Concerts

FIJM 2024 | Brad Barr, Leif Vollebekk et Aja Monet

Une soirée fort réussie pour ce vendredi du Festival international de Jazz de Montréal que j’ai partagé entre deux artistes montréalais bien connus et une poétesse de la Californie.

Mon premier rendez-vous de la soirée était à la Maison symphonique, où imaginez-vous, je n’avais jamais mis les pieds. Je sais que c’est un peu surprenant à la quantité de concerts que je vois dans une année, mais cherchez-moi, ça n’avait jamais adonné. Ma première impression de la salle est : voyons, c’est donc ben beau. Ma deuxième était de m’extasier devant l’immense orgue qui orne le fond de la salle. Bref, je trouvais que ça débutait bien la soirée.

Brad Barr

Brad Barr

J’avais un peu peur que Brad Barr ne serve que la musique instrumentale de son dernier, The Winter Mission, paru en 2022. Pas que c’est mauvais, mais c’est beaucoup plus expérimental et ça aurait juré en première partie de Leif Vollebekk. Mais ce n’est pas du tout ce qui est arrivé. Le Montréalais a décidé de se promener à travers son répertoire et celui de son groupe en duo avec son frère. Il a joué quelques chansons instrumentales de son dernier album qu’il a alternées avec Beggars in the Morning et You Would Have to Lose Your Mind.

Pour construire ses pièces comme, il était en solo, il créait des boucles avec sa guitare et sa gymnastique pour y arriver était impressionnante. Ce gars, il connaît ses pédales de guitare et sait comment utiliser chacune d’elles à son maximum. Brad Barr a démontré aussi son agilité en réagissant à un bogue de micro à sa première chanson qu’il a chanté à travers le micro mis pour sa guitare, recroquevillé sur lui-même. Entre les pièces, il discutait avec la foule, faisant quelques blagues disant : « Les trois choses les plus difficiles à dire en français sont : Je t’aime, je suis désolé et… la prochaine chanson. » C’était bien sympathique de retrouver l’auteur-compositeur-interprète et ça rappelle que ça fait un bail qu’on n’a pas eu du nouveau Barr Brothers à se mettre sous la dent.

Leif Vollebekk

Leif Vollebekk

Leif Vollebekk était visiblement heureux d’être en concert dans sa ville. Le Montréalais a fait une déclaration d’amour à la ville en parlant de son premier concert à feu L’escalier sur Ste-Catherine où il y avait une vingtaine de personnes qui étaient venues juste pour voir de la musique d’un étranger. Cela a laissé une impression durable sur le musicien et l’a convaincu d’adopter la métropole comme milieu de vie.

Ce concert arrive quelques mois avant la sortie de son prochain album, Revelation, qui arrivera en septembre. Il en a profité pour jouer plusieurs nouvelles pièces, dont les deux simples sortis : Southern Star et Moondog. De la première des deux, il faut dire qu’elle rentre un peu plus en concert. C’était un soir de première parce que Vollebekk avait à ses côtés pour la première fois sur scène Cindy Cashdollar, une musicienne reconnue pour ses talents de slide guitare et de steel guitare qui a joué sur le nouvel album.

Fidèle à son habitude, Vollebekk était dynamique, quasi nerveux à son piano et livrait ses pièces avec aplomb. Il a fait quelques petites aventures dans son répertoire en nous envoyant notamment Elegy et Into the Ether de Twin Solitude, Long Blue Light parue en 2020 et Apalachee Plain de New Ways pour son frère qui était au concert et qui affectionne la pièce. En fait, ses parents aussi avaient fait la route pour venir voir Leif Vollebekk enchanter une fois de plus la foule montréalaise. J’ai manqué le nom de ses musiciens, mais le groupe qui l’accompagnait, qui comptait notamment l’excellent Olivier Fairfield à la batterie, était solide et suivait le musicien dans ses trips.

Crédit : Victor Diaz Lamich / FIJM

aja monet

Puis, je me suis dirigé vers le Studio TD où le festival avec programmé Aja Monet gratuit! GRATUIT. La poétesse américaine a livré une bonne heure et quart de parole engagée, féministe, drôle, inventive, nuancée et agile. Accompagnée par un groupe jazz qui offrait une bonne trame pour accompagner les textes de l’Américaine, elle a livré principalement des poèmes de son album when the poems do what they do paru en 2023.

Parfois en train de faire un plaidoyer pour l’amour, parfois en train de critiquer le fait qu’elle a croisé des gens qui fument du crack au centre-ville de Montréal alors qu’il y a tellement de richesse dans la ville, appelant à penser aux enfants palestiniens qui souffrent de la situation géopolitique, elle a toujours offert une parole convaincante et puissante. Bon, la gauche américaine restant américaine, elle nous a aussi parlé de Dieu. Mais que voulez-vous, ils partent tellement de loin, ils vont bientôt arriver à Voltaire. Elle livre le tout avec un petit côté espiègle qui est doublement charmant. Une belle rencontre avec l’Américaine.

Ceci a conclu une soirée de jazz particulièrement réussie.

Gallerie photos de Charles-Antoine Marcotte (Brad Barr et Leif Vollebekk)

Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte

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