Critiques

Leif Vollebekk

New Ways

  • Secret City Records
  • 2019
  • 42 minutes
7

« Mon disque précédent, je l’ai écrit pour moi. Celui-ci est pour quelqu’un d’autre ». C’est par cette formule que l’auteur-compositeur-interprète Leif Vollebekk a décrit la matière de New Ways, qui nous arrive deux ans après l’excellent Twin Solitude. Un nouvel album volontairement moins introspectif, donc, qui privilégie les accents soul plutôt que folk, sans atteindre la beauté de son prédécesseur toutefois.

La marche était certainement très haute après l’estimé Twin Solitude, qui avait permis à Vollebekk de se frayer un chemin jusque sur la courte liste du Prix Polaris en 2017. Sur ce troisième opus, le musicien natif d’Ottawa (désormais établi à Montréal) avait réussi à transcender son côté folk très inspiré de l’œuvre de Neil Young et de Bob Dylan pour offrir une galette immensément personnelle, marquée par un premier côté dominé par le piano et une face B qui plaçait la guitare à l’avant-plan.

New Ways poursuit dans la même veine que la première moitié de Twin Solitude, en particulier sur les cinq premiers titres, où Vollebekk mise avant tout sur le piano pour transmettre ses émotions. Le ton apparaît cependant plus léger, moins nostalgique, avec une plus grande importance placée sur le groove (une constante sur la plupart des chansons). Never Be Back, par exemple, surprend avec sa rythmique syncopée et une diction proche du hip-hop. Puis, Hot Tears adopte un ton résolument R&B pour donner vie à un texte qui expose les questionnements d’une nouvelle relation, où la Neuvième de Beethoven devient une image pour l’émerveillement : 

« Maybe I’m just drawn to the wonder

I can feel it coming do you hear the ninth?

From the river bridge I hear the thunder

Eye of the storm your skin on time ».

– Hot Tears

Comme sur Twin Solitude, la guitare prend le relais en deuxième moitié d’album. Ça commence avec la très réussie Blood Brothers, qui flirte avec des accents Southern Rock (plus loin, sur la ballade Apalachee Plain, Vollebekk fait un clin d’œil à Jimmie Rodgers et sa technique du yodel). Change et I’m Not Your Lover mettent elles aussi l’accent sur la guitare, la première avec un côté soul et la seconde, plus intéressante, portée entre autres par un solo digne de Mark Knopfler (Dire Straits).

Vollebekk revient au piano le temps d’une chanson, la très courte Wait a While,  évitant ainsi de reproduire exactement le même procédé que sur Twin Solitude. N’empêche qu’il y a un peu de redondance dans cette manière d’organiser la séquence des titres en fonction de leur instrumentation, à moins que le but soit effectivement d’assurer une certaine continuité d’un disque à l’autre.

Si Twin Solitude montrait déjà un Leif Vollebekk cherchant à s’affranchir de son image de troubadour folk (« je ne me suis jamais vu comme un folk singer, mais c’est comme ça qu’on m’appelait », m’avait-il confié en entrevue il y a deux ans), le virage est complet sur New Ways. Il s’agit d’un album plus sentimental, évoquant autant Prince que Bill Withers, où l’approche vocale du chanteur s’approche par moments de celle de type crooner, ce qui convient parfaitement aux textes qui parlent tantôt de désir ou d’amour, tantôt d’absence ou de souvenir.

Si on s’ennuie un peu du Vollebekk introspectif qui nous avait pris aux tripes sur Twin Solitude, sa voix reste aussi riche. La production de David Smith (sauf pour trois titres) sied bien au caractère intimiste, voire « fleur bleue », de ce nouvel album, et on sent une belle proximité avec le groupe. Cela dit, il manque un petit quelque chose à ce New Ways pour s’inscrire au rang des albums marquants.

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