucune forme de tension, m’a laissé passablement de marbre. Elle nous a présenté une nouvelle pièce touchante, Il était une fois. Elle a spécialement dédié ce titre à sa mère dont on a soupçonné la présence au Lion d’Or.

Efficace et rassembleuse — peut-être trop —, Parazar possède tout ce qu’il faut pour se faire aimer du grand public.

Et les trois finalistes de cette 27e édition des Francouvertes sont…

Palmarès

  1. Héron
  2. Jeanne Côté
  3. Parazar

On vous donne donc rendez-vous au Club Soda, le lundi 15 mai lors la grande finale !

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin

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