Concerts

Le Festif! de Baie-St-Paul 2022 | jour 1 et 2 : Bran Van 3000, Myriam Gendron, Ouri, Alexandra Lost, Naya Ali, Anachnid, Golden Dawn Arkestra et Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

5 ans c’est long. Et ça faisait cinq ans que je n’avais pas mis les pieds à Baie-St-Paul pour le Festif! J’étais très excité de voir comment les choses avaient évoluées depuis mon dernier passage. Et je n’ai pas été déçu… sauf par le show de Bran Van 3000.

L’atmosphère dans laquelle j’atterris le jeudi 21 juillet est exactement celle dont je me souviens. Ça fourmille en ville malgré les menaces d’orages qui planent sur la municipalité de Charlevoix. En fait, la journée peine à se lancer en raison de la pluie qui se met de la partie. Ça me donne le temps de ramasser mon accréditation et de manger un repas tranquillement pour être fin prêt. J’avais très hâte de voir Bran Van 3000. Le mythique groupe montréalais avait vu son élan être ralenti au cours des deux dernières années pour vous savez quoi.

Crédit : Jay Kearney

Bran Van 3000

J’avais hâte, mais mon excitation s’est rapidement transformée en incrédulité. Voyons. Avez-vous répété? J’ai vu une version édulcorée, où Sara Johnston faussait en plus d’avoir le charisme d’un croque-mort, où James Di Salvio avait beaucoup d’énergie, mais manquait d’articulation et où la prestation en général n’était pas digne d’un groupe avec 25 ans d’expérience. Il faut dire qu’au cours du spectacle, je me suis rendu compte que la musique que faisait le groupe n’a pas si bien vieilli. On le sait tout de suite qu’il s’agit de pièces qui datent des années 2000 et on dirait que c’est aussi dans ce temps que Bran Van 3000 a fait sa dernière répétition.

Les seuls bons côtés de cette performance sont le professionnalisme de la jeune chanteuse qui remplaçait Stéphane Moraille et Érika Zarya, une rappeuse et animatrice de CHYZ qui est venu livrer quelques lignes et qui avait plus de fougues que tout le reste de la bande réunie. Ah oui, elle a appris quelques heures avant le spectacle qu’elle en serait et n’avait jamais répété avec le groupe. Ça vous donne une idée à quel point le reste était mou. Le meilleur moment du spectacle était la version assez fidèle d’Astounded. Pour le reste, on repassera.

Après la pluie, le beau temps… et Myriam Gendron

La soirée de jeudi s’est terminée assez abruptement. Je n’ai pas pu voir Mattiel (qui est revenue plus tard) parce que des orages sont venus gâter le party. Dommage pour moi, peut-être, mais surtout pour l’organisation du Festif! qui a dû redoubler de résilience. Et résilience, il y a eu. Malheureusement, le concert de CRi et The Halluci Nation a aussi pris le bord. Tristesse dans mon âme. Une tristesse qui a été chassée avec le soleil de vendredi au bout du Quai.

Crédit : Ludovic Gauthier

Je me suis rendu à la scène du Quai qui a pris un sérieux coup depuis ma dernière visite. Allô le système de son! Tout cela pour que Myriam Gendron nous livre les pièces douces et uniques de ses deux albums. Au cœur de ma délire, qui a donné le titre à son album célébré en 2021 était particulièrement magnifique. Tout comme Shenandoah avec laquelle elle a terminé le concert. C’était doux et parfaitement en accord avec le décor : le Saint-Laurent qui s’énervait un peu, les magnifiques falaises et la brise qui nous rafraîchissait de sa caresse sous le soleil cuisant de midi.

Crédit : Jay Kearney

Garden-Party avec Ouri

Ouri était mon prochain arrêt alors qu’elle donnait un concert dans la cour à Johanne. Et là, je sais, vous allez me dire, voyons LP, ce n’est pas vraiment la cour à Johanne… et je vous dirai, ben oui, c’est dans la cour de Johanne. Elle y a livré principalement des pièces de Frame of A Fauna paru en 2021. Elle construit ses pièces en utilisant des échantillons, des passages préenregistrés et puis ajoute par la suite des boucles qu’elle enregistre avec son violoncelle pour enfin ajouter sa voix. C’était d’une douceur bien agréable. Est-ce que j’aurais pris une version en band complet? Bien sûr… je me reprendrai. Mais c’était une très belle manière de profiter de la magnifique après-midi à Baie-St-Paul.

Crédit : Ludovic Gauthier

Alexandra Lost

Le duo de Jane Ehrhardt et Simon Paradis était accompagné pour l’occasion du métronome humain Jean-Étienne Collin-Marcoux à la batterie, le flamboyant Luke Dawson à la basse et Isabeau Valois aux claviers et la voix. Le groupe a présenté principalement des pièces de leurs albums Boats et c’était un peu plus dynamique que dans mon souvenir. Il y a de nombreux moments où j’avais envie de faire des pas de danse sur les trames d’Alexandra Lost en plus d’être surpris du côté psychédélique exacerbé. Un très bon concert qui m’a donné le goût d’aller réécouter l’album.

Crédit : Jay Kearney

Naya Ali

Ça faisait un bail que je n’avais pas vu Naya Ali en concert non plus. Et je dois dire qu’elle a pris une bonne coche depuis la dernière fois que je l’ai vu sur scène. Malgré une technique scénique qui semblait défaillir tout le long du concert (des retours de sons qui semblaient difficiles) elle a rappé avec aplomb et passion. Les grosses pièces y sont passées des Ra Ra issues du début à des chansons plus récentes sur Godspeed : Elevated. Franchement, Naya Ali était impressionnante avec son aplomb et son agilité avec les mots.

Crédit : Caroline Perron

Anachnid

Parlant de gens qui ont pris de l’assurance sur scène, c’est aussi le cas d’Anachnid qui a livré une très bonne performance. Malheureusement aux prises avec un bogue technique dès le début, elle en a plutôt profité pour chanter sans micro pendant que le courant faisait défaut. De plus, elle a bien construit son set list qui commence en douceur et qui se termine avec trois pièces dansantes coup sur coup. C’était d’une efficacité redoutable. Puis, elle est revenue pour deux rappels parce que la foule en redemandait.

Crédit : Samuel Gaudreault

Golden Dawn Arkestra

La surprenante formation d’Austin au Texas, le Golden Dawn Arkestra, offrait un concert à la scène de la microbrasserie. Ça tombait bien parce que j’étais en train de manger au même moment au restaurant. J’ai très peu vu la formation parce que des arbres bloquaient ma vue, mais je peux dire que musicalement, on est dans des eaux voisines à Khruangbin. C’est un rock psychédélique audacieux qui ne connaît pas trop de limites que nous livre le groupe. Il faut ajouter à cela que les costumes et la mise en scène y rajoutent une bonne dose d’intérêt. J’en ai peu profité (visuellement), mais à votre place, la prochaine fois, je m’arrangerais pour avoir une bonne vue sur la formation.

Crédit : Samuel Gaudeault

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

L’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp en impose simplement par son nombre, mais une fois cette impression passée, c’est la construction de ses pièces qui fait le travail. Avec douze musiciens sur scène, dont des cordes, des cuivres, des percussions, etc., chacun fait une petite partie du travail pour construire une trame complète intéressante qui penche souvent vers le krautrock. L’union fait la force comme on dit ! Le groupe nous a lentement entraînés dans son sillage si bien qu’à la fin du concert, ça dansait allègrement à la scène renouvelée du Garage du curé. Sous la pression populaire, le groupe a dû livrer deux pièces en rappel, dont Bêtes féroces qui contient des mots de Gaston Miron. La formation a donné un excellent concert.

Voilà qui cl^t mes deux premières journées! On se rejase demain de la suite!

Crédit photo: Couverture : Caroline Perron

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