Chroniques

Idles

Brutalism

La philosophie punk, qui se caractérise principalement par l’anticapitalisme, le non-conformisme, la singularité, la liberté totale des individus, et le concept d’égalité, peu importe le sexe ou la couleur de la peau, m’a rarement paru aussi pertinente et essentielle qu’en 2017.

On va se le dire, avec ce qui semble être une compétition de celui « qui pisse le plus loin » entre l’imbécile de Donald Trump et l’idiot de Kim Jong-un, les banques qui font des profits démesurés, les riches qui sont trop riches, les pauvres qui sont trop pauvres, le racisme qui ne cesse de perdurer, l’incompréhensible homophobie encore présente, les inquiétants changements climatiques, les nombreux gouvernements corrompus, les attentats terroristes qui se répètent à un rythme affolant, les inégalités hommes femmes, ainsi qu’un paquet d’autres affaires crissement plates qui font ni queue ni tête, et bien je le dis haut et fort : la musique punk, avec ses textes qui sont souvent revendicateurs, son humour corrosif, ainsi que sa musique qui nous botte le cul, doit être plus que jamais diffusé et écouté.

Puis, lorsque l’on parle de ce genre musical, c’est actuellement en Grande-Bretagne que l’on retrouve la meilleure scène punk. Du moins, à mon humble avis. Avec des groupes tels que USA Nails, Future Of The Left, Blacklisters, The St Pierre Snake Invasion, Sleaford Mods, et les nouveaux venus Idles, disons qu’il est assez difficile de trouver mieux pour l’instant.

Idles, c’est une formation de Bristol qui est composée de cinq jeunes hommes qui ne passent pas par quatre chemins pour se faire entendre. Avec une batterie souvent hyperactive, une basse explosive, et bien présente, des guitares électriques qui grincent en masse, ainsi qu’un chanteur à la voix hargneuse et aux paroles acerbes, l’ensemble teinté d’humour noir et d’une bonne dose de sarcasme, il n’y a aucun doute à y avoir, le quintette prend un malin plaisir à nous dégraisser les conduits auditifs en cette ère javellisante où tout doit être blanc, propre, lisse, et où l’image prend presque toujours le dessus sur le contenu.

Bien que la formation ait vu le jour en 2010, ce n’est qu’en mars 2017 qu’elle a fait paraître son premier disque judicieusement intitulé Brutalism. À noter que deux maxis avaient vu le jour auparavant. Il s’agit de Welcome, qui est paru en 2012 et qui contient quatre chansons, ainsi que Meat, qui est composé lui aussi de quatre pièces, et qui est apparu sur les tablettes en 2015.

Brutalism est une galette d’une durée de quarante-deux minutes qui contient son lot de chansons qui frappent en pleine gueule. Je pense ici à Heel qui ouvre le bal avec une batterie nerveuse et des guitares qui se lamentent du début à la fin. Il y a aussi Well Done qui est un brin plus accessible et qui rappelle quelque peu la défunte formation Mclusky. Date Night possède un refrain qui donne envie de gueuler avec le chanteur et de finir ça avec une extinction de voix. La très puissante Divide & Conquer vaut à elle seule l’achat du disque et me rappelle qu’il est grand temps que je me reparte un band au plus vite. Idéalement le genre de band qui joue trop fort pis qui boit beaucoup de bière. Avec son texte irrévérencieux et sa musique aussi douce qu’un coup de barre à clous dans le dos, Stendhal Syndrome me fait un effet monstre et devrait plaire à bien des brutes. Et pour conclure la galette, il y a la modérée Slow Savage dans laquelle le chanteur y va de ces paroles qui semblent confirmer que ses relations amoureuses sont loin d’être parfaites :

For two years in a row I forgot your birthday
For two years in a row I thought it was Thursday
Maybe it was God
Maybe it was coke
Maybe I’m a drunk
I don’t know
But at least now I remember your birthday
Cause I’m the worst lover you’ll ever have
Hands down, goddamn worst lover you’ll ever have
Slow Savage

Nul besoin d’être particulièrement perspicace pour avancer que la musique d’Idles ne touchera probablement jamais le grand public. Je n’ai pas plus besoin d’être un prophète pour avancer que Brutalism restera plutôt marginal et qu’il aura un rayonnement plutôt limité. Mais une chose est sûre, c’est que ce disque laissera fort probablement une trace indélébile dans l’ère moderne du punk.

Idles
Brutalism
Balley Records
42 minutes
Paru en 2017

Liste des chansons :

01 – Heel / Heal
02 – Well Done
03 – Mother
04 – Date Night
05 – Faith In The City
06 – 1049 Gotho
07 – Divide And Conquer
08 – Rachel Khoo
09 – Stendhal Syndrome
10 – Exeter
11 – Benzocaine
12 – White Privilege
13 – Slow Savage

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