Chroniques

Les albums parfaits (2000-2010)

Four Tet — Rounds (2003)

Domino

Le musicien britannique Kieran Hebden a couvert un vaste territoire stylistique jusqu’à présent dans sa carrière, mais Rounds, son troisième album sous le pseudonyme Four Tet, est encore la meilleure représentation de la quintessence de son œuvre. Avec des méthodes et des outils semblables à ceux des beatmakers hip-hop et house, Hebden puise dans l’indie rock, le folk et l’électroacoustique pour tisser quelque chose d’harmonieux qui arrive à être apaisant et déroutant à la fois. (MR)

Arcade Fire — Funeral (2004)

Merge

Le groupe originaire de Montréal ayant comme noyau le couple de multi-instrumentistes Régine Chassagne et Win Butler a vu ce premier album être acclamé par la critique et classé par Acclaimed Music comme étant le «meilleur album de la décennie 2000-2010». Ça en dit long sur la venue de Funeral, qui a contribué à faire rayonner la scène indie montréalaise partout dans le monde. Avec des incorporations de violon, d’accordéon, de harpe, de cor et de vielle à roue, le son d’Arcade Fire proposait un crossover entre les traditions musicales québécoises et contemporaines ainsi que l’indie rock. Soulignons aussi la beauté du thème central de Funeral, en référence au décès de certains proches de Butler et Chassagne durant l’enregistrement. (EL)

Malajube — Trompe-l’œil (2006)

Dare To Care

Lorsque Malajube sort Trompe-l’œil, en février 2006, cela fait un an que la scène montréalaise suscite l’engouement. Tandis que les médias se passionnent pour des groupes comme Arcade Fire ou The Dears, on en oublie presque que Montréal possède aussi une scène francophone vibrante. Pourtant, le succès de Trompe-l’œil dépasse largement les frontières du Québec. En France, Les Inrockuptibles louange l’album pour sa mélancolie contenue (« une marque très montréalaise », écrit le magazine), tandis que Pitchfork lui colle une note de 8,2. Aujourd’hui, le disque s’écoute comme un microcosme de la scène de l’époque, avec sa pop éclatée sur Ton plat favori, le punk lourd de Fille à plumes, les digressions prog sur Le crabe, sans oublier les contributions de Pierre Lapointe (Montréal -40°C) et de Loco Locass (La Russe). Un des disques québécois les plus importants depuis 20 ans. (BC)

Burial Untrue (2007)

Hyperdub

Dès ses premiers simples, Burial arrivait à synthétiser divers courants de la musique électronique britannique tout en les engageant sur une nouvelle voie. Son style romantique et feutré englobait garage, dubstep, bass et downtempo, et du coup les courants antécédents comme le drum and bass et le dub. Le mystère entourant son identité et la qualité de ses compositions ont fait grimper le hype à son sujet jusqu’à la sortie en 2007 de son magnum opus, Untrue. Une trame sonore parfaite aux émotions contradictoires qui accompagnent le comedown à l’aurore. (MR)

Panda Bear — Person Pitch (2007)

Paw Tracks

La beauté de Person Pitch réside dans sa façon unique de combiner l’expérimentation électronique et des mélodies pop simples et naïves en apparence. À l’époque où il a lancé son troisième album solo, Panda Bear, alias Noah Lennox, était bien sûr connu comme un des membres d’Animal Collective, sauf que le groupe n’avait pas encore atteint la perfection comme il le fera sur Merriweather Post Pavilion. Cela dit, il y a beaucoup d’éléments annonciateurs sur Person Pitch, à commencer par les harmonies à la Beach Boys. Mais surtout, c’est le travail d’échantillonnage qui impressionne ici, avec Lennox qui manipule des sons de vieux instruments pour créer des boucles telles des mantras. Comfy in Nautica sonne comme une chanson de feu de camp, tandis que l’épique Bros évoque tour à tour la pop des années 60, le country-folk et la musique latine! Un album à la fois déroutant et inspirant. (BC)

Radiohead — In Rainbows (2007)

XL Recordings

In Rainbows est le septième album studio de Radiohead. C’est aussi le premier disque « pay-what-you-want », un concept qui fut énergiquement débattu à l’époque. Au-delà de ces considérations mercantiles, la formation retourne au rock, mais le déconstruit de manière étonnante en y incorporant des éléments issus de la musique électronique et expérimentale. Le groupe préconise une approche légèrement plus conformiste, mais après avoir plongé dans un univers immatériel sur Kid A et Amnesiac, c’est un disque qui réconcilie Radiohead avec le rock. (SD)

Animal Collective — Merriweather Post Pavillion (2009)

Domino

Animal Collective a attiré l’attention de la presse spécialisée assez tôt dans sa carrière pour sa combinaison très particulière de grande inventivité et de recherche du groove primal. C’était la musique parfaite pour les gens qui aiment écouter de la world music tout en se laissant hypnotiser par des essuie-glaces d’autobus qui bougent à des tempos différents. C’est un attrait un peu niché, mais indéniable. Après huit fantastiques albums où le collectif faisait diversion de ses idées les plus pop en les cachant derrière un masque de bruit, c’est avec MWPP que la troupe a trouvé le parfait équilibre entre expérimentations psychotropes polyrythmiques et harmonies angéliques dignes de Brian Wilson. (MR)

Grizzly Bear — Veckatimest (2009)

Warp Records

On se trouve devant le meilleur album de Grizzly Bear, malgré l’excellence de Shields (2012) et Painted Ruins (2017). À l’été 2008, la formation ouvre pour Radiohead. Portés par cet événement, le groupe s’arrête dans la ville de Cape Cod, Massachusetts, afin d’enregistrer Veckatimest. Même si la facture indie-folk-rock du quatuor peut paraître tortueuse aux premières écoutes, c’est l’atmosphère éthérée, inspirée par ce lieu de villégiature, qui prévaut. S’il n’y a qu’un seul disque à écouter de Grizzly Bear, c’est celui-là! (SD)

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