Wolfmother
Victorious
- Universal Music Group
- 2016
- 36 minutes
Quand on jase de hard rock commercial FM à la Led Zep/Sabbath/Purple/MC5/White Stripes, avec une petite frette dans la main gauche et un mégot de tabac qui fait rire dans la main droite, on fait souvent référence à la formation australienne gonflée à l’hélium: Wolfmother. Mené par Andrew Stockdale, l’homme a conçu seul, comme un grand garçon, le nouvel album du groupe titré Victorious. Le virtuose a fait appel à deux vétérans batteurs spécialistes du légendaire rythme binaire si cher au rock: John Freese (Nine Inch Nails, Bruce Springsteen) et Joey Warenker (R.E.M, Beck). L’habituel bassiste, Ian Peres, s’est même immobilisé en bordure de la route laissant Stockdale jouer de la basse, se contentant ainsi de plaquer quelques accords de clavier.
Enregistré au Henson Recording Studios sous la férule d’un maître du genre, Brandan O’Brien (Pearl Jam, Soundgarden, Mastodon, etc.), est-ce que ce Victorious est comestible? Dans l’ensemble, si je place mon paquet de Player’s Light sur mon épaule gauche, sous mon t-shirt de Motörhead, le pleurnichage de ce nouveau-né de Wolfmother ne m’a causé aucun acouphène insoutenable. Bien sûr, c’est lisse, pompeux, épique, un peu prétentieux et ce disque n’aide en rien à redorer le blason édulcoré du rock… cet art prolétaire, il y a jadis, et qui est aujourd’hui en sérieuse perte de vitesse. Oui, mes chers amis rockers, dans toutes les sphères de la société, le marketing sort et sortira toujours gagnant! Plate de même.
Cela dit, Victorious fait le travail malgré quelques écueils çà et là. Je pointe ici l’exécrable Pretty Peggy qui rassemble tout ce que j’exècre du rock lorsqu’il s’aventure à incorporer l’esthétisme «indie rock» d’aréna… un refrain fédérateur qu’une insipide formation comme X Amabassadors aurait sûrement été en mesure de concevoir. Du potentiel à rabâchage publicitaire, il va sans dire. Autre moment faiblard? Le rock sudiste Best Of Bad Situation qui sonne comme du Grand Funk Railroad émasculé. Ouf! Difficile!
En contrepartie, Wolfmother atteint fièrement la cible en fin de parcours avec le trio Gypsy Caravan, Happy Face et Eye Of The Beholder. La première est caractérisée par une panoplie de riffs efficients, la deuxième s’inspire directement de Paranoid de Sabbath (on trouve pire comme ascendant) et la dernière fait la démonstration de toute la dextérité d’Andrew Stockdale. De la bonne job qui permet à Wolfmother d’obtenir de justesse une petite étoile dans son cahier Canada.
Je serai bon joueur. En camisole molle, les fenêtres baissées en pleine canicule, ça peut faire le travail, mais puisque mon corps et mes oreilles endommagées ne me permettent plus ce genre d’excès, je ne retournerai pas chez ce Victorious de Wolfmother. À la défense de Stockdale, il a au moins eu la décence de ne pas se prendre pour la nouvelle réincarnation de Queen (référence aux inutiles Muse), ce qui me console un tout petit peu. Syntonisez régulièrement CHOM FM, ça devrait jouer en masse ce printemps!
Sur ce, je retourne écouter la vraie affaire: Black Sabbath.
Ma note: 6/10
Wolfmother
Victorious
Universal
36 minutes
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