Critiques

Young Magic

Still Life

  • Carpark Records
  • 2016
  • 33 minutes
8
Le meilleur de lca

Young MagicStill Life. La vie immobile. La vie, malgré tout. Avec ce titre polysémique, Young Magic vise juste. Le troisième album du duo établi à New York cristallise une quête identitaire, un besoin de pause et de réflexion après un deuil, un besoin de relancer la vie.

Pour la chanteuse et multiinstrumentiste Metali Malay, Still Life est né en réaction à la mort de son père. Originaire d’Indonésie (elle y a vécu jusqu’à ses 11 ans), elle est retournée marcher sur les traces de ses origines avec Still Life. Elle a séjourné sur l’Île de Java durant un mois, où elle a exploré, enregistré des sons, composé. De retour à New York, elle avait un premier jet d’album à travailler avec son comparse musicien Isaac Emmanuel, lui originaire d’Australie. Ensemble, ils ont pondu un album planant, mystérieux, puissant.

Si sur le premier album du groupe, Melt, paru en 2012, la voix d’Isaac Emmanuel prenait le devant, sur Still Life, celle douce et vaporeuse de Metali Malay occupe toutes les chansons. Les claviers et le bidouillage gardent la belle part, la rythmique gagne en intensité. Exit l’apathie et l’ennui qui se dégageait de Breathing Statues, paru en 2014.

L’album s’ouvre sur la cinématographique Valhalla. Suit Lucien, qui dévoile d’impressionnants échantillonnages de gamelan (ensemble de percussions balinaises). On pouvait déjà entendre du gamelan sur les albums précédents, mais jamais avec autant d’ampleur. Se dégage de l’ensemble une aura de mystère, une envie de matins brumeux. Lucien est une des pièces phares de l’album: «Lucien oh Lucien/So full of light/Why on this day/You pull the knife». On y entend des échos de Radiohead ou de Braids, avec une touche indonésienne.

Sleep Now rappelle Sparkly, du premier album, avec un beat très accrocheur et léger. L’instrumentation sur IWY transmet une impression de magie. Le violoncelle de Kelsey Lu qu’on entend sur plusieurs pièces ajoute une profondeur dramatique au tout.

How Wonderful se démarque sur l’album par sa puissance, son excellent build-up. Il se dégage une urgence de la chanson, un drame et une ironie. La voix de Malay rappelle parfois celle de Nicole Miglis (Hundred Waters).

Si on a un seul reproche à faire à l’album, c’est qu’il est un peu trop court. Les chansons auraient pu se développer davantage (la majorité des chansons n’excédent pas trois minutes), tout comme l’opus en entier. N’empêche que l’œuvre est puissante et bien maitrisée.

Ma note: 8/10

Young Magic
Still Life
Carpark
33 minutes

http://youngmagicsounds.com/

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