Critiques

Yocto

Zepta Supernova

  • Duprince
  • 2023
  • 27 minutes
7

Le diminutif yocto, pour yoctogramme, est employé pour exprimer des quantités infinitésimales. Mais c’est aussi un groupe québécois que l’on pourrait qualifier de « toute étoile ». Assemblé autour de la vocaliste Yuki Berthiaume-Tremblay (Jesuslesfilles, IDALG), Yocto est complété par Jean-Michel Coutu (guitare), Felix-Antoine Coutu (batterie), Carl Matthieu Neher (orgue, claviers) ainsi que par le réalisateur Emmanuel Éthier (basse).

Ces compétents instrumentistes possèdent tout le talent nécessaire pour réaliser leurs créations par leurs propres moyens. Emmanuel Éthier et Jean-Michel Coutu ont donc supervisé l’enregistrement de ce Zepta Supernova. C’est dans un enrobage assez synthétique que la formation nous présente dix chansons évoquant un « opéra spatial » résolument rétro, du moins dans la facture sonore proposée.

Yocto est un personnage qui tente de terrasser une fois pour toutes un dangereux mégalomane. En faisant exploser l’étoile de ce rival — que l’on soupçonne être un narcissique de première classe —, Yocto transformera cet être en une supernova dont les poussières s’égareront dans l’espace. Va pour la trame narrative « sci-fi » de ce premier opus en carrière pour la formation. Or, c’est musicalement que le quintette se démarque sensiblement de ses pairs.

En fusionnant sa passion pour le post-punk à la « Talking Heads / Devo » à des sons inspirés par des séries télévisées de science-fiction des années 70, Yocto propose une création assez singulière, mais pas tout à fait aboutie. Si le groupe nous balance d’excellents morceaux comme la mélancolique Entre les mors et la captivante Lance-Flamme Lance-Glace, les deux pièces situées à la mi-parcours de l’opus — L’étau de Zàlmoxis et Hagio Agio, pour ne pas les nommer —, nous ont semblé mal ficelées.

En fait, Zepta Supernova est un exercice de style réussi qui aurait pu obtenir un impact plus accentué si le « songwriting » avait été élaboré avec plus de soin. Cela dit, on respecte parfaitement le choix artistique pour lequel la formation a opté.

Parmi les autres réussites, on note l’excellente introduction intitulée Volteface qui évoque le décollage d’une navette spatiale. On a pensé au groupe Soupir, dont le chanteur était nul autre que l’animateur Normand Brathwaite, à l’écoute d’Orbital Alcatraz. Le chœur réunissant cinq voix dans Procession, Rituel accentue l’ampleur sonore de la chanson et on salue la contribution sentie du saxophone baryton de Mario Allard dans la conclusive Station 01011.

Enfin, l’auteur de ces lignes a apprécié le mix non conventionnel appliqué à cet album. On distingue plus ou moins bien le phrasé et la voix de Yuki Berthiaume-Tremblay qui sont noyés dans un écho intersidéral… et c’est très bien ainsi !

Malgré les quelques petits impairs mentionnés précédemment dans le texte, ce Zepta Supernova est une œuvre amusante et ludique. Un charmant ovni dans l’univers musical québécois.

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