Critiques

Youth Lagoon

Savage Hills Ballroom

  • Fat Possum Records
  • 2015
  • 37 minutes
7,5

Youth LagoonJ’attendais avec une certaine fébrilité l’arrivée de la prochaine offrande de Trevor Powers, alias Youth Lagoon. J’avais particulièrement tripé sur le superbe (et magnifiquement brouillon) Wondrous Bughouse paru en 2013 qui voyait le sensible surdoué ratisser des sentiers narcotiques à la MGMT, The Flaming Lips et autres consorts de la pop de poteux. Je considère le jeune homme comme un grand créateur chansonnier en devenir. Youth Lagoon revient cette semaine avec un Savage Hills Ballroom enregistré à Bristol en Angleterre dans un véritable studio d’enregistrement. Et ça s’entend croyez-moi!

Sur ce nouveau disque, Powers entreprend un virage nettement plus pop, incorporant boîte à rythmes et éléments synthétiques de toutes sortes, tout en gardant une instrumentation dite traditionnelle, rehaussée de cuivres et d’orchestrations de corde. Ce qui saute aux oreilles en premier lieu est la clarté et l’explosivité de la sitedemo.cauction. Une réalisation un peu trop lustrée à mon goût et qui amenuise amplement le petit côté désorganisé qu’on aime tant chez Youth Lagoon. Du même souffle, j’accepte pleinement l’évolution. Powers ne pouvait quand même pas passer sa carrière à enregistrer des albums dans le placard de sa chambre à coucher…

Autre changement notable? La prise de son et le mixage de la voix de Powers… positionnée à l’arrière-plan dans le mix, celle-ci pouvait taper sur les nerfs de certains mélomanes. Cette fois-ci, l’effet nasillard/chambranlant/haut perché de l’organe vocal de Youth Lagoon est beaucoup trop poussé aux premières loges. Aux écoutes préliminaires, on perd quelque peu notre concentration, mais au fur et à mesure que les auditions s’enfilent, on s’habitue… un peu comme l’austérité du PLQ!

Cela dit, la mélancolie exprimée par l’artiste demeure totalement intacte et c’est ce qui constitue l’attribut principal de ce disque. Powers est un créateur troublé et vulnérable. Cette affectivité est le moteur principal de sa créativité (un peu comme Mark Hadreas/Perfume Genius) et même si la réalisation plaît moins à l’auteur de ces lignes, le songwriter réussit encore une fois à nous procurer quelques salves frissonnantes. On pense au simple Highway Patrol Stun Gun ou à la prenante Rotten Human sur laquelle Powers répète inlassablement un «No, I Won’t» bien senti.

Pas de grandes chansons à la Pelican Man (lingot d’or apparu sur Wondrous Bughouse), mais plusieurs pièces de qualité qui donnent somme toute envie de revenir sur ce Savage Hills Ballroom. Je fais référence à la tonitruante Officer Telephone (superbement dissonante par moments), l’instrumentale et atmosphérique Doll’s Estate, la valse pianistique et orchestrale Kerry de même que la glauque Again. Comme vous pourrez le constater lors de l’écoute de ce disque, Powers n’a pas trop perdu son inclinaison dite «champ gauche».

N’ayez aucun doute, Trevor Powers est là pour durer et ce virage «saisissable» constitue un témoignage sonore de premier ordre de la transformation du bonhomme. Cependant, je préfère Youth Lagoon en format rock psychédélique, mais ce n’est qu’une question de sensibilité musicale et de goût. Ceux qui affectionnaient le maître d’œuvre y trouveront encore leur compte. L’artiste pourrait même ajouter de nouveaux adeptes à son art.

Ma note: 7,5/10

Youth Lagoon
Savage Hills Ballroom
Fat Possum Records
37 minutes

http://fatpossum.com/artists/youth-lagoon/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=jKQrO5xO8QQ[/youtube]

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