Chroniques

Lettre ouverte: Trop peu d’artistes féminines sur les ondes radio

Le Canal Auditif apprenait le 8 mars via un article du quotidien La Presse, qu’une lettre ouverte, rédigée et signée par des dizaines de membres de la communauté artistique québécoise, demandait une plus grande représentation des femmes et davantage de temps d’antenne sur les ondes musicales radiophoniques commerciales de la province. Cette initiative a été chapeautée par le mouvement Musique Bleue (Philémon Cimon et Fannie Crépin).

Les statistiques sont accablantes : elles ont droit à moins du tiers de la programmation francophone. Il semblerait en effet que plus de la moitié du contenu francophone diffusé soit occupé par un bassin d’une dizaine de formations presque uniquement composées d’artistes masculins. Musique Bleue déplore également un manque de nouveautés musicales — certains morceaux datent de plus de 24 ans — ce qui « bloque énormément de place pour la parité, l’émergence et la diversité », a fait valoir Fannie Crépin en entrevue avec La Presse.

Parmi les signataires, on retrouve Les sœurs Boulay, Laurence Nerbonne, Beyries, Fanny Bloom, Klô Pelgag, Maude Audet, Marie-Pierre Arthur, Les Hay Babies, Cœur de pirate et des membres influents de l’industrie, que ce soit des programmateurs, des patrons de maison de disques, des directeurs de festivals. Sans compter des artistes masculins, dont Antoine Corriveau, Hubert Lenoir et Félix Dyotte.

Nous partageons le désarroi et les convictions de ces nombreuses et nombreux signataires, donc nous partageons le contenu de la lettre ouverte. Pour en apprendre plus sur ce combat, lisez l’article de La Presse.


« En cette journée internationale des droits des femmes, l’organisation Musique Bleue et les signataires de cette lettre souhaitent attirer l’attention sur le manque de représentation des femmes* québécoises sur les ondes radiophoniques commerciales. »

« La parité homme-femme dans les milieux de travail est une condition primordiale pour une société en santé. Toutefois, au Québec, en musique, comme dans bien d’autres milieux, celle-ci est loin d’être atteinte. »

« En effet, sur les stations comme CKOI, Énergie, Rouge Fm ou Rythme Fm, la proportion d’artistes féminines diffusées dans la programmation francophone oscille entre seulement 2% et 30%.* Pourtant, il ne manque ni artiste, ni talent féminin ; cet écart n’est d’aucune façon représentatif de l’offre actuelle québécoise. »

«À long terme, cette basse représentation féminine à la radio commerciale alimente en plus un cercle vicieux : la visibilité de modèles féminins étant réduite à la radio, les femmes qui ont le désir de faire carrière dans le domaine s’y sentent dès le départ en partie exclues, ce qui a un effet dissuasif, et réduit donc inévitablement le nombre de productions par des artistes féminines, et par le fait même leur présence sur les ondes.»

«Quand les interprètes et autrices-compositrices d’ici questionnent les programmateurs pour savoir ce qui justifie leur exclusion des ondes, les explications qu’elles reçoivent sont souvent surréalistes. « Tu sonnes trop féminine » ou « y’a déjà assez de filles sur nos ondes », propos entendus et rapportés en 2021, ne sont pas des raisons valables, ni acceptables pour refuser de jouer une chanson.»

«La société québécoise tente d’évoluer depuis plusieurs décennies vers la parité. Un mouvement évident se fait sentir depuis quelques années pour déconstruire les préjugés méprisants qui condamnent les femmes québécoises à se contenter d’un espace limité pour leur épanouissement professionnel ; il est grand temps que ce mouvement et ces changements se ressentent aussi dans la programmation des radiodiffuseurs.»

«En ces temps de pandémie, où la solidarité est de prime importance, où l’on réalise à quel point la beauté vivifiante qu’apporte la culture, et évidemment la musique, est nécessaire à nos vies, le moment est venu de remédier à cette situation.»

«*Le féminin est utilisé dans le but d’alléger le texte; son utilisation inclut toutes les femmes et personnes non binaires.»

«*Ces statistiques ont été compilées en juin 2020 et février 2021.»