My Brightest Diamond
This Is My Hand
- Asthmatic Kitty / Paper Bag Records
- 2014
- 42 minutes
My Brightest Diamond tend la main aux auditeurs avec son album le plus achevé en carrière, avec ce quatrième opus qu’est This Is My Hand. Quarante-deux minutes de pur ravissement, voilà ce que nous offre la formation menée par Shara Worden, artiste états-unienne signant pratiquement toutes les pièces, tant au niveau des compositions qu’au niveau des paroles et des arrangements.
Dès le début, avec Pressure, le Detroit Party Marching Band ouvre avec un entrain nostalgique de l’excitation d’un camp musical d’harmonie du secondaire (mais on s’entend, à un niveau professionnel). Ce premier extrait de l’album, à lui seul, vaut entièrement l’album. Une pièce passionnante, étonnante, exploitant de façon viscérale les chœurs et l’orchestre. «So bright/I cannot hide them/So heavy I cannot mine/All of this pressure’s making diamonds/Disperse the white light»: en tout cas, avec une introduction aussi forte, la «pression» écrase le reste de l’album.
Avec la deuxième pièce, Worden réécrit le texte de la genèse dans l’Ancien Testament à sa façon: «Before the verse/There was the voice». Sauf qu’au lieu de parler de Dieu, My Brightest Diamond célèbre plutôt la musique dans un éclat orchestral pour souligner le premier son: le ouhouhouh ululé des oiseaux.
La pièce titre, This Is My Hand, témoigne d’une sensibilité à fleur de peau. Construction parolière simple: « this is… toutes les parties du corps et toutes les émotions». N’empêche, l’interprétation sensible permet de ressentir douleur, désir, sensualité, déception. Sublime.
Lover Killer, pont entre la partie plus électro de l’album et le funk, présente tous les atouts pour être remixé en hit de plancher de danse.
La magie de l’album tombe peu à peu à partir d’I Am Not The Bad Guy. La fanfare se mêle au bidouillage, le glauque rencontre le lumineux. Le pari, malheureusement, n’est pas relevé tout à fait.
Shape, elle, pointe plutôt vers l’électro, rappelant Björk sur Biophilia. En fait, il est difficile de décrire le style de My Brightest Diamond, sans recourir aux comparaisons avec Sufjan Stevens, Feist ou Björk tant son style est particulier, comme si les trois artistes avaient fusionné dans une entité qui aurait étudié l’opéra à New York et qui aurait choisi plutôt «l’indie-musique de chambre-musique tribale» que Wagner.
L’album se termine peut-être trop lentement, trop doucement, après les envolées dignes de Woodkid amenées dès le début de l’album. N’empêche, ce quatrième album de My Brightest Diamond sied autant à un vol en montgolfière qu’à un café au lait de dimanche matin. De l’art.
Ma note: 8/10
My Brightest Diamond
This Is My Hand
Paper Bag/Asthmatic Kitty
42 minutes
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