Critiques

Peter Henry Phillips

The Origin

  • Coyote Records
  • 2015
  • 47 minutes
7

Pierre-Philippe Côté, mieux connu sous le nom de Pilou, alias Peter Henry Phillips, est un jeune musicien fort respecté sur la scène musicale québécoise; un accompagnateur hors pair doublé d’un guitariste de talent. Phillips travaillait sur son projet solo depuis près de cinq ans et au début du mois de septembre dernier, le sympathique créateur chansonnier faisait paraître le résultat de ce labeur: The Origin. Composé, réalisé, arrangé par Phillips lui-même, le jeune homme s’est entouré de grosses pointures qui ont accepté de participer à l’aventure: Olivier Langevin, Justin Allard, Mathieu Désy, pour ne nommer que ceux-là.

À quelle enseigne loge ce The Origin de Peter Henry Phillips? L’homme se cantonne dans un folk rock labyrinthique, mélodiquement impeccable, qui demeure toujours accessible, et ce, sans verser dans ce foutu indie folk-pop rassembleur bourré de refrains faciles, gonflés à l’hélium… et qui commence à avoir sérieusement fait son temps! J’offre une génuflexion bien sentie à Phillips pour cette saine distanciation de cette «idéologie musicale» maintenant marketée à l’os.

Sur The Origin, les atmosphères sont raffinées et réconfortantes sans être larmoyantes. Les mélodies sont magnifiquement construites et se bonifient grâce à la voix limpide et minutieusement réverbérée de Phillips. Même si le penchant duveteux est dominant, le compositeur ponctue ses chansons de moments juste assez abrasifs et orchestraux qui fertilisent ces petits crescendos contrôlés. Je pense ici à l’excellente Hold That. Vous savez quoi? Phillips sonne comme personne et fait preuve d’une authenticité indéniable. Ce n’est pas un mince exploit, si on compare avec la ribambelle d’artistes qui pataugent tant bien que mal dans ce style musical.

Sans être un fanatique fini de ce folk un peu trop feutré à mon goût, je dois reconnaître que Phillips possède un talent certain, autant comme instrumentiste que comme songwriter. The Origin est un disque langoureux, presque mystérieux, qui prend son temps, qui se révèle au fil des écoutes et qui capte l’attention, pour qui veut s’en donner la peine. Et ça sonne comme une tonne de brique.

Parmi les pièces prisées par votre vieux schnock de service? L’habile mixture entre folk rock orchestral et ambiance «à la Timber Timber», entendue dans Be The Light, m’a particulièrement charmé. Le folk-pop qui caractérise Walking Fast a fait son chemin aisément dans mon cortex cérébral, l’excellente Burn & Crash également et ça inclut dans le lot la quasi explosive Almost Died. Sur celle-ci, Phillips emprunte des inflexions vocales qui rappellent un tantinet celles d’Antony Hegarty de la formation Antony & The Johnsons.

Rien à redire sur ce The Origin. Du travail de pro! Cela dit, je pourrais m’enticher encore plus du travail de Phillips si celui-ci venait brouiller les pistes un peu plus en durcissant ses chansons et en les agrémentant de légères dissonances. Phillips est un talent supérieur et un infatigable travailleur, semble-t-il. Comme le bon vin, sa musique devrait s’améliorer avec l’âge.

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